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L’offre aux entreprises: Ce levier qui manque à la politique économique du Président Macky Sall - Par Alioune Badara Sy

Le Sénégal, qui aspire à devenir un pays émergent d’ici à l’horizon 2035, est enlisé depuis 2006 dans un équilibre de croissance atone. Afin de stimuler le moteur de la croissance à moyen et long terme, il est indispensable que les pouvoirs publics initient des réformes structurelles pour renforcer et améliorer la compétitivité de nos entreprises à travers une politique ambitieuse de l’offre


Rédigé par leral.net le Lundi 22 Septembre 2014 à 09:54 | | 28 commentaire(s)|

L’offre aux entreprises: Ce levier qui manque à la politique économique du Président Macky Sall - Par Alioune Badara Sy
Le sentiment le mieux partagé dans le milieu du patronat sénégalais est que les gouvernements successifs de Macky Sall c'est :tout pour les ménages (bourses familiales , couverture maladie universelle, baisse inédite de l’impôt sur les salaires ….) et rien pour les entreprises sinon une augmentation de l’impôt sur les sociétés passées de 25 à 30% et l’adresse faite par le Président aux opérateurs Télécom réclamant la part de l’Etat dans la 4G depuis Paris lors du Groupe Consultatif sur le PSE ce qui n’est pas de nature à encourager les star up, moteurs de l’innovation et de l’économie de demain qui s’intéressent de plus en plus à l’Afrique, d’investir dans notre pays (1).

Même si ces mesures sont salutaires, le gouvernement qui espérait que cette manne distribuée générera une consommation qui à son tour va enclencher un cercle vertueux de création de richesses se rend compte des limites de son initiative : une croissance en hausse mais très peu soutenue (4.5 au lieu des 6% espérés), malgré une inflation maîtrisée (1.4%) pour améliorer la situation sur le marché de l’emploi qui doit absorber chaque année des milliers de nouveaux actifs. Seule une croissance soutenue grâce à un retour de l'investissement peut alimenter les recettes sur le long terme, abaisser le chômage, permettre une hausse des salaires et stimuler la consommation.

C’est pourquoi les pouvoirs publics auraient dû consacrer une partie de ces ressources pour alléger les charges des entreprises, leur faire gagner des points de compétitivité et améliorer leur taux de marge en contrepartie d’une politique plus audacieuse de recrutement surtout des jeunes .Et ce serait un message politique très fort destiné à rassurer les investisseurs quant aux intentions du pouvoir de soutenir et d’accompagner les entreprises seules lieues de création de richesse et d’emplois

UNE POLITIQUE DE L’OFFRE AUX ENTREPRISES

L'urgence est de restaurer la compétitivité des entreprises si nous ne voulons pas que le cortège des entreprises qui ferment par dizaines, selon le CNPS (Conseil National du Patronat du Sénégal), viennent assombrir l’idée que nous avons de notre pays et de son économie.

La politique de l’offre est nécessaire au Sénégal, pour mieuxs’insérer dans la mondialisation, mais aussi avec l’objectif d’améliorer la compétitivité-prix des entreprises sénégalaise, de restaurer leurs marges pour qu’elles puissent investir, se rééquiper, innover, monter en gamme et en qualité et, au bout du compte, exporter dans un espace CEDEAO où la concurrence l’emporte sur la coopération (pour preuve depuis 5 ans, le coût unitaire du travail ivoirien a baissé de 10 % par rapport à celui du Sénégal) et créer des emplois durables et de qualité

Les grands axes de cette politique de l’offre visant à favoriser l'entrepreneuriat et l'investissement dans le pays sont connus : assouplissement du code du travail et des impôts - le Sénégal est à la fois l’un des pays où l’on travaille le moins et où les entreprises sont les plus taxées en Afrique -, de l’allègement de leur coût ( en Ethiopie le nouveau atelier du monde à productivité égale le salaire moyen d’un ouvrier qualifié est 45% moins cher que celui de son homologue sénégalais) ,simplifications administratives, baisses des charges des entreprises, quelle école à l’ère du numérique, faciliter l’accès aux commandes publiques pour les PME (Petites et Moyennes Entreprises) qui sont un facteur clé de la croissance et de l’emploi. Au Sénégal, elles contribuent pour 35 % du PIB et 62% du total des emplois du secteur moderne.

L’Etat devrait en relation avec les chefs d’entreprise et les partenaires sociaux ouvrir au plus vite ces chantiers prioritaires pour inverser la spirale négative dans laquelle semble être entrées nos entreprises. La réussite du PSE passe par l’impérieuse nécessité de mener ces réformes structurelles visant à une refonte minutieuse de notre administration : introduire la culture de la gestion accès sur les résultats, s’attaquer aux défaillances des dispositifs inopérants de notre gouvernance, aux lacunes liées au suivi et à l’exécution des projets, aux lenteurs de la bureaucratie source d’imprécision, de temps perdus et d’inefficacité et qui nous coûtent 1.7 points de PIB soient 125 milliards de francs CFA selon le FMI

C’est à ce prix que le Sénégal peut à moyen terme retrouver son dynamisme économique et renouer avec une trajectoire de croissance. En effet la capacité du secteur privé à stimuler l’économie a été limitée en raison d’un environnement peu favorable à l’investissement et d’une baisse de sa compétitivité, qui s’expliquent par les défaillances des dispositifs de gouvernance, les lacunes liées au suivi de l’exécution des projets et une absence criarde d’une politique de l’offre aux entreprises. Les mauvaises performances du pays enregistrées en matière d’exportations (Le Sénégal perd encore une place et se classe 112e sur 144 pays dans l’indice mondial de la compétitivité pour l’année 2015) vient nous rappeler que des initiatives fortes doivent être prises pour éviter que ce déclin relatif nous entraîne dans un déclin absolu.

La clé c’est l’investissement, c’est par lui que nous parviendrons à créer de la croissance et de l’emploi dans ce pays.

(1) L’Etat sera plus inspiré à durcir la lutte contre l’évasion et l’évitement fiscaux des multinationales (estimés entre 50 et 60 milliards de dollars en Afrique) installées sur notre sol et qui leur permet d’échapper presque totalement à l’impôt ; ces nouvelles recettes générées permettraient de financer le retour à l’impôt sur les sociétés à 25 %.

Alioune Badara SY

Elu municipal APR, Adjoint au Maire de Kaolack