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L'appel désespéré du «dalaï-lama de l'Amazonie» au Brésil

Rédigé par leral.net le Mercredi 20 Juin 2012 à 09:46 | | 0 commentaire(s)|

A la veille de la Conférence des Nations unies sur le développement durable, qui accueille les chefs d'Etat du monde entier du 20 au 22 juin, le leader indien de renommée internationale Davi Kopenawa a lancé un appel pour la protection d'une tribu amazonienne menacée d'extinction. Les Awá-Guajá, l'un des derniers peuples isolés de la planète, vivent essentiellement de la chasse, dans les forêts de l'Etat du Maranhão (nord-est du Brésil). Mais les 450 indigènes vivent sous la menace de bûcherons clandestins.


L'appel désespéré du «dalaï-lama de l'Amazonie» au Brésil
Tandis que débute la saison sèche propice à la déforestation, «les activités des bûcherons et des éleveurs ont atteint un point critique. Près de 30% de l'une des réserves awá légalement protégées a été détruite. Les forêts des Awá disparaissent plus vite qu'aucun autre territoire indigène du Brésil», constate l'association Survival International.

«Si nous avons quelque chose à retenir du Sommet de la Terre de 1992, c'est que les promesses bien intentionnées sont inutiles si elles ne sont pas suivies d'une action concrète. Les autorités brésiliennes doivent tenir leur parole: si le territoire des Awá n'est pas dûment protégé, ils n'existeront plus dans 20 ans», affirme le directeur de l'ONG, Stephen Corry. Ces dernières années, chaque nouvelle saison sèche a entraîné un afflux plus important de bûcherons clandestins dans les territoires awá, qui connaissent le taux de déforestation le plus élevé d'Amazonie.

«Les bûcherons clandestins désirent clairement se débarrasser des Awá, qu'ils jugent dérangeants. Les éleveurs quant à eux rasent et incendient les forêts pour y faire paître leurs bêtes. Il existe aujourd'hui un réel risque de génocide à l'encontre de ce peuple», s'alarme Sophie Baillon, porte-parole de Survival International en France.

Pour Davi Kopenawa, connu pour avoir défendu pendant plusieurs décennies les droits des tribus amazoniennes, l'unique façon de garantir la survie des Awá est de protéger leurs droits territoriaux.

«Combien de temps le gouvernement attendra-t-il encore avant de prendre des mesures pour expulser les colons, les éleveurs et les bûcherons clandestins et d'assurer la protection de leur territoire?», s'interroge le «dalaï-lama de l'Amazonie». Et d'exhorter les participants à Rio+20 à demander à la présidente brésilienne, Dilma Roussef, «d'agir de toute urgence» en faveur des Awá, en «mettant un terme» à la déforestation illégale.

Soutenu dans son action par l'acteur britannique Colin Firth, Survival International a dénoncé une loi adoptée en mai par le Parlement brésilien, assouplissant la protection des forêts. «Une loi profitant avant tout aux industriels», selon l'ONG. Dans une vidéo mise en ligne sur le site de l'association, Amiri, un porte-parole awá déclare: «Nous aussi sommes des êtres humains, vous ne pouvez pas nous abandonner… Vous pouvez nous aider en expulsant ces gens, les bûcherons. Vous avez le pouvoir de les expulser de notre territoire».

Marta Azevedo, présidente de la FUNAI, le département des affaires indigènes du gouvernement, a reconnu «l'extrême vulnérabilité» de ce territoire lors d'un récent voyage dans l'Etat du Marañhao. Elle a affirmé que cette région deviendrait une priorité absolue.



Par Fabien Soyez