Une manifestation d'habitants de Tel-Aviv qui protestaient contre les immigrants illégaux africains a dégénéré mercredi soir en incidents violents qui ont choqué l'opinion israélienne. Des magasins ont été mis à sac, et plusieurs personnes d'origine africaine ont été molestées dans le quartier d'Hatikva, au sud de Tel-Aviv.
La manifestation a commencé par le défilé de plusieurs centaines d'habitants de ce quartier populaire pour réclamer l'expulsion d'immigrés clandestins et de demandeurs d'asile. Plusieurs députés du Likoud participaient à ce défilé. La situation a dégénéré quand plusieurs dizaines de jeunes gens ont agressé un militant des droits de l'homme israélien et un journaliste qui assistaient à la manifestation. Les violences se sont ensuite propagées rapidement, prenant de court la police. Des commerces appartenant à des propriétaires d'origine érythréenne ou éthiopienne ont été saccagés, des vitrines brisées, des poubelles incendiées. Des automobilistes africains ont été attaqués et les vitres de leurs véhicules brisées. Un minibus a été aussi assailli par les émeutiers, aux cris de «Soudanais dehors!»
La police a arrêté une dizaine de personnes impliquées dans ces violences. L'immigration clandestine en provenance d'Afrique, notamment d'Érythrée ou du Soudan, s'est considérablement accrue au cours des dernières années. Israël est l'un des rares pays développés accessible par voie terrestre, et les autorités estiment à environ 60.000 le nombre de ces immigrés en situation illégale. Beaucoup de ces migrants passent par la frontière désertique entre Israël et le Sinaï égyptien. Le gouvernement israélien a mis en chantier une barrière le long de cette frontière, dont les travaux doivent s'achever à la fin de l'année.
Recrudescence de la criminalité
Un grand nombre de ces immigrants vivent dans des conditions précaires dans les quartiers populaires du sud de Tel-Aviv, notamment près de la gare routière dans le quartier de Shapira. Certains campent dans la rue et dans les espaces publics. Les habitants les rendent responsables d'une recrudescence de la criminalité, et dénoncent l'inaction de la police. Ces derniers mois, plusieurs viols et agressions, certains attribués à des immigrants africains, ont suscité une atmosphère de psychose collective.
Le ministre de l'Intérieur, Eli Yishai, du parti orthodoxe séfarade Shass, a réclamé l'arrestation et l'expulsion des migrants illégaux. «Il faut mettre ces illégaux dans des centres de détention puis les renvoyer chez eux, car ils viennent prendre le travail des Israéliens et il faut protéger le caractère juif de l'État d'Israël.»
Un centre de détention est en construction dans le Néguev, mais l'expulsion des immigrants clandestins est compliquée par le fait qu'Israël n'entretient pas de relations diplomatiques avec le Soudan, et qu'un grand nombre des clandestins sont des demandeurs d'asile fuyant des régions en guerre. Israël ne leur accorde généralement pas un statut de réfugiés, mais un asile temporaire, qui ne les autorise pas à travailler légalement. Beaucoup de commentateurs ont dénoncé la dérive populiste et xénophobe d'une partie de la classe politique israélienne.
Par Adrien Jaulmes
LeFigaro
La manifestation a commencé par le défilé de plusieurs centaines d'habitants de ce quartier populaire pour réclamer l'expulsion d'immigrés clandestins et de demandeurs d'asile. Plusieurs députés du Likoud participaient à ce défilé. La situation a dégénéré quand plusieurs dizaines de jeunes gens ont agressé un militant des droits de l'homme israélien et un journaliste qui assistaient à la manifestation. Les violences se sont ensuite propagées rapidement, prenant de court la police. Des commerces appartenant à des propriétaires d'origine érythréenne ou éthiopienne ont été saccagés, des vitrines brisées, des poubelles incendiées. Des automobilistes africains ont été attaqués et les vitres de leurs véhicules brisées. Un minibus a été aussi assailli par les émeutiers, aux cris de «Soudanais dehors!»
La police a arrêté une dizaine de personnes impliquées dans ces violences. L'immigration clandestine en provenance d'Afrique, notamment d'Érythrée ou du Soudan, s'est considérablement accrue au cours des dernières années. Israël est l'un des rares pays développés accessible par voie terrestre, et les autorités estiment à environ 60.000 le nombre de ces immigrés en situation illégale. Beaucoup de ces migrants passent par la frontière désertique entre Israël et le Sinaï égyptien. Le gouvernement israélien a mis en chantier une barrière le long de cette frontière, dont les travaux doivent s'achever à la fin de l'année.
Recrudescence de la criminalité
Un grand nombre de ces immigrants vivent dans des conditions précaires dans les quartiers populaires du sud de Tel-Aviv, notamment près de la gare routière dans le quartier de Shapira. Certains campent dans la rue et dans les espaces publics. Les habitants les rendent responsables d'une recrudescence de la criminalité, et dénoncent l'inaction de la police. Ces derniers mois, plusieurs viols et agressions, certains attribués à des immigrants africains, ont suscité une atmosphère de psychose collective.
Le ministre de l'Intérieur, Eli Yishai, du parti orthodoxe séfarade Shass, a réclamé l'arrestation et l'expulsion des migrants illégaux. «Il faut mettre ces illégaux dans des centres de détention puis les renvoyer chez eux, car ils viennent prendre le travail des Israéliens et il faut protéger le caractère juif de l'État d'Israël.»
Un centre de détention est en construction dans le Néguev, mais l'expulsion des immigrants clandestins est compliquée par le fait qu'Israël n'entretient pas de relations diplomatiques avec le Soudan, et qu'un grand nombre des clandestins sont des demandeurs d'asile fuyant des régions en guerre. Israël ne leur accorde généralement pas un statut de réfugiés, mais un asile temporaire, qui ne les autorise pas à travailler légalement. Beaucoup de commentateurs ont dénoncé la dérive populiste et xénophobe d'une partie de la classe politique israélienne.
Par Adrien Jaulmes
LeFigaro