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L’autre Takkal de Macky

Pour que Cheikh Tidiane Mbaye quitte son fauteuil de PCA de Sénélec, il faut que ce soit pour une bonne raison et, la nomination depuis hier mercredi 18 juillet de Pape Allé Dieng, transfuge du Ps et directeur général de Simelec, à la Direction générale de Senelec en remplacement de Seydina Kane, semble en être une bonne.


Rédigé par leral.net le Jeudi 19 Juillet 2012 à 18:56 | | 0 commentaire(s)|

L’autre Takkal de Macky
Une décision malheureuse, c’est le moins que l’on puisse dire à la suite du changement intervenu hier mercredi 18 juillet à la Direction générale de Senelec. Le conseil d’administration de l’entreprise nationale d’électricité qui s’est réuni dans la matinée, a tout bonnement pris la décision de limoger le jusque-là Directeur général, Seydina Issa Kane. Si cette décision ne représente pas en soi une surprise si l’on considère que la plupart des observateurs notamment par voie de presse, ont depuis l’avènement du nouveau gouvernement, envisagé son départ de la tête de la boîte. La surprise et plus encore le choc, vient plutôt de son remplaçant désigné qui répond au nom de Pape Allé Dieng et qui n’est autre que l’administrateur de la société Simelec (Société industrielle des matériels électriques), une société créée par Senelec et qui en est le principal fournisseur en compteurs électriques. Suffisant pour que Cheikh Tidiane Mbaye, président du Conseil d’administration de Senelec depuis 2010, claque la porte et rend le tablier après avoir, dit-on, refusé de signer le procès verbal de la réunion du conseil pour cause de « violation des règles de bonne gouvernance ». C’est le moins que l’on puisse dire.

Le beurre et l’argent du beurre

Le bienheureux nouveau directeur général de Senelec avait eu l’heur de sauter sur le plan social que proposait la réforme institutionnelle de Sénégal en 1998 pour faire un départ volontaire. Parti de Senelec avec un pactole d’environ 40 millions de FCfa en poche, Pape Allé Dieng s’est retrouvé, quelques années plus tard, à la tête de Simelec, société anonyme de droit sénégalais créée en 1999 par… Senelec dirigée alors par Abdourahmane Ndir et dont l’activité principale est la fabrication de matériels électriques basse Tension. Précisément des compteurs électromécaniques et qui a, depuis, fait de Simelec le principal fournisseur de compteurs M2X (monophasé sous licence ITRON ex Actaris). Un marché jugé alors « irrégulier » parce que basé sur une convention en mauvaise et indue forme. Un marché que Karim Wade, alors ministre en charge de l’Energie, avait voulu « casser » en décidant dans le cadre de son plan TAKKAL, d’importer directement quelque 650.000 compteurs électriques pour le compte de cette dernière (la Gazette du 15 septembre 2011).

La Simelec de Pape Allé Dieng puisqu’il détiendrait, lui-même, quelque 12 voire 13% des actions, est ainsi depuis 2003 et jusqu’à 2013, fournisseur exclusif de Senelec en compteurs électromécaniques. Si l’on considère les 980 000 clients de Senelec dont l’évolution de la clientèle augmente annuellement de 8 à 10%, c’est en termes de milliards que se chiffre la facture de Senelec pour l’installation de ses compteurs dont la mauvaise qualité avait d’ailleurs été dénoncée par le collectif des imams de Guédiawaye. Mauvaise qualité démontrée par la suite par les conclusions des audits commandités dans le cadre du Plan Takkal. Senelec représenterait ainsi 90% du chiffre d’affaires de Simelec qui tourne autour de 4 milliards de FCfa. On comprend dès lors comment Karim Wade n’a pas pu (ou voulu ?) « casser » ce marché juteux et douteux.

La confirmation des lobbies

A mesure que les audits se « déroulent », le président Macky Sall semble par ailleurs étendre ses tentacules au niveau des stations stratégiques de l’Etat. Après le lobby du pétrole avec le patron de Itoc dont il a fait son conseiller (un scandale digne de son prédécesseur), Macky Sall consacre celui du marché des compteurs qui se chiffre à plus de 4 milliards de FCfa, en faisant entrer désormais le loup dans la bergerie. Du coup, le président de la République encourage la transhumance politicienne qu’il disait combattre en parlant de « rupture » dans la façon de diriger. Le nouveau DG de Senelec vient en effet, d’enjamber la lagune du Parti socialiste pour se retrouver à l’autre bord, à l’Apr de Macky. Le pas est vite franchi pour affirmer qu’il s’agit-là d’une récompense électorale. Des sources dignes de foi confient en outre que la nomination de Pape Allé Dieng à la tête de la Senelec, il le devrait davantage à son épouse qui, militante auprès de Macky, aurait travaillé celui-ci à cet effet. On comprend davantage pourquoi Cheikh Tidiane Mbaye a Préféré Choisir Autre (PCA) chose que cette décision scandaleuse.


Source:sudonline.sn