Correspondant à Moscou
En Russie, l'usage du détecteur de mensonges ne se limite plus aux contre-interrogatoires des agents secrets. Administrations publiques, ministères et compagnies privées raffolent de cet instrument censé garantir l'authenticité des témoignages de leurs collaborateurs.
Le ministère de l'Intérieur (MVD) vient d'annoncer son intention de passer au polygraphe la totalité des candidats au poste de policier. Promotions et affectations au sein de cette énorme institution s'accompagneront également de la fameuse machine. Dans un premier temps, détaille le quotidien Izvestia, le ministère va commander 83 détecteurs d'une valeur de 300.000 roubles chacun (7300 euros). Il y a un an, à l'occasion de la réforme du MVD qui prévoyait le redéploiement de gigantesques bataillons de miliciens, 13.000 d'entre eux avaient été soumis aux tests de vérité.
Pour sa part, la mairie de Moscou utilise le polygraphe afin de débusquer les éventuels fonctionnaires corrompus chargés de gérer les appels d'offres au sein de la municipalité. Les sociétés privées, comme le géant Interros, dirigé par l'oligarque Vladimir Potanine, y font appel pour recruter des assistantes de direction.
«De plus en plus d'entreprises s'adressent à nous, notamment des banques ou des chaînes de supermarché, qui nous demandent de tester les cadres qu'elles veulent embaucher, afin de s'assurer que ces derniers ne sont pas alcooliques ou toxicomanes. Ces entreprises souhaitent parfois connaître les raisons de l'absentéisme de leurs salariés. Enfin, le polygraphe est le moyen le plus sûr et le plus rapide pour savoir si quelqu'un possède ou non un dossier judiciaire vierge», affirme Igor Volodin, polygraphologue en chef de la société Polygraphe Test, fournisseur russe d'équipements spécialisés, qui se présente comme leader du marché russe.
En 2004, la Douma avait adopté une loi relative au secret commercial permettant à tout «détenteur d'informations confidentielles de déterminer lui-même les conditions d'accès d'autres agents à ces informations ainsi que les systèmes de contrôle lui permettant de s'acquitter de sa mission», notamment des détecteurs de mensonge. Depuis, c'est l'anarchie. En 2010, les députés ont tenté d'encadrer le recours à cet instrument. Deux ans plus tard, les élus ne sont toujours pas parvenus à leur fin. Une nouvelle version du projet de loi sur l'utilisation du polygraphe est aujourd'hui attendue, mais les citoyens russes semblent volontiers s'accommoder de cette pratique.
Par Pierre Avril
En Russie, l'usage du détecteur de mensonges ne se limite plus aux contre-interrogatoires des agents secrets. Administrations publiques, ministères et compagnies privées raffolent de cet instrument censé garantir l'authenticité des témoignages de leurs collaborateurs.
Le ministère de l'Intérieur (MVD) vient d'annoncer son intention de passer au polygraphe la totalité des candidats au poste de policier. Promotions et affectations au sein de cette énorme institution s'accompagneront également de la fameuse machine. Dans un premier temps, détaille le quotidien Izvestia, le ministère va commander 83 détecteurs d'une valeur de 300.000 roubles chacun (7300 euros). Il y a un an, à l'occasion de la réforme du MVD qui prévoyait le redéploiement de gigantesques bataillons de miliciens, 13.000 d'entre eux avaient été soumis aux tests de vérité.
Pour sa part, la mairie de Moscou utilise le polygraphe afin de débusquer les éventuels fonctionnaires corrompus chargés de gérer les appels d'offres au sein de la municipalité. Les sociétés privées, comme le géant Interros, dirigé par l'oligarque Vladimir Potanine, y font appel pour recruter des assistantes de direction.
«De plus en plus d'entreprises s'adressent à nous, notamment des banques ou des chaînes de supermarché, qui nous demandent de tester les cadres qu'elles veulent embaucher, afin de s'assurer que ces derniers ne sont pas alcooliques ou toxicomanes. Ces entreprises souhaitent parfois connaître les raisons de l'absentéisme de leurs salariés. Enfin, le polygraphe est le moyen le plus sûr et le plus rapide pour savoir si quelqu'un possède ou non un dossier judiciaire vierge», affirme Igor Volodin, polygraphologue en chef de la société Polygraphe Test, fournisseur russe d'équipements spécialisés, qui se présente comme leader du marché russe.
En 2004, la Douma avait adopté une loi relative au secret commercial permettant à tout «détenteur d'informations confidentielles de déterminer lui-même les conditions d'accès d'autres agents à ces informations ainsi que les systèmes de contrôle lui permettant de s'acquitter de sa mission», notamment des détecteurs de mensonge. Depuis, c'est l'anarchie. En 2010, les députés ont tenté d'encadrer le recours à cet instrument. Deux ans plus tard, les élus ne sont toujours pas parvenus à leur fin. Une nouvelle version du projet de loi sur l'utilisation du polygraphe est aujourd'hui attendue, mais les citoyens russes semblent volontiers s'accommoder de cette pratique.
Par Pierre Avril