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LE SÉNÉGAL A LA CROISÉE DES CHEMINS D’UN MONDE EN ÉBULLITION


Rédigé par leral.net le Mercredi 16 Avril 2025 à 15:19 | | 0 commentaire(s)|

LE SÉNÉGAL A LA CROISÉE DES CHEMINS D’UN MONDE EN ÉBULLITION
Rarement, le monde n’a connu de telles turbulences depuis l’épisode de la deuxième guerre mondiale, qui s’est soldée par la victoire des alliés et que les Américains ont su mettre à profit pour prendre le contrôle de l’économie mondiale, à travers la création des Institutions de Bretton Woods et la mise en place du Plan dit Marshall. Ce contrôle de l’économie mondiale connaîtra une phase d’accélération avec la fin, dans les années 70, de la convertibilité or du dollar, qui permettra aux USA d’utiliser à fond la planche à billets pour financer leur politique hégémonique et entraîner deux décennies plus tard, l’effondrement de l’URSS, qui n’arrive pas à supporter la folle course à laquelle les USA la convient, notamment celle dite de la guerre des étoiles dans le domaine militaire.

Curieusement, c’est au summum de la puissance de ces deux entités, les USA et l’URSS, que deux visionnaires, notamment le sociologue Emmanuel Todd et l’écrivain dissident Russe Alexandre Soljenitsine, vont, à la stupéfaction générale, prophétiser, le premier en 1976, l’effondrement de l’URSS et le second, en 1978, des risques d’effondrement pour les USA.

L’histoire nous enseigne que très souvent, lorsque deux empires sont en compétition hégémonique, c’est en général un troisième empire qui surgit pour rafler la mise. En 1976, Deng Xiaoping succède à Mao Zedong, qui lui laisse un pays pauvre et isolé. Il a comme Mao, l’ambition de restaurer à la Chine, sa grandeur passée, mais il a une toute autre approche fondée sur l’ouverture au capitalisme, tant à l’intérieur qu’avec l’extérieur. Aussi, la Chine réussit-elle la prouesse d’opérer sa révolution industrielle en une génération (30 ans) contre environ un siècle pour l’Europe. La montée en puissance de la Chine est concomitante à la descente aux enfers de l’URSS, qui s’effondre complètement avec la démission du Président Gorbatchev le 25 décembre 1991, après ses vaines tentatives de sauver l’URSS par sa politique de perestroïka (restructuration).

Les USA et leurs alliés occidentaux triomphants, vulgarisent dans le monde, ce qui est communément appelé le Consensus de Washington, qui concernait auparavant les Etats d’Amérique latine. En somme, il s’agit de la vulgarisation du libéralisme triomphant qui atteint son apogée en 1999, avec la dérégulation au niveau financier. Les USA verront donc d’un bon œil l’ouverture de la Chine, qui ne demandait que la délocalisation des usines nécessitant de vieilles technologies, comme les usines textiles par exemple. La suite, on la connaît: la Chine est devenue l’Usine du monde, avec une maitrise impressionnante de toutes les technologies et les USA sont devenus une énorme économie financière, assise sur une bulle, pour ne pas dire du vent.

C’est ce déséquilibre que le Président Trump veut corriger, ce qui semble bien trop tard apparemment. Toutefois, ses efforts de correction se traduiront par des soubresauts qui perturberont fondamentalement des économies et éclateront peut-être des pays. Comme d’habitude, les pays qui s’en tireront le mieux, sont ceux qui sauront anticiper au mieux les choses. Le but de cet article est d’expliquer/rappeler tous les processus et mécanismes ayant conduit à cette situation et inviter à une réflexion pour le Sénégal, dans un monde en ébullition.

DU TOURNANT DES ANNÉES 1970 À L’EFFONDREMENT DE L’URSS

1-Actualisation du Pacte de Quincy


En 1971, les États-Unis suspendent la convertibilité du dollar en or et tentent de combler cela, par une forme de renforcement/actualisation du pacte dit de Quincy, qui désigne la rencontre historique du 14 février 1945, entre le Président américain Franklin D. Roosevelt et le Roi d’Arabie Saoudite Abdel Aziz Ibn Saoud, à bord du croiseur USS Quincy dans le Canal de Suez, quelques semaines avant la fin de la seconde guerre mondiale. Le Président Roosevelt, de retour de la conférence de Yalta, souhaitait renforcer l’influence américaine au Moyen-Orient, face aux Britanniques, déjà implantés en Irak et en Iran. Les États-Unis visaient à sécuriser l’accès au pétrole saoudien, découvert en 1938 par le consortium américain Aramco, tandis qu’Ibn Saoud cherchait une protection militaire contre les menaces régionales.

Malgré la fin de la convertibilité or du dollar, les USA veulent que le dollar reste la monnaie de réserve et pourront ainsi financer leur politique hégémonique, de façon non inflationniste, avec une idée du trader William Simon que le Secrétaire d’Etat Henri Kissinger va défendre devant les Saoudiens. En 1973, il se rend en Arabie saoudite et leur fait une proposition d’accord, où les USA leur offrent une protection militaire et en contrepartie, ils acceptent d'utiliser exclusivement le dollar américain comme devise de paiement pour la vente de leur pétrole. L’accord stipulait que l’Arabie saoudite fixerait le prix de ses exportations de pétrole exclusivement en dollars américains et investirait ses recettes pétrolières excédentaires dans des bons du Trésor américain. Cet accord a expiré le 9 juin 2024, selon certaines informations.

Cet artifice sonnait la trompette du capitalisme triomphant, parce qu’on voit mal comment on peut s’opposer à un Etat qui peut émettre de la monnaie à volonté et c’est dans la foulée que sera conçu ce qu’on appelle communément, le consensus de Washington, qui fait référence à un ensemble de politiques néolibérales pour les pays en développement, particulièrement ceux d’Amérique latine, dans les années 1980 et 1990.

2-Les prophéties croisées d’Emmanuel Todd et d’Alexandre Soljenitsine, vers la fin des années 1970

À la surprise générale, au summum de la puissance de l’URSS, Emmanuel Todd a prophétisé en 1976, son effondrement dans son livre intitulé « La Chute finale ». Todd en analysant les faiblesses structurelles du système soviétique, notamment la hausse de la mortalité infantile et la baisse de la fécondité, conjugués aux problèmes économiques, avait anticipé un effondrement qu’il situait dans une fourchette de 10, 20 ou 30 ans.

Deux années plus tard, dans un discours prononcé à Harvard le 8 juin 1978, intitulé « A World Split Apart » (Un monde divisé), Alexandre Soljenitsine dresse une des critiques les plus sévères de la modernité occidentale. Attendu pour critiquer le communisme, il surprend en dénonçant les failles de l’Occident et fait un appel à l’introspection, à une régénération morale et spirituelle, au risque de s’effondrer, mais son appel ne sera pas entendu, parce que l’Occident virera vers cette abjection qu’est le wokisme.

3- L’avènement Deng Xiaoping

En 1976, Deng Xiaoping hérite de Mao Zedong un pays fermé au reste du monde, isolé, souffrant de terribles famines et dont l'intelligentsia a été décimée par la Révolution culturelle.

Des trois dogmes qui structuraient la période maoïste, notamment les pleins pouvoirs au Parti, l'étatisation de l'économie et le fait de compter sur ses propres forces, Deng Xiaoping n'en conservera finalement qu'un seul, celui qui assure la domination du Parti Communiste Chinois sur l'ensemble de la société. La Chine côtière est ouverte aux investisseurs étrangers, particulièrement ceux des dragons dits d’Asie, dans des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre et ne nécessitant pas de technologies avancées. Lorsque ces zones côtières commencent à se développer entraînant une hausse des coûts salariaux, la Chine déplace leurs activités, en avançant vers la partie continentale et les spécialise dans des activités nécessitant plus de technologies, après avoir exigé des investisseurs étrangers, notamment les multinationales, leur transfert à la Chine. C’est le Principe des Oies Sauvages.

Ceux-là rechignent dans un premier temps, mais comme ils veulent faire plus de profits avec les bas coûts salariaux et distribuer plus de dividendes à leurs actionnaires, ils finissent par accepter. La Chine fera ainsi, en l'espace d'une seule génération (trente ans), sa révolution industrielle. Cette phase de décollage économique que l'Europe et l'Amérique avaient connue aux 18e et 19e siècles, avait duré environ un siècle.

4-L’effondrement de l’URSS

Comme l’avait prophétisé Emmanuel Todd, l’URSS s’effondre et se disloque en 1991 avec la démission de Gorbatchev le 25 décembre 1991. Boris Eltsine prend la tête de la Fédération de Russie, le moteur de l’URSS et la fait sombrer dans le chaos. À partir du 31 décembre 1999, à la suite de sa démission pour cause de maladie, Poutine assure les fonctions de président de la Fédération de Russie par intérim. Il devient Président de plein exercice le 7 mai 2000, après avoir remporté l'élection présidentielle anticipée.

Les Russes sont si pauvres que nombre d’entre eux vont se faire établir des certificats de judaïté de complaisance pour émigrer en Israël, où ils bénéficient de financement pour développer leurs activités, notamment dans les colonies de peuplement. On estime que sur les trente dernières années, les deux tiers des immigrants juifs en Israël, sont d’origine russe. Poutine sollicite l’entrée à l’OTAN, mais sans succès. À la faveur de l’envolée des cours du baril, il finance la modernisation de l’économie, des infrastructures et de l’armée, mais doit faire face à des dépenses militaires insignifiantes par rapport à celles des USA.

Aussi, fera-t-il avec ses experts, le pari fou de rendre obsolètes les investissements massifs des pays occidentaux, en investissant dans l’électronique et curieusement, c’est grâce aux travaux sur la magnétohydrodynamique (mariage de la mécanique des fluides et de l’électromécanique) d’un Français du nom d’Alain Petit, snobé par les siens, que la Russie fera des percées spectaculaires dans le domaine des hypersoniques, pour lesquels, les USA accuseraient au moins vingt à trente années de retard selon lui. J’invite d’ailleurs nos jeunes chercheurs en astrophysique théorique, à s’intéresser au modèle Janus qu’il a formalisé, encore snobé pas les siens. Ce modèle arrive à expliquer la naissance prématurée de certaines planètes contrairement au modèle standard, reposant en partie sur la théorie de la relativité d’Einstein.

Avec donc ces armements de dernière génération, Poutine fait renverser une situation totalement perdue pour le Président Assad de Syrie, dont le territoire était occupé à plus de 90% par des forces dites djihadistes, appuyées de fait par l’OTAN et Israël. Les néo-conservateurs américains disent qu’il a trahi le nouvel ordre mondial et préparent sous la conduite de la sous-secrétaire d’état Victoria Nulland, un vieux projet de basculement du pouvoir en Ukraine, vers des pro-occidentaux, qu’on appellera plus tard, la Révolution du Maïdan (Dignité). Leur objectif final est d’asphyxier la Russie, l’éclater et faire main basse sur ses énormes ressources. Poutine et ses experts se préparent en conséquence à une future confrontation économique et militaire avec l’OTAN, liée à la question ukrainienne, au regard des lourdes sanctions économiques qu’il a subies lors de la Révolution du Maiden.

DE L’ACCÉLÉRATION DE LA MONDIALISATION DES ÉCONOMIES AU RÉVEIL

5-Naissance des BRICS


À la fin des années 1980, seuls maîtres absolus du monde, les USA décident d’accélérer le processus de mondialisation des économies et le Président George W. H. Bush va même plus loin, en évoquant dans un discours au Congrès le 11 septembre 1990, l’idée d’un nouvel ordre mondial, selon lui, une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix. Il s’agit en fait d’un volet du mondialisme, qui lui-même est une vision du monde inspirée du messianisme juif, que les banquiers ont repris à leur propre compte. L’idée est d’avoir un gouvernement mondial unique, qui pilote les affaires du monde et Jérusalem serait selon Jacques Attali, un endroit idéal pour en être la capitale.

C’est dans cette foulée de montée en puissance de la Chine, de l’Inde, du Brésil et de la reconstruction de la Russie, que Goldman Sachs a publié en 2001, le rapport intitulé "Building Better Global Economics". Ce rapport a introduit l’acronyme BRIC, pour désigner le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, identifiés comme les principaux moteurs de la croissance économique mondiale future. L’objectif initial était de souligner le potentiel économique de ces pays émergents et d’encourager leur intégration dans les instances décisionnelles du G7.

La crise financière de 2008 des "Subprimes", montre l’extrême fragilité des économies occidentales, ébranlées par la dérégulation et la financiarisation et les BRIC tiennent leur premier sommet officiel en 2009 et en 2010, le groupe est institutionnalisé avec l’ajout de l’Afrique du Sud (devenant BRICS) et la tenue de sommets annuels.

En deux décennies, la part des BRICS dans le PIB mondial (calculée en parité de pouvoir d’achat, PPA) est passée de 20 % en 2003, à 32 % en 2023, tandis que celle du G7 est tombée de 42 % à 30 % sur la même période. En 2024, après l’élargissement du 1ᵉʳ janvier 2024 (intégration de l’Égypte, de l’Éthiopie, de l’Iran, de « l’Arabie Saoudite» et des Émirats Arabes Unis), les BRICS+ représentaient 35,6 % du PIB mondial en PPA, contre 29 % pour le G7. Avec l’Indonésie, les Brics représenteraient près de la moitié de la population mondiale et contrôleraient plus de 50% des ressources énergétiques.

6-L’alerte de la Crise des Subprimes

À la fin des années 1990 et au début des années 2000, les Américains, seuls maîtres à bord, se lancent dans des guerres destinées à mettre au pas, les puissances régionales remettant ouvertement en cause le nouvel ordre mondial et accélèrent encore le processus de dérégulation et de financiarisation de leurs économies. La classe moyenne disparaît progressivement à la faveur de la désindustrialisation, les travailleurs concentrés dans le secteur des services ne voient aucune amélioration de leur niveau de vie, parce que ce sont des secteurs où la productivité évolue très peu. Cette politique conduira à une crise financière mondiale, dite Crise des Subprimes, en lien aux prêts immobiliers énormes faits à des Américains peu solvables.

L’Etat américain, comme ceux occidentaux, endosseront via les banques centrales, le passif sale de banques au bord de la faillite, amplifiant ainsi une dette devenue de plus en plus asphyxiante pour certains pays, où l’Etat mobilise de très grosses ressources pour faire face aux problèmes sociaux liés à la paupérisation des populations. Le Président Obama, qui est à l’initiative de ces mesures, en tant que Président des USA, se lancera également dans une série de guerres encouragées par les lobbies sioniste, militaro-industriel et pétrolier (Irak, Afghanistan, Libye, Syrie, etc).

7-De la première à la deuxième élection de Donald Trump

À la fin du deuxième mandat de Barack Obama, les USA affichent à la face du monde, deux faiblesses, militaire et économique. Au plan militaire, la Russie a déployé de nouveaux armements qui ont surpris la coalition otanienne lors de la première guerre de Syrie, où l’Etat Islamique créé par Barack Obama et Hillary Clinton selon Trump, soutenu par l’Otan et Israel, sera stoppé in extremis par les forces du Président Assad, soutenu par Poutine.

Au plan économique, la Chine a déjà pris suivant les données du FMI, le leadership mondial en termes de Pib à la parité de pouvoir d’achat (PPA), suivie respectivement des USA, de l’Inde, du Japon, de l’Allemagne, de la Russie, du Brésil, de l’Indonésie, du Royaume Uni et de la France. Les projections de Price Waterhouse établies à cette époque, situaient en 2050, la Chine sur le toit du monde en termes de Pib (PPA), suivie de l’Inde, des USA, de l’Indonésie, du Brésil, de la Russie, du Mexique, du Japon, de l’Allemagne et du Royaume Uni. La France, quant à elle, serait déjà exclue du Top 10, pendant que le Nigéria s’en rapprocherait en se situant au 14e rang.

La dette publique est abyssale et la classe moyenne s’appauvrit davantage et c’est tout naturellement que le Président Trump qui prône timidement la doctrine Monroe de repli sur soi, sera élu en 2016, face à Hillary Clinton. Toutefois, il sera plus préoccupé durant son mandat à éviter la destitution sous l’assaut des néo-conservateurs, qu’à mettre en œuvre une quelconque vision économique. Il est battu dans des élections très controversées, par le Président Biden, en 2020, mais réussit la prouesse de prendre le contrôle du Parti Républicain et de remporter très largement les élections de 2024, devant Kamala Harris, à la faveur de l’amplification des faiblesses économiques des USA déjà identifiées en 2016 et surtout, une nouvelle défaite de la coalition otanienne en Ukraine.

8-Les constats amers quand Trump prend le pouvoir en 2024

Même en termes de Pib nominal, moins pertinent pour les comparaisons internationales et favorable aux pays occidentaux où le coût de la vie est plus élevé, en 2024, les projections situent en 2075, les USA au 3e rang mondial derrière la Chine et l’Inde, et suivi de l’Indonésie, du Nigéria, du Pakistan, de l’Egypte, du Brésil, de l’Allemagne et du Mexique. La France devrait se situer au 15e rang, derrière le Royaume Uni, le Japon, la Russie, les Philippines.

En effet, les experts en prospective économique sont unanimes sur le fait que la guerre économique se situera dans sept domaines, pour prendre le contrôle du monde, notamment: le Numérique, les Énergies, les Matériaux, la Détection et la Surveillance, le Spatial, l’Aérospatial et le Domaine Militaire. Dans ce cadre, 47 domaines de compétitivité feront la différence, dont 16 sont numériques: la Chine est leader dans 37 domaines; les Américains dans 7 dont 6 relèvent des Technologies de l’Information (IT) et du Spatial. Les Européens sont leaders dans 3 domaines non majeurs. Ce retard des Américains prend sa source dans la financiarisation de l’économie, qui a amené à orienter les individus à fort potentiel scientifique vers le secteur financier, au détriment de l’ingénierie.

Selon les chiffres officiels tirés du Rapport 2023 de l’Unesco « Global Education Monitoring», la Chine comme l’Inde forment environ 1. 500.000 ingénieurs par an, suivis de l’Iran (300.000), de la Russie (200.000 à 250.000), contre seulement 140.000 pour les USA.

C’est dans ce contexte chaotique d’une Amérique qui a oublié les mises en garde d’Alexandre Soljenitsine et conquise par cette abjection qu’est le wokisme, que Trump prend le pouvoir en 2024, avec la ferme volonté de réindustrialiser les USA, revigorer la classe moyenne et conserver la place des USA sur le toit du monde. Auparavant, son prédécesseur avait commencé avec les vassaux européens, dont les fleurons ont été délocalisés vers les USA avec l’explosion de leurs coûts énergétiques suite aux sanctions contre la Russie. La France avait déjà été saignée à blanc bien avant cela, parce qu’à la mise en place de l’Euro en 1999, la monnaie des 11 pays membres à l’époque fut pratiquement alignée sur le mark allemand, surévalué par rapport au franc français, créant ainsi des problèmes de compétitivité pour l’industrie française.

LE RÉVEIL TARDIF AMÉRICAIN ET NOUS AUTRES.

9-La stratégie de Trump sur les tarifs

Tout l’art de la guerre repose sur la duperie- Tsun Zu


Trump essaie d’appliquer la politique pour laquelle il a été élu. Cette fois-ci, les choses sont absolument claires. Il s’agit d’appliquer la doctrine Monroe de repli sur soi. Les USA examinent pour chaque pays la part du surplus des exportations de biens (et non de services pour exclure les GAFAM) vers les USA par rapport aux importations de biens des USA. Si cette part fait X%, ils mettent un niveau de protection de X% pour rétablir l’équilibre.

Au fond, en décidant de relever subitement les droits de douane, Trump s’attendait à un désordre sur le marché mondial des actions, donc sur l’activité mondiale et en conséquence, sur les produits énergétiques. Le désordre sur le marché des actions était souhaité, pour orienter les investisseurs financiers vers les obligations et baisser ainsi les taux d’intérêt, aux fins d’un financement sain de l’énorme déficit budgétaire américain. Il avait invité la FED à baisser les taux à cette fin et à celle de relance de l’investissement, mais la FED avait catégoriquement refusé. Il a donc essayé d’utiliser cet artifice.

La baisse des cours des produits énergétiques était également souhaitée, momentanément tout au moins, pour contraindre la Russie à accélérer les négociations sur l’Ukraine, parce que tant que les cours du baril sont relativement élevés, la Russie pourra sans difficultés majeures supporter le coût du financement de la guerre.

L’audace folle de Trump est de croire pouvoir appliquer les méthodes de Tsun Zu même aux Chinois. Ceux-ci ont juste fait courir des rumeurs sur les terres rares notamment et certains composants électroniques sur lesquels ils ont un quasi-monopole et les indices technologiques comme le Nasdaq se sont effondrés, bien au-delà des anticipations de Trump. Détenant par ailleurs 1250 des 35.000 milliards de la dette américaine, la rumeur de leur injection sur le marché a couru, entraînant du coup la baisse des obligations et pour la première fois depuis 40 ans, on observe la baisse simultanée des actions et des obligations. Les taux d’intérêt ont explosé, passant de 3,9 à 4,6%, contraignant le Président Trump à tout arrêter pendant 90 jours, en ramenant les droits de douane à 10% pour tous, sauf la Chine, tout en veillant à écarter certains produits technologiques intégrés dans l’usage courant des Américains. La Chine venait ainsi de montrer qu’elle gouverne le monde.

10-Du Sénégal

Nous pourrions vivre durant les prochaines années, les sauvageries du Moyen Âge, où chacun se battra pour la survie. Ceux qui souffriront le plus, sont ceux qui ne l’auront pas anticipé et ceux qui seront seuls. Les développements ci-dessus, ont montré que l’Occident sera en difficulté, mais Trump a choisi de se replier sur lui-même pour sauver les USA et saigner à blanc l’Europe, en phase de désindustrialisation accélérée. Celle-ci n’a aucune stratégie, si ce n’est de crier dans tous les sens ou provoquer la Russie à la guerre.

Selon les données de la Banque Mondiale de 2022, la situation concernant un des indicateurs fétiches d’Emmanuel Todd, notamment le taux de mortalité infantile, est préoccupante pour l’Angleterre (3,8%º), la France (3,6%º) et l’Allemagne (3,2%º). La situation s’est dégradée en 2024 pour la France (4,1%º) et l’Angleterre (3,9%º). Le second indicateur fétiche d’Emmanuel Todd, notamment le taux de fécondité, est tout aussi préoccupant pour ces pays où il est en dessous du seuil de remplacement, de l’ordre de 2: France (1,80), Angleterre (1,63), Allemagne (1,53) et Italie (1,24). Les experts qui sont au fait de ce risque existentiel pour l’Europe, plutôt la vieille Europe, recommandent d’encourager l’émigration de jeunes africains vers l’Europe pour combler ce déficit, comme l’a fait tout récemment Jean Luc Mélenchon lors d’un Colloque de son Parti tenu au Parlement français et ce sont les mêmes qui viennent faire répéter des inepties à nos plus grands cadres, sur le contrôle strict des naissances aux fins de dividende démographique, là où l’enjeu est l’éducation. L’Afrique subsaharienne a une densité de population d’environ 50 habitants au km2 en 2023, et on ne peut rien faire avec ça.

Il semble d’ailleurs qu’à la demande de la très puissante Trilatérale, l’ancienne ministre française Élisabeth Guigou a déjà produit un rapport sur une union Europe-Afrique, autant dire faire de l’Afrique un DOM-TOM de l’Union Européenne. L’Europe et encore moins la France, n’ont aucun avenir suivant les données et les développements ci-dessus, contrairement au Nigéria, qui peut malheureusement imploser à tout moment, en raison de la corruption de ses élites politiques, peu conscientes de la guerre que leur mène l’Europe pour freiner leur ascension et leur influence sur le reste de l’Afrique.

Le Nigéria aurait pu confédérer toute l’Afrique de l’Ouest, tout au moins les pays de la CEDEAO, et être une source de refuge, mais il n’en a ni l’ambition ni les capacités, au regard du chaos qui lui est consubstantiel, et surtout, pour une initiative de cette ampleur, dans le cadre d’une institution aussi peu sérieuse et crédible que la CEDEAO.

Le Sénégal présente un intérêt majeur pour les BRICS, étant entendu qu’il est exclu qu’un pays dont la monnaie est adossée à celle d’un pays occidental en fasse partie, même si ce n’est pas écrit. Le Sénégal permettrait aux BRICS, d’établir une continuité sur l’Afrique d’Ouest en Est, en passant par les pays de l’AES, le Tchad, pour aboutir sur le Soudan et l’Ethiopie. C’est une bande qui permettrait par vagues successives, de couvrir toute l’Afrique Subsaharienne. Quand on constitue un tel niveau d’enjeu stratégique pour les BRICS, mais également pour l’Europe qui se bat pour la survie, il faut que les dirigeants se préparent à tous les scenarii et surtout, forment leurs militants, qui seront les relais au niveau des populations. C’est malheureusement très loin d’être le cas, mais il n’est pas encore tard.






Sogué Diarisso
Ingénieur Statisticien-Economiste
Ancien Elève des Classes de Mathématiques
Supérieures et Spéciales

Ousseynou Wade