Le sauvetage de l'euro a propulsé la coalition d'Angela Merkel dans une nouvelle zone de turbulences. Les alliés bavarois de la chancelière n'ont pas digéré l'accord intervenu au récent sommet de Bruxelles, qu'ils considèrent comme une défaite. La CSU bavaroise menace de claquer la porte de son gouvernement de centre droit si d'autres pays de la zone euro obtiennent des renflouements de l'Union européenne aux frais des contribuables allemands.
«Il y aura un moment où le gouvernement de l'État bavarois et la CSU ne pourront plus dire oui», prévient l'impétueux Horst Seehofer, ministre-président de la riche Bavière et patron de la CSU, dans une interview à l'hebdomadaire Stern. Et de prévenir qu'il ne pourra pas soutenir de nouvelles aides allemandes à des pays européens en difficulté, alors que se profile un plan de sauvetage pour Chypre et que des rumeurs d'un troisième plan d'aide à la Grèce continuent de circuler. «Sans le vote de la CSU, la coalition n'aura plus de majorité», met-il en garde.
«On ne critique pas la politique de la direction lorsqu'on navigue en mer agitée», a immédiatement condamné Patrick Döring, secrétaire général du parti libéral FDP, l'autre partenaire de coalition de Merkel, qui vient de tomber à 3 % des intentions de vote.
La sortie de Seehofer sonnait comme un avertissement au moment où Angela Merkel rencontrait Mario Monti à Rome. L'Italien est la bête noire des Bavarois de la CSU depuis qu'il a arraché des concessions à la chancelière au dernier Conseil européen. Sous sa pression, la chancelière avait accepté de donner au Mécanisme européen de solidarité (MES) le pouvoir de recapitaliser directement les banques et de racheter directement des dettes souveraines, pour réduire le coût des emprunts des États membres de l'eurozone.
Seehofer avait déjà piqué une grosse colère à la mi-juin, lorsque le Bundestag avait repoussé le projet d'allocation pour les familles gardant leurs enfants de moins de 3 ans à domicile. Surnommé la «prime aux fourneaux» par ses détracteurs, c'est l'un des projets phares de la CSU. Cette fois, il pourrait bien mettre à exécution sa menace de faire tomber le gouvernement. Il s'inquiète que les marchés financiers puissent penser que l'Allemagne assume une trop grande part du fardeau financier. «C'est le point que je trouve le plus dangereux», dit-il.
La CSU bavaroise ne veut pas d'une Europe fédérale
Les Allemands sont de plus en plus agacés de devoir verser des fonds pour les pays du sud de l'UE, notamment la Grèce, qu'ils considèrent comme trop dépensiers. Les prochaines élections fédérales en Allemagne sont prévues en septembre 2013. Mais Seehofer a déjà prévu de transformer les élections régionales en Bavière, programmées en août 2013, en référendum sur l'euro. Car il rejette aussi catégoriquement l'idée du ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, d'organiser une consultation nationale pour transférer plus de souveraineté à Bruxelles afin de bâtir une vraie Europe politique. Berlin voudrait notamment l'élection au suffrage universel du président de la Commission européenne et la nomination d'un ministre européen des Finances avec des pouvoirs sur les budgets nationaux.
«Pas touche à la loi fondamentale !», avertit le patron de la CSU. Pour lui, il est hors de question de transférer de nouveaux pouvoirs au «monstrueux supra État européen». Selon un sondage publié par Stern, 74 % des Allemands sont opposés à une Europe fédérale sur le modèle des États-Unis. Et 63 % rejettent l'élection du président de la Commission au suffrage universel… Ils seraient encore 54 % à estimer que la création de l'euro était une bonne chose.
Par Patrick Saint-Paul
«Il y aura un moment où le gouvernement de l'État bavarois et la CSU ne pourront plus dire oui», prévient l'impétueux Horst Seehofer, ministre-président de la riche Bavière et patron de la CSU, dans une interview à l'hebdomadaire Stern. Et de prévenir qu'il ne pourra pas soutenir de nouvelles aides allemandes à des pays européens en difficulté, alors que se profile un plan de sauvetage pour Chypre et que des rumeurs d'un troisième plan d'aide à la Grèce continuent de circuler. «Sans le vote de la CSU, la coalition n'aura plus de majorité», met-il en garde.
«On ne critique pas la politique de la direction lorsqu'on navigue en mer agitée», a immédiatement condamné Patrick Döring, secrétaire général du parti libéral FDP, l'autre partenaire de coalition de Merkel, qui vient de tomber à 3 % des intentions de vote.
La sortie de Seehofer sonnait comme un avertissement au moment où Angela Merkel rencontrait Mario Monti à Rome. L'Italien est la bête noire des Bavarois de la CSU depuis qu'il a arraché des concessions à la chancelière au dernier Conseil européen. Sous sa pression, la chancelière avait accepté de donner au Mécanisme européen de solidarité (MES) le pouvoir de recapitaliser directement les banques et de racheter directement des dettes souveraines, pour réduire le coût des emprunts des États membres de l'eurozone.
Seehofer avait déjà piqué une grosse colère à la mi-juin, lorsque le Bundestag avait repoussé le projet d'allocation pour les familles gardant leurs enfants de moins de 3 ans à domicile. Surnommé la «prime aux fourneaux» par ses détracteurs, c'est l'un des projets phares de la CSU. Cette fois, il pourrait bien mettre à exécution sa menace de faire tomber le gouvernement. Il s'inquiète que les marchés financiers puissent penser que l'Allemagne assume une trop grande part du fardeau financier. «C'est le point que je trouve le plus dangereux», dit-il.
La CSU bavaroise ne veut pas d'une Europe fédérale
Les Allemands sont de plus en plus agacés de devoir verser des fonds pour les pays du sud de l'UE, notamment la Grèce, qu'ils considèrent comme trop dépensiers. Les prochaines élections fédérales en Allemagne sont prévues en septembre 2013. Mais Seehofer a déjà prévu de transformer les élections régionales en Bavière, programmées en août 2013, en référendum sur l'euro. Car il rejette aussi catégoriquement l'idée du ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, d'organiser une consultation nationale pour transférer plus de souveraineté à Bruxelles afin de bâtir une vraie Europe politique. Berlin voudrait notamment l'élection au suffrage universel du président de la Commission européenne et la nomination d'un ministre européen des Finances avec des pouvoirs sur les budgets nationaux.
«Pas touche à la loi fondamentale !», avertit le patron de la CSU. Pour lui, il est hors de question de transférer de nouveaux pouvoirs au «monstrueux supra État européen». Selon un sondage publié par Stern, 74 % des Allemands sont opposés à une Europe fédérale sur le modèle des États-Unis. Et 63 % rejettent l'élection du président de la Commission au suffrage universel… Ils seraient encore 54 % à estimer que la création de l'euro était une bonne chose.
Par Patrick Saint-Paul