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« L’homosexualité est un problème de société » (Macky Sall)

Rédigé par leral.net le Vendredi 14 Juin 2013 à 15:54 | | 0 commentaire(s)|

Dans un entretien paru dans la presse le lundi 10 juin 2013, M. Seydou Guèye, Secrétaire Général du Gouvernement et membre de l’Alliance Pour la République (APR) de Macky Sall reproche au Parti Démocratique Sénégalais (PDS) de faire du débat sur la dépénalisation du délit de l’homosexualité et de la légalisation du mariage entre personnes de même sexe « un cheval de bataille ».


« L’homosexualité est un problème de société » (Macky Sall)
Selon lui, « le Parti démocratique sénégalais est dans son rôle et sa position de parti d'opposition. Mais parfois, ce parti s'oppose d'une façon qui gêne les Sénégalais puisqu'il convoque dans le débat public des catégories qui ne sont pas politiques, c'est-à-dire parler des orientations sexuelles des uns et des autres ; ce n'est pas ce qui peut constituer une alternative pour le Sénégal ».

A lire Seydou Guèye, la question de l’homosexualité telle qu’elle est posée par le Parti Démocratique Sénégalais s’immisce dans la vie privée des individus concernés. Ce qu’il appelle les « orientations sexuelles des uns et des autres ». Il ajoute qu’elle n’est pas du champ politique. A la fin, il affirme qu’elle ne peut constituer une alternative.

Sur le premier point, il est faux de dire, au vu du stade atteint et de la forme prise par la question de l’homosexualité, qu’elle est strictement de la sphère privée et concerne l’intégrité de ceux qui ont cette attirance. Depuis un certain temps, cette problématique est venue frapper à nos portes, après avoir réussi des avancées gigantesques dans la reconnaissance de ses droits dans le monde. L’Afrique du Sud a franchi le pas en légalisant le mariage gay ouvrant la voie vers la conquête de ce type de permissivité dans les autres pays africains. Ces derniers subissent des assauts venant de France, de Grande-Bretagne et des Etats-Unis pour qu’ils en fassent de même.

Dans une seconde appréciation, Seydou Guèye parle d’alternative. Dans le Larousse, ce terme est défini comme : succession d'états opposés qui reviennent plus ou moins régulièrement ; obligation de choisir entre deux possibilités ; possibilité de faire alterner, de faire succéder deux partis opposés ; système de deux propositions telles que la vérité de l'une entraîne la fausseté de l'autre, et réciproquement. La question est de savoir une alternative par rapport à quoi ? Quel est l’autre terme de l’alternative ?
Donc dans la logique de Seydou Guèye, le PDS convoque dans le débat des catégories non politiques, qu’il considère comme publiques et qu’il appliquerait s’il arrivait au pouvoir. C’est ce qui s’appelle du charabia.

Seydou Guèye a tout faux. L’affaire est plus simple.

En fait, ce qui est ici en cause, ce n’est pas la vie privée des individus et leurs « orientations sexuelles ». L’homosexualité est venue sur le devant de la scène parce que, comme en France, les lobbies gays veulent généraliser la dépénalisation du délit de relations contre nature et la liberté de l’union homosexuelle. Il n’est plus possible de parler de vie privée quand le mariage de deux hommes ou de deux femmes est autorisé et encadré par la loi.

Il faut rappeler à Seydou Guèye que c’est la base de la société, la famille, qui est en train d’être modifiée en profondeur. Toute mesure visant à un changement fondamental dans la façon dont la société gère sa reproduction va au-delà « des orientations sexuelles des uns et des autres ». Si on ne peut pas parler de « catégories politiques » lorsqu’il est permis de créer une cellule familiale comprenant un « homme mère » ou « une femme père », il est louable de se poser la question sur la définition même de la politique.

Répondant à une question d’un étudiant lors de la conférence à l’université de Harvard en mai 2013, Macky Sall disait, parlant des homosexuels, que « les minorités doivent être protégées ». (Source http://www.youtube.com/watch?v=-oDD_Eoqhds)
Dans un article repris par The Associated Press, la journaliste Julie Pace dit, à propos de la visite de Barack Obama en Afrique : « President Barack Obama's trip to Africa next month may result in a stark juxtaposition between the growing power of the gay rights movement in the U.S. and the criminalization of homosexuality throughout the African continent ». (Source http://abcnews.go.com/Politics/wireStory/gay-rights-cases-trail-obama-africa-19293924#.UbmUIxY2fss)

Dans une déclaration précédente, le candidat Macky Sall, admis au second tour de l’élection présidentielle, prône une « gestion responsable » de la question de l’homosexualité. Il ajoute que « l’homosexualité est un problème de société ». (Source : http://ilga.org/ilga/fr/article/nrnda4i1MJ)

Se référant à toutes ces annonces, il paraît extrêmement difficile de limiter ce problème au rayon de la vie privée.
Tant qu’il s’agit de l’espace privé des personnes, le PDS, ne se mêle pas « des orientations sexuelles des uns et des autres ». Mais au-delà, lorsqu’il s’agit de légiférer, d’organiser des « lesbian and gay pride » ou d’avoir des espaces réservés, les citoyens de toute obédience politique manifesteront leur choix comme cela s’était fait en France et espérons-le avec plus de chance. Arrivé ce moment, Seydou Guèye sera de quel côté ?

Sahnoun Ndiaye