EnQuête: Quelle lecture faites-vous de la situation actuelle du PDS ?
Saër Guèye: Au niveau du PDS, nous avons perdu le pouvoir en 2012. Nous avons subi trois ans d’agression. Mais cela n’a pas empêché la continuation des activités régulières au niveau interne et vis-à-vis du régime. L’opinion retiendra que pendant trois ans, il n’y a pas eu un seul pneu brulé et les manifestations autorisées ont toujours fait l’objet d’une mobilisation extraordinaire. Celles non autorisées avec l’accueil du président Abdoulaye Wade ont drainé des millions de personnes à Dakar et à Touba, et près d’un million et demi le 21 avril dernier. Des manifestations ont eu aussi lieu en avril pour la libération de Karim Wade et des otages politiques. Des dizaines de milliers de Sénégalais se sont mobilisés à l’occasion. Cela veut dire simplement que ceux qui doutent de la légitimité, de la représentativité du PDS et de sa position de leader de l’opposition ont tort. Cela veut dire que le PDS en tant que cadre politique ayant consolidé un bilan derrière la vision de Wade, malgré les répressions et les privations de libertés, est un parti politique très fort. Maintenant il y a des difficultés. Je verserai dans la démagogie si je dis que tout se passe bien.
Justement quelles sont ces difficultés ?
Les difficultés sont de trois ordres. On ne peut pas donner à quelqu’un du courage. Au niveau du PDS, il y a des responsables qui se sont embourgeoisés, ils ont dû commettre dans leur conscience des fautes qui les compromettent pour mener un combat. Ils ne sont plus libres. Et eux seuls savent. Mais ils sont trahis par leurs positions dans le parti qui est aujourd’hui dans l’opposition. Ils se cachent à l’Assemblée nationale ; ils se ruent derrière les postes de maire et de conseil départemental pour se protéger. Pour eux, c’est fini, ils ne peuvent plus être des responsables. Parmi ceux-là, il y en a certains que tout le monde connaît, qui ne se mettent jamais dans le combat parce qu’on ne peut pas être militant et être privé de la liberté. Alors qu’il n’y a que la liberté qui est déterminante ; il n’y a que l’offre politique qui est une alternative pour permettre de crédibiliser le discours politique. Il y a certains parmi nous, si je les croise dans une réunion, je leur dirai directement qu’ils ne mouillent jamais le maillot ; qu’ils ne prennent aucun risque. L’autre problème, c’est que dans la perspective de cette recomposition et de cette reprise du pouvoir, il y en a certains qui veulent mener un chantage, qui veulent mener leur propre agenda et qui mettent quelques responsables derrière eux pour revendiquer un mouvement ou un parti politique qui leur servirait demain de passerelle. Voilà le réel problème du PDS. Il n’y a pas besoin de dire qu’untel ou untel négocie avec le régime. Il n’y a qu’à voir certains comportements, pour savoir qui est avec le régime. Quand vous êtes dirigeant d’un parti d’opposition assumant des postes politiques, vous devez être au devant de la scène quand on arrête des citoyens. Tout le monde sait que le procès de Karim Wade ainsi que les arrestations d’Aïda Ndiongue et d’Aziz Diop frisent le ridicule. Le régime n’a aucune preuve contre eux. Il veut tout simplement atteindre le PDS.
Mais qui sont ces responsables libéraux qui fuient le combat avec le régime ?
Je ne citerai pas de noms, ils se reconnaîtront.
Pourquoi vous ne pouvez pas aller au fond des choses en citant nommément les mis en cause ?
Ces personnes qui refusent de mouiller le maillot ont été tous identifiés par les militants. C’est un secret de polichinelle que certains responsables sont de mèche avec le pouvoir.
Donc selon vous, le PDS est infiltré par le régime ?
Le PDS est infiltré par le régime et certains de ses responsables ont démissionné de fait. Beaucoup de responsables du parti ou des initiateurs de mouvements karimistes ne sont plus avec nous. Parce qu’être avec nous ne signifie pas venir assister à toutes nos réunions et être toujours au devant de la scène. C’est être dans tout le processus de prise en charge des préoccupations du parti. Or, l’une des préoccupations du PDS, c’est sa liberté que le régime tente de lui confisquer. Quand on vous prive un an de votre liberté, vous ne pouvez rien faire, vous ne pouvez pas travailler, vous ne pouvez pas non plus prendre en charge correctement les préoccupations du parti. Si un frère de parti se voit privé de liberté, le minimum, c’est d’être solidaire. Maintenant, la résistance à l’oppression est un principe de droit. La majorité des Sénégalais sont déçus par le régime. Ils sont prêts à engager le combat, il suffit juste de les organiser et les encadrer. Il faut juste leur montrer qu’il y a des responsables qui sont là, qui sont avec eux et qui cautionnent un combat loyal.
Quelle est aujourd’hui la ligne de conduite que le PDS devait avoir pour faire face au régime ?
Il faut multiplier les manifestations. Certes le pouvoir s’acquiert par les urnes mais si les citoyens sortent eux-mêmes et se mobilisent, le vote ne devient qu’une formalité. Le pouvoir s’acquiert dans la rue en mobilisant les citoyens à temps en perspective des élections. Un parti qui ne mobilise pas est voué à l’échec.
Des manifestations, le PDS en a initié une série. Seulement, elles se heurtent le plus souvent à une interdiction préfectorale. Que faut-il faire face à cette situation ?
Malgré l’interdiction préfectorale dont vous faites allusion, il a été demandé aux sections de se mobiliser et de manifester à la base.
Mais est-ce que cela n’est pas une manière de fuir le combat ?
En tout cas moi personnellement, je ne suis pas pour qu’on nous refuse nos manifestations et qu’on obtempère. Nous sommes dans le cadre d’un régime déclaratif. On ne demande pas une autorisation, on fait juste une déclaration de manifestation qui est inscrite dans la constitution. Macky Sall a utilisé le kérosène du Sénégal pour aller jusqu’en France organiser une marche au nom d’une liberté qu’on prive aux autres. Il est dans son rôle. Mais cela ne doit pas nous empêcher de manifester.
On a comme l’impression qu’au niveau du PDS, on n’arrive pas à parler le même langage sur l’opportunité de multiplier les manifestations ?
C’est cela la triste réalité malheureusement. Mais ceux qui sont contre cela sont une portion, une minorité qu’on compte au bout du doigt. Ils sont de connivence avec le régime parce qu’ils préservent des intérêts et ont un agenda personnel de positionnement. En tout cas moi, je ne vais pas faire la fine bouche.
Les lignes de fracture semblent se dessiner au sein du PDS. N’allez-vous pas vers un éclatement ?
Le camp de Karim Wade et celui du PDS n’ont pas de problèmes particuliers. Par contre, ceux qui ont des problèmes avec le PDS, sont ceux-là qui n’osent pas affirmer leur position. Malgré tout, nous allons prendre nos dispositions pour anéantir leur stratégie d’anéantissement interne du PDS.
EnQuête
Saër Guèye: Au niveau du PDS, nous avons perdu le pouvoir en 2012. Nous avons subi trois ans d’agression. Mais cela n’a pas empêché la continuation des activités régulières au niveau interne et vis-à-vis du régime. L’opinion retiendra que pendant trois ans, il n’y a pas eu un seul pneu brulé et les manifestations autorisées ont toujours fait l’objet d’une mobilisation extraordinaire. Celles non autorisées avec l’accueil du président Abdoulaye Wade ont drainé des millions de personnes à Dakar et à Touba, et près d’un million et demi le 21 avril dernier. Des manifestations ont eu aussi lieu en avril pour la libération de Karim Wade et des otages politiques. Des dizaines de milliers de Sénégalais se sont mobilisés à l’occasion. Cela veut dire simplement que ceux qui doutent de la légitimité, de la représentativité du PDS et de sa position de leader de l’opposition ont tort. Cela veut dire que le PDS en tant que cadre politique ayant consolidé un bilan derrière la vision de Wade, malgré les répressions et les privations de libertés, est un parti politique très fort. Maintenant il y a des difficultés. Je verserai dans la démagogie si je dis que tout se passe bien.
Justement quelles sont ces difficultés ?
Les difficultés sont de trois ordres. On ne peut pas donner à quelqu’un du courage. Au niveau du PDS, il y a des responsables qui se sont embourgeoisés, ils ont dû commettre dans leur conscience des fautes qui les compromettent pour mener un combat. Ils ne sont plus libres. Et eux seuls savent. Mais ils sont trahis par leurs positions dans le parti qui est aujourd’hui dans l’opposition. Ils se cachent à l’Assemblée nationale ; ils se ruent derrière les postes de maire et de conseil départemental pour se protéger. Pour eux, c’est fini, ils ne peuvent plus être des responsables. Parmi ceux-là, il y en a certains que tout le monde connaît, qui ne se mettent jamais dans le combat parce qu’on ne peut pas être militant et être privé de la liberté. Alors qu’il n’y a que la liberté qui est déterminante ; il n’y a que l’offre politique qui est une alternative pour permettre de crédibiliser le discours politique. Il y a certains parmi nous, si je les croise dans une réunion, je leur dirai directement qu’ils ne mouillent jamais le maillot ; qu’ils ne prennent aucun risque. L’autre problème, c’est que dans la perspective de cette recomposition et de cette reprise du pouvoir, il y en a certains qui veulent mener un chantage, qui veulent mener leur propre agenda et qui mettent quelques responsables derrière eux pour revendiquer un mouvement ou un parti politique qui leur servirait demain de passerelle. Voilà le réel problème du PDS. Il n’y a pas besoin de dire qu’untel ou untel négocie avec le régime. Il n’y a qu’à voir certains comportements, pour savoir qui est avec le régime. Quand vous êtes dirigeant d’un parti d’opposition assumant des postes politiques, vous devez être au devant de la scène quand on arrête des citoyens. Tout le monde sait que le procès de Karim Wade ainsi que les arrestations d’Aïda Ndiongue et d’Aziz Diop frisent le ridicule. Le régime n’a aucune preuve contre eux. Il veut tout simplement atteindre le PDS.
Mais qui sont ces responsables libéraux qui fuient le combat avec le régime ?
Je ne citerai pas de noms, ils se reconnaîtront.
Pourquoi vous ne pouvez pas aller au fond des choses en citant nommément les mis en cause ?
Ces personnes qui refusent de mouiller le maillot ont été tous identifiés par les militants. C’est un secret de polichinelle que certains responsables sont de mèche avec le pouvoir.
Donc selon vous, le PDS est infiltré par le régime ?
Le PDS est infiltré par le régime et certains de ses responsables ont démissionné de fait. Beaucoup de responsables du parti ou des initiateurs de mouvements karimistes ne sont plus avec nous. Parce qu’être avec nous ne signifie pas venir assister à toutes nos réunions et être toujours au devant de la scène. C’est être dans tout le processus de prise en charge des préoccupations du parti. Or, l’une des préoccupations du PDS, c’est sa liberté que le régime tente de lui confisquer. Quand on vous prive un an de votre liberté, vous ne pouvez rien faire, vous ne pouvez pas travailler, vous ne pouvez pas non plus prendre en charge correctement les préoccupations du parti. Si un frère de parti se voit privé de liberté, le minimum, c’est d’être solidaire. Maintenant, la résistance à l’oppression est un principe de droit. La majorité des Sénégalais sont déçus par le régime. Ils sont prêts à engager le combat, il suffit juste de les organiser et les encadrer. Il faut juste leur montrer qu’il y a des responsables qui sont là, qui sont avec eux et qui cautionnent un combat loyal.
Quelle est aujourd’hui la ligne de conduite que le PDS devait avoir pour faire face au régime ?
Il faut multiplier les manifestations. Certes le pouvoir s’acquiert par les urnes mais si les citoyens sortent eux-mêmes et se mobilisent, le vote ne devient qu’une formalité. Le pouvoir s’acquiert dans la rue en mobilisant les citoyens à temps en perspective des élections. Un parti qui ne mobilise pas est voué à l’échec.
Des manifestations, le PDS en a initié une série. Seulement, elles se heurtent le plus souvent à une interdiction préfectorale. Que faut-il faire face à cette situation ?
Malgré l’interdiction préfectorale dont vous faites allusion, il a été demandé aux sections de se mobiliser et de manifester à la base.
Mais est-ce que cela n’est pas une manière de fuir le combat ?
En tout cas moi personnellement, je ne suis pas pour qu’on nous refuse nos manifestations et qu’on obtempère. Nous sommes dans le cadre d’un régime déclaratif. On ne demande pas une autorisation, on fait juste une déclaration de manifestation qui est inscrite dans la constitution. Macky Sall a utilisé le kérosène du Sénégal pour aller jusqu’en France organiser une marche au nom d’une liberté qu’on prive aux autres. Il est dans son rôle. Mais cela ne doit pas nous empêcher de manifester.
On a comme l’impression qu’au niveau du PDS, on n’arrive pas à parler le même langage sur l’opportunité de multiplier les manifestations ?
C’est cela la triste réalité malheureusement. Mais ceux qui sont contre cela sont une portion, une minorité qu’on compte au bout du doigt. Ils sont de connivence avec le régime parce qu’ils préservent des intérêts et ont un agenda personnel de positionnement. En tout cas moi, je ne vais pas faire la fine bouche.
Les lignes de fracture semblent se dessiner au sein du PDS. N’allez-vous pas vers un éclatement ?
Le camp de Karim Wade et celui du PDS n’ont pas de problèmes particuliers. Par contre, ceux qui ont des problèmes avec le PDS, sont ceux-là qui n’osent pas affirmer leur position. Malgré tout, nous allons prendre nos dispositions pour anéantir leur stratégie d’anéantissement interne du PDS.
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