La trentaine bien sonnée, Ndèye Fatou fait partie de ces femmes que la nature a dotées d’une forme généreuse. Après une décennie de mariage, elle n’arrive pas à mettre au monde un enfant. Elle vit un drame intérieur. Ndèye Fatou se laisse aller à des confidences : « J’avoue que je vis très mal. Chaque jour que Dieu fait, je m’éloigne d’avantage de mon mari. La raison ? Notre union n’a encore généré aucune créature ». Et notre interlocutrice d’ajouter : « Une femme inféconde est perçue dans notre société comme un dysfonctionnement. J’entends toutes sortes de pics provenant de ma belle-mère et de mes belles-sœurs. Mes parents voient en moi Lucifer ’le démon" ? Et subitement la voix de Ndèye Fatou change de tonalité.
L’émotion l’étreint, la souffrance la pénètre au plus profond de ses entrailles. Son visage devient moins radieux. Elle revient non sans peine sur une phrase lâchée par sa belle-mère lors d’une dispute : « Comme tu es incapable d’enfanter, il faut rompre avec mon fils ». Des souvenirs s’enchevêtrent dans sa tête enveloppée par un foulard bleu. Elle ne pouvait plus continuer ses confidences. La vie est parfois cruelle. Cruel destin pour cette femme qui jure la main sur le cœur qu’elle n’est pas à l’origine de cette situation. Malgré tout, elle encaisse et continue de recevoir les foudres de son entourage. Autre personne, autre complainte. Mame Aïcha enseignante de son état en est à sa huitième année de ménage. Son seul rêve est de procréer. Mame Aïcha a fait des pieds et des mains pour bouleverser la donne : « mon époux et moi, nous avons tout tenté. Nous avons essayé avec la médecine moderne. Aucun progrès n’a été enregistré dans ce domaine. Les charlatans nous ont soutiré beaucoup d’argent » fait-elle remarquer. Après de multiples esquisses de solutions, Mame Aïcha opte pour la résignation : « Je prie jour et nuit le bon Dieu pour qu’Il me donne des enfants. Mon mari qui m’aime beaucoup ne pourra pas résister à l’érosion du temps ». Son conjoint qui en fait un sujet tabou, n’a pu s’empêcher de se confier en ces termes : « Je suis vexé. Je subis le poids du regard des autres. Je me sens sous-homme. » Et l’époux d’ajouter : « je suis blessé profondément quand mon cousin sur un ton sarcastique me demande de lui prêter ma femme….. C’est une blague de mauvais goût mais pleine de sens. »
Ce à quoi semble adhérer Mor Talla, un informaticien résidant dans la capitale du Baol. Cet homme a tout pour être heureux : une belle villa, une fée comme épouse, une grosse cylindrée et des affaires qui marchent. Son seul regret et que le créateur ne lui a pas encore procuré ce que l’écrivain Sembène Ousmane appelle des « Bouts de bois de Dieu ».
La plus grande erreur de ma vie a été de signer la monogamie
Il ne cache pas son mal-vivre : « J’ai des biens matériels et un capital financier énorme. Tout cela ne profite qu’aux enfants de mes frères. À quand ma propre progéniture aura-t-elle le privilège d’en jouir ? » Il reconnaît l’erreur de sa vie : « La plus grande erreur de ma vie aura été de signer la monogamie avec biens communs. Actuellement, je ne peux pas marier à une autre femme ? Alors que l’Islam me permet d’en avoir jusqu’à quatre ». Dans beaucoup de couples, l’absence d’enfants a précipité la rupture. « J’ai divorcé parce que je ne supportais plus une relation matrimoniale sans enfants. Je devenais de plus en plus trop agressif à l’endroit de mon épouse. Elle incarnait pour moi tout le malheur de ce monde », confesse Pape Bâ, un commerçant de la banlieue. Et avoue-t-il : « J’ai contracté un autre mariage. Mais jusqu’à présent, je n’ai pas d’enfant. Je suis maintenant acquis à la conviction qu’on ne peut pas échapper à son destin ».
Et le bonhomme de dérouler son chapelet d’interrogations : « Qu’ai-je fait à Dieu pour mériter un tel sort ? Aurais-je fait du tort à un homme de Dieu sans le savoir ? Pourquoi des pauvres, incapables d’entretenir un seul enfant ont la tonne et le quintal ? ». Ces questions trouveront peut-être des réponses dans ces conseils d’un septuagénaire du nom de Baye Malick. Ce dernier lui aussi vit le même supplice : « Après 70 ans de vie bien remplie, je n’ai pas eu l’opportunité de procréer. Peut-être aurais-je mis au monde des caïds ? Les forces des uns et les faiblesses des autres font le charme de la vie. Une vie sans problèmes serait une vie cadaverisée ».
Les solutions ne manquent pas. Certains fous de progénitures optent pour l’adoption. Peut-être même la fécondation in vitro serait un mode de résolution de cette lancinante équation. Mais avertit Baye Malick : « La réalité sociale sénégalaise a sa dynamique propre qui récuse certaines libertés ».
Source : Le Matin
L’émotion l’étreint, la souffrance la pénètre au plus profond de ses entrailles. Son visage devient moins radieux. Elle revient non sans peine sur une phrase lâchée par sa belle-mère lors d’une dispute : « Comme tu es incapable d’enfanter, il faut rompre avec mon fils ». Des souvenirs s’enchevêtrent dans sa tête enveloppée par un foulard bleu. Elle ne pouvait plus continuer ses confidences. La vie est parfois cruelle. Cruel destin pour cette femme qui jure la main sur le cœur qu’elle n’est pas à l’origine de cette situation. Malgré tout, elle encaisse et continue de recevoir les foudres de son entourage. Autre personne, autre complainte. Mame Aïcha enseignante de son état en est à sa huitième année de ménage. Son seul rêve est de procréer. Mame Aïcha a fait des pieds et des mains pour bouleverser la donne : « mon époux et moi, nous avons tout tenté. Nous avons essayé avec la médecine moderne. Aucun progrès n’a été enregistré dans ce domaine. Les charlatans nous ont soutiré beaucoup d’argent » fait-elle remarquer. Après de multiples esquisses de solutions, Mame Aïcha opte pour la résignation : « Je prie jour et nuit le bon Dieu pour qu’Il me donne des enfants. Mon mari qui m’aime beaucoup ne pourra pas résister à l’érosion du temps ». Son conjoint qui en fait un sujet tabou, n’a pu s’empêcher de se confier en ces termes : « Je suis vexé. Je subis le poids du regard des autres. Je me sens sous-homme. » Et l’époux d’ajouter : « je suis blessé profondément quand mon cousin sur un ton sarcastique me demande de lui prêter ma femme….. C’est une blague de mauvais goût mais pleine de sens. »
Ce à quoi semble adhérer Mor Talla, un informaticien résidant dans la capitale du Baol. Cet homme a tout pour être heureux : une belle villa, une fée comme épouse, une grosse cylindrée et des affaires qui marchent. Son seul regret et que le créateur ne lui a pas encore procuré ce que l’écrivain Sembène Ousmane appelle des « Bouts de bois de Dieu ».
La plus grande erreur de ma vie a été de signer la monogamie
Il ne cache pas son mal-vivre : « J’ai des biens matériels et un capital financier énorme. Tout cela ne profite qu’aux enfants de mes frères. À quand ma propre progéniture aura-t-elle le privilège d’en jouir ? » Il reconnaît l’erreur de sa vie : « La plus grande erreur de ma vie aura été de signer la monogamie avec biens communs. Actuellement, je ne peux pas marier à une autre femme ? Alors que l’Islam me permet d’en avoir jusqu’à quatre ». Dans beaucoup de couples, l’absence d’enfants a précipité la rupture. « J’ai divorcé parce que je ne supportais plus une relation matrimoniale sans enfants. Je devenais de plus en plus trop agressif à l’endroit de mon épouse. Elle incarnait pour moi tout le malheur de ce monde », confesse Pape Bâ, un commerçant de la banlieue. Et avoue-t-il : « J’ai contracté un autre mariage. Mais jusqu’à présent, je n’ai pas d’enfant. Je suis maintenant acquis à la conviction qu’on ne peut pas échapper à son destin ».
Et le bonhomme de dérouler son chapelet d’interrogations : « Qu’ai-je fait à Dieu pour mériter un tel sort ? Aurais-je fait du tort à un homme de Dieu sans le savoir ? Pourquoi des pauvres, incapables d’entretenir un seul enfant ont la tonne et le quintal ? ». Ces questions trouveront peut-être des réponses dans ces conseils d’un septuagénaire du nom de Baye Malick. Ce dernier lui aussi vit le même supplice : « Après 70 ans de vie bien remplie, je n’ai pas eu l’opportunité de procréer. Peut-être aurais-je mis au monde des caïds ? Les forces des uns et les faiblesses des autres font le charme de la vie. Une vie sans problèmes serait une vie cadaverisée ».
Les solutions ne manquent pas. Certains fous de progénitures optent pour l’adoption. Peut-être même la fécondation in vitro serait un mode de résolution de cette lancinante équation. Mais avertit Baye Malick : « La réalité sociale sénégalaise a sa dynamique propre qui récuse certaines libertés ».
Source : Le Matin