Les violences ont repris vendredi dans l'est séparatiste prorusse de l'Ukraine après une courte accalmie au moment où le Conseil de sécurité de l'ONU veut tenir une réunion d'urgence sur le conflit qui a fait 5.800 morts en dix mois.
Cette réunion intervient un an jour pour jour après la prise par un commando prorusse du Parlement de Crimée, étape qui déclencha l'annexion de la péninsule ukrainienne par la Russie, précédant l'explosion de violences dans l'Est.
Le Conseil de sécurité, qui se réunit à la demande de la France et de l'Allemagne, va entendre des comptes-rendus de responsables de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), qui dispose d'équipes d'observateurs dans l'Est ukrainien, avant de mener des consultations à huis clos.
L'armée ukrainienne a fait état vendredi de trois soldats tués et sept blessés en 24 heures après deux jours de répit pendant lesquels aucun mort n'avait été enregistré, ce qui avait donné l'impression d'un cessez-le-feu globalement respecté.
Selon le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko, les combattants rebelles ont attaqué "avec des chars et des mortiers" les positions ukrainiennes près des ruines de l'aéroport de Donetsk.
M. Lyssenko a par ailleurs dénoncé "le redéploiement des forces ennemies" et relevé "des activités de renseignement sur toute la ligne de front".
Il a par ailleurs affirmé que les armes retirées par les rebelles se trouvaient "à une distance pouvant être parcourue en 30 minutes".
Un journaliste de l'AFP a de son côté vu à Soledar, à 70 km au nord-est du fief rebelle de Donetsk, une colonne d'une vingtaine de canons antichar de 100 millimètres retirés de la ligne du front par les militaires ukrainiens.
Après avoir été inspectée par des observateurs de l'OSCE, cette colonne s'est dirigée dans la direction du nord-ouest et deux voitures de l'OSCE l'ont suivie.
De son côté, le dirigeant de la République populaire autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, a affirmé jeudi que ses forces avaient déjà "retiré 90%" de leurs armes lourdes.
Le retrait de ces armes est prévu par les accords de Minsk 2 signés le 12 février avec la médiation du président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel et en présence du président russe Vladimir Poutine.
- Kiev sur ses gardes -
Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 15 février, les rebelles ont repris aux troupes ukrainiennes le noeud ferroviaire stratégique de Debaltseve à mi-chemin entre les capitales rebelles de Donetsk et de Lougansk.
Tous les regards sont désormais tournés vers Marioupol, port stratégique sur la mer d'Azov et dernière grande ville de l'Est rebelle sous contrôle de Kiev où l'armée ukrainienne dénonce depuis des jours une concentration de troupes ennemies et le survol de drones.
"A n'importe quel moment, nos militaires sont prêts à repositionner les équipements au niveau des anciennes lignes et à rapidement repousser l'ennemi", a affirmé vendredi le président ukrainien Petro Porochenko.
De son côté, l'OSCE n'a pas confirmé le retrait d'armes lourdes, évoqué par les belligérants.
"Nous observons des mouvements mais il est encore trop tôt pour dire que le processus a bien lieu", a dit à l'AFP un porte-parole de l'OSCE Michael Bociurkiw.
"Nous réclamons un inventaire des armes qui existent, une liste des routes empruntées et de connaître les lieux où ils comptent conserver les armes", a-t-il précisé.
Sur le plan diplomatique, les Occidentaux semblent peu convaincus de la volonté de la Russie, qu'ils accusent d'armer les rebelles, d'apaiser le conflit.
Vendredi encore, Philip Hammond, le ministre britannique des Affaires étrangères a déclaré que Moscou "ne remplissait pas ses obligations dans le cadre des accords de Minsk".
Il a ajouté que la Grande-Bretagne n'excluait pas "la possibilité" d'une prochaine offensive rebelle.
Les États-Unis, tout en dénonçant des violations du cessez-le-feu, ont néanmoins relevé jeudi un "léger" mieux dans le conflit, premier commentaire positif de Washington depuis des jours.
Sur le plan énergétique, le ton est aussi monté depuis que le géant russe Gazprom a commencé la semaine dernière à approvisionner directement les zones sous contrôle des rebelles au motif que Kiev avait cessé de le faire, laissant craindre une nouvelle guerre du gaz.
Une réunion tripartite est prévue lundi à Bruxelles pour tenter de régler cette querelle.