Le déplacement, mercredi, de l'opposition syrienne à Moscou s'est révélé totalement infructueux. «Nos points de vue avec la Russie continuent à diverger, nous nous y attendions», a reconnu Abdel Basset Sayda, le chef du Conseil national syrien (CNS), principale coalition d'opposition au régime de Damas.
Il s'exprimait à l'issue d'une rencontre avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, alors que sur le terrain, les violences ne faiblissent pas. Burhan Galioun qui, l'an dernier, en tant que chef du CNS, avait déjà effectué une visite similaire en Russie, s'est montré mercredi beaucoup moins diplomate: «En un an rien, absolument rien n'a changé. Je ne comprends pas la position des Russes», a-t-il déclaré.
Les infléchissements ponctuels de la politique du Kremlin à l'égard du régime de Damas ne seraient que des «masques» destinés à tromper notamment les Occidentaux. En réalité, Moscou «soutient» le régime de Bachar el-Assad, permettant à ce dernier de «poursuivre la violence».
Cette visite moscovite coïncidait avec le départ, mardi, d'un groupe de navires de guerre russes - dont un bâtiment de lutte anti-sous-marine - à destination de la base militaire russe de Tartous, située sur la côte syrienne. «Une coïncidence malheureuse», a jugé Abdel Basset Sayda. «Une provocation», a renchéri Burhan Galioun. Pour sa part, la Maison-Blanche n'a rien trouvé à redire à cette manœuvre militaire.
Parallèlement, le directeur adjoint du service fédéral russe de la coopération militaire, Viatcheslav Dzirkaln, a annoncé mercredi que les contrats d'armements, signés notamment en 2008 avec Damas, dont des systèmes de défense aérienne, seront «honorés» et les armes «livrées» à Damas. Devant l'opposition syrienne, Sergueï Lavrov s'est justifié en expliquant que ce matériel, n'étant pas destiné à réprimer la population civile, ne pouvait tomber sous le coup d'aucune sanction internationale.
Rester au centre du jeu
Les intérêts militaires et commerciaux de la Russie en Syrie sont bien compris et «nous devons les défendre», rappelle le président de la commission des Affaires étrangères à la Douma, Alexeï Pouchkov. Mais, devant ses interlocuteurs du CNS, Moscou a surtout insisté sur le «respect de la loi internationale», visant à empêcher toute intervention militaire étrangère sans résolution ad hoc de l'ONU.
Sergueï Lavrov a notamment rappelé le précédent de la guerre américaine en Irak, ainsi que l'intervention occidentale en Libye au printemps 2010. Persuadée que Washington n'enverra, au moins à moyen terme, aucune troupe en Syrie, le Kremlin s'agite sur le front diplomatique, avec pour obsession de rester au centre du jeu.
Mardi, Moscou a soumis au Conseil de sécurité une résolution non contraignante visant à prolonger de trois mois le mandat de supervision de l'ONU en Syrie, tout en réaffirmant le soutien au plan Annan. Un projet «en deçà des attentes», a estimé le Quai d'Orsay. Une démonstration supplémentaire du blocage russe, estime l'opposition syrienne, qui n'a pu qu'accroître la rancœur de ses dirigeants.
Kofi Annan s'exprime à l'ONU
L'émissaire international pour la Syrie, Kofi Annan, a demandé mercredi soir au Conseil de sécurité de l'ONU d'expliquer «clairement» au gouvernement et à l'opposition syrienne qu'ils s'exposeraient à des «conséquences» s'ils n'appliquent son plan de sortie de crise.
L'ancien secrétaire général de l'ONU s'exprimait à l'issue de sa visite à Damas, Téhéran et Bagdad qui lui a permis d'obtenir l'appui des autorités alliées du régime syrien sur son plan de sortie de crise. Celui-ci prévoit notamment la mise en place progressive d'un cessez-le-feu. Ce plan Annan est déjà la cible de virulentes critiques de la part du Conseil national syrien, qui a fait savoir son refus d'entamer des négociations avant le départ d'El-Assad, et des militants qui ont qualifié Annan d'«envoyé russo-iranien chargé de la protection de Bachar».
L'Iran préconise de son côté un contrôle des frontières syriennes pour empêcher la contrebande d'armes à ceux qu'il qualifie de «groupes armés». Malgré la multiplication des initiatives diplomatiques, 94 personnes ont encore péri mardi et mercredi dans des accrochages et bombardements à travers le pays, ce qui fait grimper le nombre de morts à plus de 17.000 depuis le début du conflit.
Par Pierre Avril
Il s'exprimait à l'issue d'une rencontre avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, alors que sur le terrain, les violences ne faiblissent pas. Burhan Galioun qui, l'an dernier, en tant que chef du CNS, avait déjà effectué une visite similaire en Russie, s'est montré mercredi beaucoup moins diplomate: «En un an rien, absolument rien n'a changé. Je ne comprends pas la position des Russes», a-t-il déclaré.
Les infléchissements ponctuels de la politique du Kremlin à l'égard du régime de Damas ne seraient que des «masques» destinés à tromper notamment les Occidentaux. En réalité, Moscou «soutient» le régime de Bachar el-Assad, permettant à ce dernier de «poursuivre la violence».
Cette visite moscovite coïncidait avec le départ, mardi, d'un groupe de navires de guerre russes - dont un bâtiment de lutte anti-sous-marine - à destination de la base militaire russe de Tartous, située sur la côte syrienne. «Une coïncidence malheureuse», a jugé Abdel Basset Sayda. «Une provocation», a renchéri Burhan Galioun. Pour sa part, la Maison-Blanche n'a rien trouvé à redire à cette manœuvre militaire.
Parallèlement, le directeur adjoint du service fédéral russe de la coopération militaire, Viatcheslav Dzirkaln, a annoncé mercredi que les contrats d'armements, signés notamment en 2008 avec Damas, dont des systèmes de défense aérienne, seront «honorés» et les armes «livrées» à Damas. Devant l'opposition syrienne, Sergueï Lavrov s'est justifié en expliquant que ce matériel, n'étant pas destiné à réprimer la population civile, ne pouvait tomber sous le coup d'aucune sanction internationale.
Rester au centre du jeu
Les intérêts militaires et commerciaux de la Russie en Syrie sont bien compris et «nous devons les défendre», rappelle le président de la commission des Affaires étrangères à la Douma, Alexeï Pouchkov. Mais, devant ses interlocuteurs du CNS, Moscou a surtout insisté sur le «respect de la loi internationale», visant à empêcher toute intervention militaire étrangère sans résolution ad hoc de l'ONU.
Sergueï Lavrov a notamment rappelé le précédent de la guerre américaine en Irak, ainsi que l'intervention occidentale en Libye au printemps 2010. Persuadée que Washington n'enverra, au moins à moyen terme, aucune troupe en Syrie, le Kremlin s'agite sur le front diplomatique, avec pour obsession de rester au centre du jeu.
Mardi, Moscou a soumis au Conseil de sécurité une résolution non contraignante visant à prolonger de trois mois le mandat de supervision de l'ONU en Syrie, tout en réaffirmant le soutien au plan Annan. Un projet «en deçà des attentes», a estimé le Quai d'Orsay. Une démonstration supplémentaire du blocage russe, estime l'opposition syrienne, qui n'a pu qu'accroître la rancœur de ses dirigeants.
Kofi Annan s'exprime à l'ONU
L'émissaire international pour la Syrie, Kofi Annan, a demandé mercredi soir au Conseil de sécurité de l'ONU d'expliquer «clairement» au gouvernement et à l'opposition syrienne qu'ils s'exposeraient à des «conséquences» s'ils n'appliquent son plan de sortie de crise.
L'ancien secrétaire général de l'ONU s'exprimait à l'issue de sa visite à Damas, Téhéran et Bagdad qui lui a permis d'obtenir l'appui des autorités alliées du régime syrien sur son plan de sortie de crise. Celui-ci prévoit notamment la mise en place progressive d'un cessez-le-feu. Ce plan Annan est déjà la cible de virulentes critiques de la part du Conseil national syrien, qui a fait savoir son refus d'entamer des négociations avant le départ d'El-Assad, et des militants qui ont qualifié Annan d'«envoyé russo-iranien chargé de la protection de Bachar».
L'Iran préconise de son côté un contrôle des frontières syriennes pour empêcher la contrebande d'armes à ceux qu'il qualifie de «groupes armés». Malgré la multiplication des initiatives diplomatiques, 94 personnes ont encore péri mardi et mercredi dans des accrochages et bombardements à travers le pays, ce qui fait grimper le nombre de morts à plus de 17.000 depuis le début du conflit.
Par Pierre Avril