L’affaire dite des 26 milliards, qui défraie la chronique depuis plusieurs jours à Dakar et oppose l’homme d’affaires Cheikh Amar au chroniqueur politique Mody Niang, est symptomatique du climat socio-politique actuel au Sénégal. Fait de mauvaises polémiques, d’accusations malsaines, de dénégations indignes, de querelles de personnes, le climat qui prévaut actuellement dans notre pays est on ne peut plus insupportable.
Les vrais débats sur les questions transcendantes sont éludées par de nauséabonds règlements de comptes et de distrayants combats d’arrière-garde. Le litige qui oppose en ce moment Cheikh Amar à Mody Niang, et qui a été soumis à la Division des investigations criminelles (DIC), en atteste. De quoi s’agit-il ? De propos rapportés par un quotidien dakarois comme étant sortis de la bouche de Mody Niang, et que ce dernier nie avoir tenus. Dans l’article « Les précisions de Mody Niang », paru dans le site sen24heures.com, on lit en effet sous sa plume : « Je signale qu’il est beaucoup question ces temps derniers des villas fantômes de l’Anoci, avec ces 26 milliards révélés par A.L. Coulibaly. Il en a été question aussi lors de la conférence que j’ai co-animée le mercredi 9 septembre 2009. Les villas dont moi je parle, et que j’ai abordées dans ma contribution parue dans l’édition de Walfadjri du 13 novembre 2007 (et dans d’autres d’ailleurs), sont celles révélées par Nouvel Horizon n° 597 du 09 au 15 septembre 2007. Voici ce qu’écrivait alors l’hebdomadaire (qui a élu M. Amar homme de l’année 2008 et qu’il ne pourrait donc suspecter d’hostilité) : ‘’L’Anoci a adoubé la société TSE de Cheikh Amar pour la réalisation d’un projet immobilier de très grande envergure qui sera implanté sur l’emprise de l’aéroport international de Dakar L.S. Senghor de Yoff. Ce projet dit des villas présidentielles de l’OCI serait estimé autour de 15 milliards de francs CFA. Il s’agit d’un complexe immobilier de plusieurs villas de très haut standing, pour accueillir les grosses pointures politiques du prochain sommet de l’Oci, en mars 2008. L’heureux bénéficiaire de ce projet pharaonique a déjà obtenu des services de l’Etat toutes les autorisations requises pour la mise en valeur du vaste terrain qui lui a été attribué.’’ »
Tous les gens informés qui suivent les questions foncières au Sénégal savent que la source du Nouvel Horizon l’a mis sur une fausse piste, comme cela arrive à tous les journaux et à tous les journalistes. Cette mauvaise information a été reprise à son compte par Mody Niang qui, fidèle à son style, en a tiré des conclusions qui ont logiquement heurté Cheikh Amar.
Mais le plus inquiétant est ailleurs. Comment a-t-on pu prêter à Mody Niang, qui les conteste, sur la une d’un quotidien, des propos reprochant à Cheikh Amar d’avoir reçu les 26 milliards de l’Oci sans livrer les villas présidentielles ? On touche là au cœur du mal sénégalais contemporain. Cette propension à voir le mal partout, à monter la mayonnaise, à inoculer à tout et à n’importe quoi un parfum de scandale. Potentiellement dévastatrice pour l’honneur et la respectabilité de la personne qu’elle accuse, la parole publique doit être vérifiée et recoupée par celui qui l’émet. Et être fidèlement rapportée par les véhicules modernes que sont les médias. Détenir le pouvoir de dire ou d’amplifier une parole qui porte impose une grande responsabilité.
Pour connaître personnellement Cheikh Amar depuis ces années où il résidait et étudiait en France, je comprends que les propos étalés à la « une » de « Rewmi » aient pu le blesser. L’homme Cheikh Amar, que j’ai connu jeune, étudiant et désargenté, est foncièrement bon et honnête.
Un des hommes d’affaires sénégalais que je respecte, pour le connaître profondément, Cheikh Amar a beaucoup misé sur le Sénégal. Dans ce contexte où beaucoup se posent des questions sur l’avenir de notre pays, et où nombre d’opérateurs économiques songent à délocaliser leurs capitaux, il empruntait à une banque de la place, courant août dernier, 40 milliards de francs CFA pour financer un projet immobilier. On n’engloutit pas autant d’argent sous la pierre dans un pays dans lequel on ne croit pas. Il a investi des dizaines de milliards de francs CFA dans un domaine qui, seul, peut impulser un vrai progrès en Afrique : l’agriculture. Au nom de la préférence nationale, qui pousse les pays les plus puissants de la planète à confier les domaines essentiels de leur économie à leurs propres ressortissants, son positionnement sur le secteur agricole national est stratégique.
Parce qu’il paie des impôts, créé de la richesse et des emplois, Cheikh Amar est d’un apport réel pour le Sénégal. Parce qu’il participe au débat public et se dresse contre certaines injustices, Mody Niang a un sens dans la démocratie sénégalaise. La plainte du premier contre le second est à cet égard regrettable. Elle est toutefois le fruit d’un climat électrique qui empêche tout débat démocratique sain. Ce débat, le seul qui vaille, s’inscrit dans le respect de l’éthique et de l’honneur des personnes. La presse – c’est une autocritique – doit revenir aux fondamentaux de son rôle. C’est seulement à ces conditions qu’on pourrait éviter à l’avenir ce type d’affaire bien sénégalaise.
Les vrais débats sur les questions transcendantes sont éludées par de nauséabonds règlements de comptes et de distrayants combats d’arrière-garde. Le litige qui oppose en ce moment Cheikh Amar à Mody Niang, et qui a été soumis à la Division des investigations criminelles (DIC), en atteste. De quoi s’agit-il ? De propos rapportés par un quotidien dakarois comme étant sortis de la bouche de Mody Niang, et que ce dernier nie avoir tenus. Dans l’article « Les précisions de Mody Niang », paru dans le site sen24heures.com, on lit en effet sous sa plume : « Je signale qu’il est beaucoup question ces temps derniers des villas fantômes de l’Anoci, avec ces 26 milliards révélés par A.L. Coulibaly. Il en a été question aussi lors de la conférence que j’ai co-animée le mercredi 9 septembre 2009. Les villas dont moi je parle, et que j’ai abordées dans ma contribution parue dans l’édition de Walfadjri du 13 novembre 2007 (et dans d’autres d’ailleurs), sont celles révélées par Nouvel Horizon n° 597 du 09 au 15 septembre 2007. Voici ce qu’écrivait alors l’hebdomadaire (qui a élu M. Amar homme de l’année 2008 et qu’il ne pourrait donc suspecter d’hostilité) : ‘’L’Anoci a adoubé la société TSE de Cheikh Amar pour la réalisation d’un projet immobilier de très grande envergure qui sera implanté sur l’emprise de l’aéroport international de Dakar L.S. Senghor de Yoff. Ce projet dit des villas présidentielles de l’OCI serait estimé autour de 15 milliards de francs CFA. Il s’agit d’un complexe immobilier de plusieurs villas de très haut standing, pour accueillir les grosses pointures politiques du prochain sommet de l’Oci, en mars 2008. L’heureux bénéficiaire de ce projet pharaonique a déjà obtenu des services de l’Etat toutes les autorisations requises pour la mise en valeur du vaste terrain qui lui a été attribué.’’ »
Tous les gens informés qui suivent les questions foncières au Sénégal savent que la source du Nouvel Horizon l’a mis sur une fausse piste, comme cela arrive à tous les journaux et à tous les journalistes. Cette mauvaise information a été reprise à son compte par Mody Niang qui, fidèle à son style, en a tiré des conclusions qui ont logiquement heurté Cheikh Amar.
Mais le plus inquiétant est ailleurs. Comment a-t-on pu prêter à Mody Niang, qui les conteste, sur la une d’un quotidien, des propos reprochant à Cheikh Amar d’avoir reçu les 26 milliards de l’Oci sans livrer les villas présidentielles ? On touche là au cœur du mal sénégalais contemporain. Cette propension à voir le mal partout, à monter la mayonnaise, à inoculer à tout et à n’importe quoi un parfum de scandale. Potentiellement dévastatrice pour l’honneur et la respectabilité de la personne qu’elle accuse, la parole publique doit être vérifiée et recoupée par celui qui l’émet. Et être fidèlement rapportée par les véhicules modernes que sont les médias. Détenir le pouvoir de dire ou d’amplifier une parole qui porte impose une grande responsabilité.
Pour connaître personnellement Cheikh Amar depuis ces années où il résidait et étudiait en France, je comprends que les propos étalés à la « une » de « Rewmi » aient pu le blesser. L’homme Cheikh Amar, que j’ai connu jeune, étudiant et désargenté, est foncièrement bon et honnête.
Un des hommes d’affaires sénégalais que je respecte, pour le connaître profondément, Cheikh Amar a beaucoup misé sur le Sénégal. Dans ce contexte où beaucoup se posent des questions sur l’avenir de notre pays, et où nombre d’opérateurs économiques songent à délocaliser leurs capitaux, il empruntait à une banque de la place, courant août dernier, 40 milliards de francs CFA pour financer un projet immobilier. On n’engloutit pas autant d’argent sous la pierre dans un pays dans lequel on ne croit pas. Il a investi des dizaines de milliards de francs CFA dans un domaine qui, seul, peut impulser un vrai progrès en Afrique : l’agriculture. Au nom de la préférence nationale, qui pousse les pays les plus puissants de la planète à confier les domaines essentiels de leur économie à leurs propres ressortissants, son positionnement sur le secteur agricole national est stratégique.
Parce qu’il paie des impôts, créé de la richesse et des emplois, Cheikh Amar est d’un apport réel pour le Sénégal. Parce qu’il participe au débat public et se dresse contre certaines injustices, Mody Niang a un sens dans la démocratie sénégalaise. La plainte du premier contre le second est à cet égard regrettable. Elle est toutefois le fruit d’un climat électrique qui empêche tout débat démocratique sain. Ce débat, le seul qui vaille, s’inscrit dans le respect de l’éthique et de l’honneur des personnes. La presse – c’est une autocritique – doit revenir aux fondamentaux de son rôle. C’est seulement à ces conditions qu’on pourrait éviter à l’avenir ce type d’affaire bien sénégalaise.