LE FIGARO. - Pourquoi cette poussée de fièvre maintenant?
Mathieu DUCHATEL. - La tension n'a cessé de monter ces derniers mois. Elle a culminé quand le gouvernement japonais a pris une décision symbolique forte, celle d'acheter les îles. Paradoxalement, il s'agissait plutôt d'apaiser les choses, en évitant que cela soit le maire de Tokyo qui les achète au nom de la ville, sachant qu'il est proche des milieux nationalistes qui auraient eu accès aux îles.
Cette crise n'offre-t-elle pas un écran de fumée commode à la Chine alors que la transition politique est perturbée par les scandales et les rumeurs?
Il est vrai que le matraquage médiatique est impressionnant. Mais en même temps, j'ai l'impression que l'ampleur des manifestations peut gêner les dirigeants chinois, alors que la transition politique nécessite de la stabilité avant tout. En fait, je pense qu'il y a en Chine un décalage entre la manière dont une telle crise est traitée dans les médias et la façon dont est conduite la politique étrangère. Mais ce jeu peut être dangereux.
Quelle est la nature de cette ire populaire chinoise?
Ce qui est frappant, c'est que les manifestants sont avant tout des jeunes désœuvrés ou au chômage, pas les fameux «intellectuels énervés» que l'on entend parfois. La politisation semble faible, et cette partie de la population n'est pas forcément représentative.
Les militaires chinois poussent-ils à la radicalisation?
Au-delà des discours musclés de certaines figures des milieux de défense dans les médias, il n'y a pas de signe de forte implication de l'armée. Le jour où la Chine enverra un bateau de guerre dans la zone, il y aura une nette escalade. Pour l'heure, elle se contente de navires civils de l'Administration océanique d'État (SOA).
Au-delà des questions de souveraineté et de fierté nationale, les enjeux sont-ils avant tout économiques?
Il y a bien sûr le pétrole et le gaz. Mais il ne faut pas sous-estimer les intérêts stratégiques. Les Chinois estiment que depuis ces îles, les Japonais - donc les Américains - peuvent surveiller tout le trafic maritime et sous-marin qui passe par ces détroits. Et cela ne leur plaît pas du tout…
Par Arnaud de La Grange
Mathieu DUCHATEL. - La tension n'a cessé de monter ces derniers mois. Elle a culminé quand le gouvernement japonais a pris une décision symbolique forte, celle d'acheter les îles. Paradoxalement, il s'agissait plutôt d'apaiser les choses, en évitant que cela soit le maire de Tokyo qui les achète au nom de la ville, sachant qu'il est proche des milieux nationalistes qui auraient eu accès aux îles.
Cette crise n'offre-t-elle pas un écran de fumée commode à la Chine alors que la transition politique est perturbée par les scandales et les rumeurs?
Il est vrai que le matraquage médiatique est impressionnant. Mais en même temps, j'ai l'impression que l'ampleur des manifestations peut gêner les dirigeants chinois, alors que la transition politique nécessite de la stabilité avant tout. En fait, je pense qu'il y a en Chine un décalage entre la manière dont une telle crise est traitée dans les médias et la façon dont est conduite la politique étrangère. Mais ce jeu peut être dangereux.
Quelle est la nature de cette ire populaire chinoise?
Ce qui est frappant, c'est que les manifestants sont avant tout des jeunes désœuvrés ou au chômage, pas les fameux «intellectuels énervés» que l'on entend parfois. La politisation semble faible, et cette partie de la population n'est pas forcément représentative.
Les militaires chinois poussent-ils à la radicalisation?
Au-delà des discours musclés de certaines figures des milieux de défense dans les médias, il n'y a pas de signe de forte implication de l'armée. Le jour où la Chine enverra un bateau de guerre dans la zone, il y aura une nette escalade. Pour l'heure, elle se contente de navires civils de l'Administration océanique d'État (SOA).
Au-delà des questions de souveraineté et de fierté nationale, les enjeux sont-ils avant tout économiques?
Il y a bien sûr le pétrole et le gaz. Mais il ne faut pas sous-estimer les intérêts stratégiques. Les Chinois estiment que depuis ces îles, les Japonais - donc les Américains - peuvent surveiller tout le trafic maritime et sous-marin qui passe par ces détroits. Et cela ne leur plaît pas du tout…
Par Arnaud de La Grange