L’agence, dirigée par Karim Wade, le fils du président du Sénégal, Abdoulaye Wade, a dépensé 200 milliards de FCFA alors que son enveloppe autorisée était de 100 milliards. Des travaux déclarés ne sont pas encore sortis de terre et « personne ne dit aux citoyens de ce pays où est passé cet argent » [1]. En outre, les privatisations imposées par le FMI au Sénégal, dans le cadre des ajustements structurels depuis les années Diouf (ancien président « socialiste », successeur de Senghor), ont précipité le pays dans la « décomposition » économique chère au système neolibéral qui permet la rapine facile des multinationales et des nantis locaux. Cette politique néolibérale est conduite « haut la main invisible » par l’actuel président Abdoulaye Wade, champion de l’ultra-libéralisme le plus néo-atlantiste d’Afrique. [2]
C’est dans ce contexte qu’arrive l’affaire Segura
Il aurait reçu, de la main d’un fonctionnaire officiel, une mallette contenant une somme substantielle d’argent, à l’aéroport juste avant son départ de fin de mission du Sénégal. N’ayant pu ouvrir la mallette cadenassée, à l’aéroport, il aurait réussi à composer un code avec quatre zéros dans l’avion. Découvrant la somme importante il aurait averti le comité d’éthique du FMI, et il aurait rendu la mallette à l’ambassade du Sénégal en Espagne, bien que d’autres versions ont circulé sur son arrestation à Paris, la remise de la mallette aux douaniers de Barcelone, etc.
Disons que les cas de corruption interne, avérés ou non, sont devenus monnaie courante dans les IFI. Le dernier en date, impliquant le sinistre président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, dans un cas de népotisme, se termina par sa démission malgré ses démentis initiaux. Dominique Strauss Kahn, au FMI, a lui aussi été accusé de favoriser une stagiaire, mais lui s’en est sorti et continue à son poste.
Au mépris le plus total de la justice, le FMI a diligenté sa propre enquête dans l’affaire Segura et s’apprêterait à sanctionner le Sénégal pour tentative de corruption contre son « haut fonctionnaire » qui est bien entendu hors de cause. Hélas, dans les traditions juridiques internes, les IFI sont juges et parties, ce qui enlève toute crédibilité à leurs enquêtes. C’est normal, cela découle de l’identité même de ces institutions. Une identité de non-clarté et d’absence de démocratie. Ainsi, le seul tribunal qui peut juger les litiges opposant les nations à la Banque mondiale est le CIRDI : un organisme appartenant à... la Banque mondiale.
Dans le scandale Segura, la presse sénégalaise s’insurge contre la façon dont les faits sont rendus publics (remarquons le peu d’attention de la presse internationale sur ce sujet, à peine une mini-depêche du Monde vide de substance, mais généreuse en « anecdotisme »).
Ainsi, le journaliste Papa Masséne SECK écrit le vendredi 23 octobre 2009, à Senews.info [3] : comment « expliquer d’ailleurs le long délai que s’est donné Mr Alex Segura pour « informer sa hiérarchie » et rendre la « mallette aux autorités sénégalaises » ? Quel était le montant de la « somme substantielle » trouvée dans cette mallette ? A-t-il seulement rendu toute la « substance de cette somme » ? Et comment le vérifier à défaut du constat d’une autorité assermentée ? Devons-nous croire en la seule parole de ce « haut fonctionnaire du FMI », le même qui adorait se parer de « vertus dénonciatrices » de dérapages budgétaires et « d’endettement intérieur » sans aucune considération à son obligation de réserve vis-à-vis du pays d’accréditation. Et pourquoi le Sénégal, qui devrait être soulagé de son départ, aurait-il encore besoin de le corrompre ? L’argument du cadenas chiffré (0000) ne tient pas la route et encore moins ce « dès qu’il s’est rendu compte, il a rendu compte ».
Sur la conduite de l’enquête, le journaliste est scandalisé devant tant de mépris
« Les autorités du Sénégal ne seraient-elles pas également destinataires de ces conclusions qui, pour être seulement admissibles, auraient dû faire l’objet d’une procédure contradictoire entre les parties ? N’est-ce pas là une minoration de nos institutions judiciaires et de ce « machin » à charge de la lutte contre la corruption et pour la transparence, une insulte à notre intelligence, à notre pays et à tout ce dont nous nous réclamons en tant que nation ? Devons-nous attendre tranquillement que les « templiers » de ces institutions, pourtant sensées être des « coopératives d’États souverains et indépendants » à l’instar de toutes les institutions multilatérales, nous imposent encore une fois leurs « vérités » ? L’enquête devrait-elle être menée par une seule partie en cause ? Et ce silence tonitruant des autorités sénégalaises alors qu’il s’agit de l’honneur et de la dignité de toute une nation.
Pour qui ces messieurs se prennent-ils avec leurs institutions sur lesquelles, nous n’avons même pas besoin d’ouvrir une enquête pour les accuser de tous les « crimes contre l’humanité » et de toutes les perversions qui « accélèrent » la paupérisation de nos populations et la mortalité infantile ? La situation de centaines de pays dits tiers en atteste à travers les impacts de leurs programmes et instruments d’alignement, d’asservissement et « d’insécurisation » humaine de nos États et de nos populations éprouvées par « l’enfer » de leurs lancinantes « bonnes intentions ». Des sanctions contre qui ? Et pourquoi ? N’a-t-on pas confondu de « droit de cuissage », un haut responsable du FMI et un autre haut d’en haut de la Banque mondiale ? Pouvez-vous affirmer face à tous les pays qui vous ont douloureusement et négativement subi que vous n’avez jamais corrompu ou été corrompus dans vos missions de « gendarmes du monde » ?
Ceci étant dit, la presse sénégalaise, soucieuse de l’économie de son pays, s’inquiète des conséquences de cette affaire sur les relations avec le FMI et malgré tout, la presse sénégalaise considère que le FMI et la Banque mondiale sont quand même des partenaires nécessaires et indispensables pour le développement, surtout en période de crise.
Mais pourquoi continuer des relations malsaines avec des institutions ténébreuses qui minent le terrain économique de nations en le rendant propice à toute sorte de malversations, corruptions, évasions fiscales, détournements, concussions, etc ? Le FMI a corrompu, au sens de pervertir, pourrir, gâter et décomposer, toutes les économies où il a appliqué ses « ajustements structurels » meurtriers et imposé ses privatisations, ouverture des marchés, équilibres budgétaires, etc etc... L’impunité avec laquelle sévi le FMI est telle qu’il se permet même de refuser d’aider la justice des pays à enquêter sur les cas de corruption. Ainsi, le FMI refusa à la Suisse toute aide pour faire la lumière sur un détournement de fonds de 4,8 milliards de dollars, concernant l’un des prêts du FMI accordé à la Russie lors de la crise d’août 1998. Et les exemples sont nombreux. Dans l’affaire Alex Segura on atteint le comble de l’hypocrisie et du mépris de ces institutions, et des gouvernements qui le soutiennent, envers les peuples.
La seule réponse possible est d’abord, à l’instar de la Bolivie, de l’Équateur et du Venezuela, l’expulsion immédiate de ces deux institutions criminelles (FMI et BM) du sol sénégalais. Ce qui prouve, contrairement à la propagande néolibérale, que les IFI ne sont pas indispensables.
Aujourd’hui l’Afrique a besoin de gouvernements démocratiques et honnêtes, unis dans un front des pays africains répudiant la dette et proposant une autre architecture financière internationale où les IFI seraient remplacées par de nouveaux organismes qui feraient de la réalisation des droits humains pour tous et toutes, l’objectif du développement économique des nations. Cela nécessitera non seulement l’annulation inconditionnelle de la dette africaine (et du Tiers Monde), mais aussi la récupération des biens mal acquis et leur restitution aux peuples spoliés. Outre les réparations de la dette historique, de sang, écologique, etc, contractées depuis des siècles envers l’Afrique, créancière nette.
Source / auteur : CADTM Zalzal Madjid
C’est dans ce contexte qu’arrive l’affaire Segura
Il aurait reçu, de la main d’un fonctionnaire officiel, une mallette contenant une somme substantielle d’argent, à l’aéroport juste avant son départ de fin de mission du Sénégal. N’ayant pu ouvrir la mallette cadenassée, à l’aéroport, il aurait réussi à composer un code avec quatre zéros dans l’avion. Découvrant la somme importante il aurait averti le comité d’éthique du FMI, et il aurait rendu la mallette à l’ambassade du Sénégal en Espagne, bien que d’autres versions ont circulé sur son arrestation à Paris, la remise de la mallette aux douaniers de Barcelone, etc.
Disons que les cas de corruption interne, avérés ou non, sont devenus monnaie courante dans les IFI. Le dernier en date, impliquant le sinistre président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, dans un cas de népotisme, se termina par sa démission malgré ses démentis initiaux. Dominique Strauss Kahn, au FMI, a lui aussi été accusé de favoriser une stagiaire, mais lui s’en est sorti et continue à son poste.
Au mépris le plus total de la justice, le FMI a diligenté sa propre enquête dans l’affaire Segura et s’apprêterait à sanctionner le Sénégal pour tentative de corruption contre son « haut fonctionnaire » qui est bien entendu hors de cause. Hélas, dans les traditions juridiques internes, les IFI sont juges et parties, ce qui enlève toute crédibilité à leurs enquêtes. C’est normal, cela découle de l’identité même de ces institutions. Une identité de non-clarté et d’absence de démocratie. Ainsi, le seul tribunal qui peut juger les litiges opposant les nations à la Banque mondiale est le CIRDI : un organisme appartenant à... la Banque mondiale.
Dans le scandale Segura, la presse sénégalaise s’insurge contre la façon dont les faits sont rendus publics (remarquons le peu d’attention de la presse internationale sur ce sujet, à peine une mini-depêche du Monde vide de substance, mais généreuse en « anecdotisme »).
Ainsi, le journaliste Papa Masséne SECK écrit le vendredi 23 octobre 2009, à Senews.info [3] : comment « expliquer d’ailleurs le long délai que s’est donné Mr Alex Segura pour « informer sa hiérarchie » et rendre la « mallette aux autorités sénégalaises » ? Quel était le montant de la « somme substantielle » trouvée dans cette mallette ? A-t-il seulement rendu toute la « substance de cette somme » ? Et comment le vérifier à défaut du constat d’une autorité assermentée ? Devons-nous croire en la seule parole de ce « haut fonctionnaire du FMI », le même qui adorait se parer de « vertus dénonciatrices » de dérapages budgétaires et « d’endettement intérieur » sans aucune considération à son obligation de réserve vis-à-vis du pays d’accréditation. Et pourquoi le Sénégal, qui devrait être soulagé de son départ, aurait-il encore besoin de le corrompre ? L’argument du cadenas chiffré (0000) ne tient pas la route et encore moins ce « dès qu’il s’est rendu compte, il a rendu compte ».
Sur la conduite de l’enquête, le journaliste est scandalisé devant tant de mépris
« Les autorités du Sénégal ne seraient-elles pas également destinataires de ces conclusions qui, pour être seulement admissibles, auraient dû faire l’objet d’une procédure contradictoire entre les parties ? N’est-ce pas là une minoration de nos institutions judiciaires et de ce « machin » à charge de la lutte contre la corruption et pour la transparence, une insulte à notre intelligence, à notre pays et à tout ce dont nous nous réclamons en tant que nation ? Devons-nous attendre tranquillement que les « templiers » de ces institutions, pourtant sensées être des « coopératives d’États souverains et indépendants » à l’instar de toutes les institutions multilatérales, nous imposent encore une fois leurs « vérités » ? L’enquête devrait-elle être menée par une seule partie en cause ? Et ce silence tonitruant des autorités sénégalaises alors qu’il s’agit de l’honneur et de la dignité de toute une nation.
Pour qui ces messieurs se prennent-ils avec leurs institutions sur lesquelles, nous n’avons même pas besoin d’ouvrir une enquête pour les accuser de tous les « crimes contre l’humanité » et de toutes les perversions qui « accélèrent » la paupérisation de nos populations et la mortalité infantile ? La situation de centaines de pays dits tiers en atteste à travers les impacts de leurs programmes et instruments d’alignement, d’asservissement et « d’insécurisation » humaine de nos États et de nos populations éprouvées par « l’enfer » de leurs lancinantes « bonnes intentions ». Des sanctions contre qui ? Et pourquoi ? N’a-t-on pas confondu de « droit de cuissage », un haut responsable du FMI et un autre haut d’en haut de la Banque mondiale ? Pouvez-vous affirmer face à tous les pays qui vous ont douloureusement et négativement subi que vous n’avez jamais corrompu ou été corrompus dans vos missions de « gendarmes du monde » ?
Ceci étant dit, la presse sénégalaise, soucieuse de l’économie de son pays, s’inquiète des conséquences de cette affaire sur les relations avec le FMI et malgré tout, la presse sénégalaise considère que le FMI et la Banque mondiale sont quand même des partenaires nécessaires et indispensables pour le développement, surtout en période de crise.
Mais pourquoi continuer des relations malsaines avec des institutions ténébreuses qui minent le terrain économique de nations en le rendant propice à toute sorte de malversations, corruptions, évasions fiscales, détournements, concussions, etc ? Le FMI a corrompu, au sens de pervertir, pourrir, gâter et décomposer, toutes les économies où il a appliqué ses « ajustements structurels » meurtriers et imposé ses privatisations, ouverture des marchés, équilibres budgétaires, etc etc... L’impunité avec laquelle sévi le FMI est telle qu’il se permet même de refuser d’aider la justice des pays à enquêter sur les cas de corruption. Ainsi, le FMI refusa à la Suisse toute aide pour faire la lumière sur un détournement de fonds de 4,8 milliards de dollars, concernant l’un des prêts du FMI accordé à la Russie lors de la crise d’août 1998. Et les exemples sont nombreux. Dans l’affaire Alex Segura on atteint le comble de l’hypocrisie et du mépris de ces institutions, et des gouvernements qui le soutiennent, envers les peuples.
La seule réponse possible est d’abord, à l’instar de la Bolivie, de l’Équateur et du Venezuela, l’expulsion immédiate de ces deux institutions criminelles (FMI et BM) du sol sénégalais. Ce qui prouve, contrairement à la propagande néolibérale, que les IFI ne sont pas indispensables.
Aujourd’hui l’Afrique a besoin de gouvernements démocratiques et honnêtes, unis dans un front des pays africains répudiant la dette et proposant une autre architecture financière internationale où les IFI seraient remplacées par de nouveaux organismes qui feraient de la réalisation des droits humains pour tous et toutes, l’objectif du développement économique des nations. Cela nécessitera non seulement l’annulation inconditionnelle de la dette africaine (et du Tiers Monde), mais aussi la récupération des biens mal acquis et leur restitution aux peuples spoliés. Outre les réparations de la dette historique, de sang, écologique, etc, contractées depuis des siècles envers l’Afrique, créancière nette.
Source / auteur : CADTM Zalzal Madjid