De notre correspondant à Jérusalem
Les efforts israéliens pour obtenir un soutien russe contre le programme nucléaire iranien n'ont pas obtenu de réponse claire de Vladimir Poutine. Arrivé en Israël pour une visite de deux jours à la tête d'une délégation de 300 personnes, le président russe s'est entretenu longuement avec Benyamin Nétanyahou sur ce sujet, mais s'est contenté de souhaiter que «le sujet soit résolu pacifiquement pour le bien de toutes les parties».
Poutine a aussi évoqué la nécessité de reprendre les négociations avec les Palestiniens, au point mort depuis 2010. Le président russe doit rencontrer mardi le président palestinien.
Contrebalancer la domination américaine
Consacrée officiellement à l'inauguration dans la station balnéaire de Netanya d'un monument à la mémoire des soldats de l'Armée rouge tombés contre l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, une énorme paire d'ailes en ciment surplombant la mer, et à celle d'un centre culturel russe à Bethléem, la visite de Poutine est surtout destinée à marquer le grand retour de la Russie sur la scène diplomatique au Moyen-Orient.
Après les années d'éclipse qui ont suivi la chute de l'URSS, la Russie entend redevenir un acteur de premier plan dans la région, et contrebalancer la domination américaine, incontestée depuis la fin de la guerre froide. Les Israéliens, qui ont eu plusieurs sujets de contentieux avec les Russes, font tout pour s'assurer des bonnes dispositions de Moscou, dont l'influence est capitale dans les dossiers iranien et syrien.
Moscou est un intermédiaire essentiel dans les difficiles négociations pour convaincre Téhéran de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium. Le droit de veto russe au Conseil de sécurité de l'ONU fait de Moscou un partenaire indispensable au vote de sanctions internationales, mais pas toujours facile à convaincre. Les Russes ont exigé et obtenu à plusieurs reprises la limitation de certaines de ces sanctions.
Combustible russe pour les centrales israéliennes
Moscou a aussi fourni à Téhéran la centrale nucléaire à Buchehr, programme auquel s'opposait Israël. Entrée en service en 2011 et fonctionnant avec du combustible russe, cette centrale devrait pendant quelques années être exploitée par des ingénieurs russes avant de passer sous contrôle de l'Iran.
La Russie a en revanche gelé un contrat de livraison de son système de défense antiaérienne S-300 à Téhéran, se conformant ainsi aux sanctions internationales. La perspective de voir l'Iran doté de ces armes sophistiquées avait été longtemps un sujet d'inquiétude pour Israël, qui n'exclut pas de recourir à des frappes aériennes en cas d'échec de la diplomatie.
Le dossier syrien est venu s'ajouter à celui de l'Iran. La Russie a jusqu'à présent bloqué le vote par le Conseil de sécurité de plusieurs résolutions internationales condamnant le régime de Bachar el-Assad, et continue de livrer des armes à la Syrie. Le système S-300 refusé à l'Iran aurait été livré à Damas, et des navires russes débarquent régulièrement du matériel militaire dans le port syrien de Tartous.
Hypothèse inquiétante
Israël a récemment condamné la répression du régime syrien, et semble à présent souhaiter sa chute, qui priverait le Hezbollah de sa base arrière syrienne, et l'Iran d'un allié important dans la région. Mais la perspective de voir des systèmes d'armes sophistiqués tomber entre les mains du Hezbollah ou d'autres groupes armés reste une hypothèse inquiétante pour Israël, qui fait de sa supériorité aérienne absolue l'une des clés de sa sécurité régionale.
Dans le «Quartier russe» de Jérusalem, les drapeaux russes flottent de nouveau sur le palais Sergueï. Cet ancien hospice pour la noblesse russe, construit au XIXe siècle par le grand-duc Sergueï, frère du tsar, est sur le point d'être restitué à la Russie. Décidée en 2008 par le gouvernement Olmert, cette restitution est vue comme un geste de bonne volonté d'Israël au président Poutine.
Par Adrien Jaulmes
Le Figaro
Les efforts israéliens pour obtenir un soutien russe contre le programme nucléaire iranien n'ont pas obtenu de réponse claire de Vladimir Poutine. Arrivé en Israël pour une visite de deux jours à la tête d'une délégation de 300 personnes, le président russe s'est entretenu longuement avec Benyamin Nétanyahou sur ce sujet, mais s'est contenté de souhaiter que «le sujet soit résolu pacifiquement pour le bien de toutes les parties».
Poutine a aussi évoqué la nécessité de reprendre les négociations avec les Palestiniens, au point mort depuis 2010. Le président russe doit rencontrer mardi le président palestinien.
Contrebalancer la domination américaine
Consacrée officiellement à l'inauguration dans la station balnéaire de Netanya d'un monument à la mémoire des soldats de l'Armée rouge tombés contre l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, une énorme paire d'ailes en ciment surplombant la mer, et à celle d'un centre culturel russe à Bethléem, la visite de Poutine est surtout destinée à marquer le grand retour de la Russie sur la scène diplomatique au Moyen-Orient.
Après les années d'éclipse qui ont suivi la chute de l'URSS, la Russie entend redevenir un acteur de premier plan dans la région, et contrebalancer la domination américaine, incontestée depuis la fin de la guerre froide. Les Israéliens, qui ont eu plusieurs sujets de contentieux avec les Russes, font tout pour s'assurer des bonnes dispositions de Moscou, dont l'influence est capitale dans les dossiers iranien et syrien.
Moscou est un intermédiaire essentiel dans les difficiles négociations pour convaincre Téhéran de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium. Le droit de veto russe au Conseil de sécurité de l'ONU fait de Moscou un partenaire indispensable au vote de sanctions internationales, mais pas toujours facile à convaincre. Les Russes ont exigé et obtenu à plusieurs reprises la limitation de certaines de ces sanctions.
Combustible russe pour les centrales israéliennes
Moscou a aussi fourni à Téhéran la centrale nucléaire à Buchehr, programme auquel s'opposait Israël. Entrée en service en 2011 et fonctionnant avec du combustible russe, cette centrale devrait pendant quelques années être exploitée par des ingénieurs russes avant de passer sous contrôle de l'Iran.
La Russie a en revanche gelé un contrat de livraison de son système de défense antiaérienne S-300 à Téhéran, se conformant ainsi aux sanctions internationales. La perspective de voir l'Iran doté de ces armes sophistiquées avait été longtemps un sujet d'inquiétude pour Israël, qui n'exclut pas de recourir à des frappes aériennes en cas d'échec de la diplomatie.
Le dossier syrien est venu s'ajouter à celui de l'Iran. La Russie a jusqu'à présent bloqué le vote par le Conseil de sécurité de plusieurs résolutions internationales condamnant le régime de Bachar el-Assad, et continue de livrer des armes à la Syrie. Le système S-300 refusé à l'Iran aurait été livré à Damas, et des navires russes débarquent régulièrement du matériel militaire dans le port syrien de Tartous.
Hypothèse inquiétante
Israël a récemment condamné la répression du régime syrien, et semble à présent souhaiter sa chute, qui priverait le Hezbollah de sa base arrière syrienne, et l'Iran d'un allié important dans la région. Mais la perspective de voir des systèmes d'armes sophistiqués tomber entre les mains du Hezbollah ou d'autres groupes armés reste une hypothèse inquiétante pour Israël, qui fait de sa supériorité aérienne absolue l'une des clés de sa sécurité régionale.
Dans le «Quartier russe» de Jérusalem, les drapeaux russes flottent de nouveau sur le palais Sergueï. Cet ancien hospice pour la noblesse russe, construit au XIXe siècle par le grand-duc Sergueï, frère du tsar, est sur le point d'être restitué à la Russie. Décidée en 2008 par le gouvernement Olmert, cette restitution est vue comme un geste de bonne volonté d'Israël au président Poutine.
Par Adrien Jaulmes
Le Figaro