Bagdad
«A écouter leurs discours, on accorderait à tous nos dirigeants le paradis sans confession», sourit amèrement Jafar. Issu d'une famille chiite aisée de la capitale, cet étudiant en gestion ne représente qu'une minorité de la jeune génération irakienne. «Il n'empêche que toute la population partage aujourd'hui le même sentiment», rétorque-t-il. «Celui d'être pris en otage par des hommes politiques qui instrumentalisent les divisions sectaires à des fins personnelles.»
Neuf ans après l'invasion américaine, l'Irak est toujours en proie à ses vieux démons. Dimanche 9 septembre, une série d'attentats à travers tout le pays s'est soldée par la mort de 115 personnes et près de 500 blessés. Une journée sanglante comme le pays en connaît régulièrement depuis le retrait des troupes US, en décembre 2011.
À la différence près qu'au même moment, les neuf juges en charge du procès par contumace du vice-président sunnite Tarek al-Hachémi le reconnaissaient coupable de diriger des escadrons de la mort en Irak et annonçaient sa condamnation à la mort par pendaison. Un verdict prononcé moins de quatre mois après l'ouverture à Bagdad du procès du plus haut dignitaire irakien jugé après l'ancien président Saddam Hussein.
«Cette décision n'a aucune légitimité, je ne la reconnais pas. Mais elle fait également de moi le symbole des opprimés en Irak, que je considère comme un honneur», déclarait le lendemain Tarek al-Hachémi lors d'une conférence de presse tenue depuis la Turquie où il a trouvé refuge en avril.
Al-Qaida revendique les attaques
Ankara, aux relations exécrables avec le gouvernement à majorité chiite de Nouri al-Maliki, refuse d'extrader celui désormais considéré par Bagdad comme l'ennemi public numéro un, en dépit même d'une notice rouge d'Interpol. Une position à nouveau exprimée hier par le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, selon lequel le vice-président sunnite irakien «n'aurait jamais pu orchestrer de tels crimes».
Les autorités irakiennes assurent pourtant que les attaques commanditées par le cercle proche de Tarek al-Hachémi n'ont perdu aucune intensité. Lundi, alors que la nébuleuse islamiste al-Qaida revendiquait l'ensemble des attentats survenus la veille, le gouverneur de Zi Qar, Taleb al-Hassan, assurait pour sa part que l'explosion à la voiture piégée visant le consulat honoraire de France à Nasiriya avait été menée par un groupe de 18 personnes arrêtées le jour même et suspectées d'être affiliées au vice-président sunnite irakien.
«L'enquête criminelle qui a mené les juges à prononcer la peine capitale prouve que Tarek al-Hachémi et sa clique ont des relations fermes avec al-Qaida en Irak», selon Saad al-Muttalibi, membre de la coalition chiite de l'État de droit. «Il est en revanche faux de dire que ce verdict risque d'anéantir le processus de réconciliation nationale. Nous refusons d'exploiter des problèmes sécuritaires à des fins politiques», poursuit-il.
Si l'origine des violences qui continuent de secouer le pays fait l'objet de débats entre les fractions sunnites et chiites, pour certains observateurs quelques éléments sont suffisamment parlants. «L'Irak est probablement l'un des pays au monde où les contrôles sont les plus fréquents. Il est donc difficile d'imaginer comment le déplacement de telles charges explosives et la coordination de tels attentats puissent se faire sans un certain soutien logistique, qui ne peut être apporté que par des personnes bien placées ou corrompues», commente un diplomate à Bagdad.
Par Fatma Kizilboga
«A écouter leurs discours, on accorderait à tous nos dirigeants le paradis sans confession», sourit amèrement Jafar. Issu d'une famille chiite aisée de la capitale, cet étudiant en gestion ne représente qu'une minorité de la jeune génération irakienne. «Il n'empêche que toute la population partage aujourd'hui le même sentiment», rétorque-t-il. «Celui d'être pris en otage par des hommes politiques qui instrumentalisent les divisions sectaires à des fins personnelles.»
Neuf ans après l'invasion américaine, l'Irak est toujours en proie à ses vieux démons. Dimanche 9 septembre, une série d'attentats à travers tout le pays s'est soldée par la mort de 115 personnes et près de 500 blessés. Une journée sanglante comme le pays en connaît régulièrement depuis le retrait des troupes US, en décembre 2011.
À la différence près qu'au même moment, les neuf juges en charge du procès par contumace du vice-président sunnite Tarek al-Hachémi le reconnaissaient coupable de diriger des escadrons de la mort en Irak et annonçaient sa condamnation à la mort par pendaison. Un verdict prononcé moins de quatre mois après l'ouverture à Bagdad du procès du plus haut dignitaire irakien jugé après l'ancien président Saddam Hussein.
«Cette décision n'a aucune légitimité, je ne la reconnais pas. Mais elle fait également de moi le symbole des opprimés en Irak, que je considère comme un honneur», déclarait le lendemain Tarek al-Hachémi lors d'une conférence de presse tenue depuis la Turquie où il a trouvé refuge en avril.
Al-Qaida revendique les attaques
Ankara, aux relations exécrables avec le gouvernement à majorité chiite de Nouri al-Maliki, refuse d'extrader celui désormais considéré par Bagdad comme l'ennemi public numéro un, en dépit même d'une notice rouge d'Interpol. Une position à nouveau exprimée hier par le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, selon lequel le vice-président sunnite irakien «n'aurait jamais pu orchestrer de tels crimes».
Les autorités irakiennes assurent pourtant que les attaques commanditées par le cercle proche de Tarek al-Hachémi n'ont perdu aucune intensité. Lundi, alors que la nébuleuse islamiste al-Qaida revendiquait l'ensemble des attentats survenus la veille, le gouverneur de Zi Qar, Taleb al-Hassan, assurait pour sa part que l'explosion à la voiture piégée visant le consulat honoraire de France à Nasiriya avait été menée par un groupe de 18 personnes arrêtées le jour même et suspectées d'être affiliées au vice-président sunnite irakien.
«L'enquête criminelle qui a mené les juges à prononcer la peine capitale prouve que Tarek al-Hachémi et sa clique ont des relations fermes avec al-Qaida en Irak», selon Saad al-Muttalibi, membre de la coalition chiite de l'État de droit. «Il est en revanche faux de dire que ce verdict risque d'anéantir le processus de réconciliation nationale. Nous refusons d'exploiter des problèmes sécuritaires à des fins politiques», poursuit-il.
Si l'origine des violences qui continuent de secouer le pays fait l'objet de débats entre les fractions sunnites et chiites, pour certains observateurs quelques éléments sont suffisamment parlants. «L'Irak est probablement l'un des pays au monde où les contrôles sont les plus fréquents. Il est donc difficile d'imaginer comment le déplacement de telles charges explosives et la coordination de tels attentats puissent se faire sans un certain soutien logistique, qui ne peut être apporté que par des personnes bien placées ou corrompues», commente un diplomate à Bagdad.
Par Fatma Kizilboga