Jusqu’où ira l’Etat dans sa volonté de « régler son compte » à Bara Tall, le patron de Jean Lefebvre Sénégal (Jls) ? Selon des sources judiciaires sûres, l’Etat du Sénégal, par une requête déposée par Me Ousmane Sèye, a assigné Jls devant le juge des référés. D’ailleurs, c’est aujourd’hui lundi que le magistrat va se pencher sur la demande des autorités étatiques. Dans sa requête, l’Etat demande au juge de désigner un expert pour « évaluer ce que Bara Tall doit à l’Etat du Sénégal ». Pour dire que le ministre des Transports, Habib Sy, ne parlait pas en l’air quand il annonçait récemment que l’Etat du Sénégal envisageait de porter plainte contre l’entrepreneur. Cette requête, introduite au nom de l’Etat, fait suite à celle qui avait été déposée par l’Agence autonome des travaux routiers (Aatr). Déboutée par le tribunal, l’entreprise dirigée par Ibrahima Ndiaye avait interjeté appel. Cet appel est toujours pendant devant les juridictions. Joint hier au téléphone, des sources proches de Jls confirment cette assignation, mais elles ajoutent qu’ils ne sont nullement ébranlés. Cette assignation intervient alors que vendredi dernier, le ministre d’Etat, ministre des Finances Abdoulaye Diop avait indiqué, que s’il n’a pas payé à Bara Tall son argent, c’est que le trésor n’avait reçu aucun mandat du ministère des Transports. Pour rappel, le point de départ du bras de fer que l’Etat oppose à Jls a débuté avec l’affaire des chantiers de Thiès. Quelques heures avant son inculpation, Bara Tall, qui faisait face à ses employés, avait clairement indiqué que c’est parce qu’il refusait de mouiller Idrissa Seck qu’il a des déboires, lui qui, jadis, entretenait des relations exceptionnelles avec le Président Wade. Ce dernier avait, d’ailleurs, affirmé un jour l’entreprise Jls construit les plus belles routes d’Afrique. Un sentiment que ne partage pas aujourd’hui Habib Sy qui avait indiqué, lors d’une tournée dans l’intérieur du pays, que la route Kaolack-Fatick construite par Jls était mal faite et que si cette dernière ne rectifiait pas le tir, l’Etat allait porter plainte. Ce qui est maintenant fait. Après cette sortie de Habib Sy, que Bara Tall avait qualifié de « distraction », les cadres de Jls avaient rué dans les brancards pour déclarer : « avant de faire les travaux, nous avions dit et écrit noir sur blanc que le dimensionnement de la chaussée exigé ne supportait pas cette route. Et nous leur en avions donné toutes les preuves, avant de leur proposer la bonne solution. Ce qu’ils n’ont pas accepté de faire sous prétexte que le prix était trop cher. Aussi, nous n’avons pas cherché à être plus royalistes que le roi. Nous leur avons exécuté les travaux tels que demandés et ils ont attesté qu’ils ont été effectués suivant les règles de l’art. C’est bien après la fin des travaux que nous avons nous-mêmes constaté que nos craintes étaient vérifiées. Nous leur avons proposé de faire effectuer la solution lourde préconisée s’ils en supportaient les charges. Ils nous ont dit que c’était à nous de pendre tous les travaux à charge, ce que nous avons refusé à juste titre ».
Cheikh Mbacké GUISSE
Cheikh Mbacké GUISSE