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LEVEE DE CORPS- A l'occasion de l'hommage du Parti communiste français: Amath Dansokho : «On ne peut pas remplacer Sémou…»

En présence de Amath Dansokho, du consul général du Sénégal en France, Léopold Faye et de nombreux hommes politiques sénégalais, un vibrant hommage a été rendu, hier, au défunt philosophe, au siège du Parti communiste français. C’était juste après la levée du corps qui a eu lieu en banlieue parisienne.


Rédigé par leral.net le Samedi 7 Mars 2009 à 14:48 | | 2 commentaire(s)|

LEVEE DE CORPS- A l'occasion de l'hommage du Parti communiste français: Amath Dansokho : «On ne peut pas remplacer Sémou…»
C’est aujourd’hui, en début de soirée, que la dépouille mortelle de Sémou Pathé Guèye, décédé mercredi matin à Paris, arrive à Dakar. Elle sera accompagnée par le Secrétaire général du Pit, Amath Dansokho, parti dont le philosophe était le porte-parole. La levée du corps a été effectuée, hier à 14 h, à l’hôpital Avicenne de Bobigny, près de Paris. C’était en présence de Amath Dansokho, bien évidemment, des officiels du consulat, de Mbaye Jacques Diop et de nombreux acteurs de la vie politique sénégalaise en France. Après la cérémonie, quasiment tout ce beau monde a mis le cap sur Paris, au siège du Parti communiste français (Pcf). Là, un vibrant hommage sera rendu à celui que les communistes français considéraient comme un des leurs, un «frère». En fait, grâce au vieux partenariat entre le Pcf et le Pit, les responsables des deux partis entretiennent des rapports très dynamiques.
Avec Amath Dansokho, Sémou Pathé Guèye faisait partie de ceux qui incarnaient cette relation à la fois politique et amicale. «Il était presque autant de notre parti que du Pit», soutient Jacques Fath, membre du comité exécutif du Pcf. Qui poursuit avec une litanie de formules qui témoignent de la complicité entre le philosophe et ses amis français : «Sémou, c’était un homme remarquable par son humanité», «il n’était pas seulement un camarade pour nous, mais un ami», «sa disparition laisse un vide», «Sémou restera pour nous comme une grande figure de la pensée progressiste». Et, comme pour indiquer que ce n’est pas uniquement le Pit, le Sénégal et l’Afrique qui perdent un des leurs, M. Fath affirme que «sa disparition est (aussi) une peine profonde pour le Pcf». Avant de finir son hommage, il révélera qu’il préparait, avec le défunt professeur, «un bel ouvrage» sur la traite négrière.
Ensuite, c’est au tour de Michel Mazeau, directeur de la Fondation Gabriel Péri créée en 2004 à l’initiative du Pcf, de dire ce qu’il pense de l’homme. Il rappellera d’abord que, Sémou Pathé Guèye était membre du comité scientifique de la Fondation. «J’ai le sentiment d’avoir perdu plus qu’un ami, j’ai le sentiment d’avoir perdu un frère», dira t-il ensuite. Avant de révéler à son tour que, le professeur avait proposé à la fondation d’organiser un colloque des doctorants franco-africains en philosophie. La proposition fut actée. Et, le colloque est prévu en juillet prochain, mais malheureusement sans celui qui en a eu l’idée.
Le Secrétaire national de l’Union démocratique du Tchad, Balam Fash, de passage à Paris, a aussi apporté témoignage. Il a rappelé le partenariat politique entre son parti et le Pit qui l’a beaucoup soutenu dans son combat.
Le numéro 1 du Pit en France, Sète Diop, lui succédera à la tribune : «Il a toujours accordé une grande importance à la participation du Pit à la fête de l’Humanité», se rappelle, non sans un brin d’émotion. Avant d’ajouter, avec reconnaissance : «Sémou a implanté notre parti dans le milieu étudiant et immigré.»
Amath Dansokho a été le dernier à prendre la parole. Très fatigué et très affecté par la disparition de son porte-parole, le communiste de Khar-Yalla ne parlera pas longtemps comme à son habitude. Sous le coup de l’émotion, il rappellera les circonstances dans lesquelles il a rencontré pour la première fois Sémou Pathé Guèye. C’était en avril 1981, à Orléans. M. Guèye était alors jeune étudiant : «Il était assis comme un jeune écolier.» Et, ajoute Dansokho : «Nous avons eu en partage la rigueur dans notre engagement et le traitement des questions de la manière la plus objective.»
Sur l’hommage du Président Wade au philosophe, il soutiendra devant la presse que «c’est une reconnaissance objective de ce qu’il a fait». Il dira également que c’est grâce à Sémou Pathé Guèye, Serigne Mansour Sy Jamil, Mamadou Seck, actuel président de l’Assemblée nationale et un certain Abdourahim Agne que le Pit s’est bien implanté en France : «Tout ça c’est le résultat du travail de Sémou.» Ce qui fera dire à Dansokho, en conclusion, «je ne vois pas comment on va combler son vide, dans l’immédiat».
source le quotidien

Pape Alé Niang


1.Posté par JACQUES le 07/03/2009 15:46 | Alerter
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Amath a rencontré Semou en avril 1973 vous n'avez pas bien entendu.je reconnais votre bon travail.
Que le tout puissant ouvrir le paradis pour notre camarade.

2.Posté par boubacar badiane le 26/03/2009 17:20 | Alerter
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HOMMAGE AU PROFESSEUR SEMOU PATHE GUEYE


Derrière sa blanche chemise battait un cœur d’homme



Je venais à peine de quitter la bibliothèque centrale et, longeant les allées fleuries qui bordent la faculté des Lettres et Sciences Humaines, je m’avançai, à pas feutrés, en direction du département de philosophie, lorsque l’un de mes camarades, d’une voix a peine audible, me dit : « le Professeur Sémou Pathé Gueye nous a quitté cette nuit. » C ‘est à peine si je comprenais ce qu’il me disait, je m’arrêtai, brusquement.Et, levant mes regards, droit dans ses yeux, comme pour lui dire : « répète ! », je repris ma marche, précipitamment.

Comme si je n’étais pas convaincu, ou que jetais convaincu de le retrouver au département de philosophie, je m’avançai dans la direction du département. Le soleil était au zénith .Et le vent, comme sil s’était, tout d’un coup, assoupi, demeurait muet. A quelques mètres du hall, je vis, un peu au loin, indistinctement, des visages crispés, des yeux embués, des étudiants désemparés. Je réalisai, pour la première fois, que ce qui est arrivé est arrivé : le Professeur Semou Pathé nous a quitté, définitivement ;
C’est à peine si j’ai lu la note nécrologique ; C’est à peine si je tenais sur mes deux jambes. Ce que jai ressenti, à cet instant là, je ne sais pas si je pourrai un jour le dire. je sais, simplement, que j’ai dit ce que tout le monde a dit : « Nous sommes à Allah et c’est à lui que nous retournons . » je dis ,presque aussitôt après,du fond du cœur,dans le silence assourdissant d’un département endeuillé ,O ALLAH ! Passe l’éponge sur ses fautes et étend sur lui l’aile de ta compassion !
Lamartine aurait dit : « O temps suspend ton vol ! » .Que dans le cas d’une mécanique statistique, le temps apparaisse comme une simple illusion statistique, propre aux systèmes macroscopiques, Boltzmann peut parfaitement le penser. Pour notre part, notre expérience quotidienne, en accord avec le second principe de la thermodynamique, en accord avec la cosmologie de l’émergence, suffit à soutenir le contraire.
Le professeur Semou Pathé, c’est le lieu de le dire, fut du nombre de ces professeurs qui n’inspiraient pas, aux étudiants, la phobie de l’échec .Presque tous les étudiants réussissaient son U.V. Il ne retenait que ce lui qui voulait être retenu.C’est à dire celui qui ne voulait pas travailler.Ce n’est pas un hasard, s’il a milité au PIT : il vouait au travail un culte pur.Il venait toujours avant l’heure et n’admettait dans ses cours aucun retardataire. Pour lui, dans une société organisée, chaque individu devait, pleinement, jouer le rôle qui est le sien. Au professeur, il fallait enseigner, à l’étudiant, étudier.
Il fallait le voir dans ses cours, pour savoir jusqu’où il croyait en cela.Il ne quittait jamais un chapitre sans être sûr que tout le monde avait compris. Il lui arrivait même de nous demander, pendant nos heures creuses, de venir pour des séances de ratrappage.Il était à ses étudiants ce que l’instituteur du CM 2 est à ses élèves.Il ne se passionnait que pour notre reussite.Et c’est à cette passion que nous devions, je puis le dire sans trembler, nos bons résultats dans son UV.
Que la philosophie est, avant tout, sagesse théorique, c’est, de son point de vue, incontestable. Pour le Marxiste qu’il fut, elle n’en est pas moins, sagesse pratique, après tout. Et c’est dans cette perspective bidimensionnelle qu’il envisageait la formation de ses étudiants. je garde encore à l’esprit ,dans un pli de ma mémoire ,le jour où,dans sa leçon inaugurale,il nous avait dit -et ce fut la première fois que j’ai vu ces mots s’échapper des lèvres d’un professeur :« n’hésitez pas à me solliciter si vous avez des problèmes sociaux ».
Il nous livrait ses cours dans un style dépouillé, un langage clair, simple, accessible aux profanes , étranger à la rhétorique , étranger aux accents lyriques du Professeur Mamoussé Diagne, et aux notes suaves du Professeur Bado N’doye, ou de Madame Aminata Diaw Cissé. Il improvisait tout ce qu’il nous dictait.Il lui arrivait même, en nous dictant, de nous demander ce qu’il avait dit et, quelquefois, de nous dire : « barrez cela, mettez ceci à la place. » Il était d’une probité intellectuelle et morale sans faille.Il fallait le voir arpenter les couloirs de la faculté en jeans et tee-shirt, casquette à la tête, pour admirer sa simplicité, sa liberté d’esprit, la grâce et l’élégance du philosophe.
Il n’avait, certes, ni le génie ni le charisme du Professeur Souleymane Béchir.Il n’avait pas, non plus, l’éloquence du Professeur Mamoussé Diagne, mais il avait- pour avoir eu le bonheur de lire quelques passages de sa thèse- une plume aussi belle que celle du Professeur Ousseynou Kane, la patience du sage, la carrure et la stature du professeur .Il savait retenir notre haleine.Sa notoriété et sa carrière internationale l’illustrent, parfaitement.
Que le jour arrive toujours où, par la force des choses, le disciple prend la copie du maître pour la corriger, Bernard Henry Lévy l’a démontré. Pour ma part, ce n’est pas à cet exercice que je veux me livrer ici.Si je prends sa copie, ce n’est pas pour vous parler du penseur et du théoricien, de la force ou de la faiblesse de sa pensée mais, de l’autre Sémou, du Sémou de la vie quotidienne, du Sémou dans ses relations amicales, fraternelles, du Professeur dans l’exercice de sa fonction.
Il accordait une attention particulière à ses étudiants. Il fallait assister à ses colloques pour voir jusqu’où il se souciait de nous. Il s’assurait, à l’heure des repas, que tout le monde avait été servi .C’est vrai, c’est la philia qui le liait aux étudiants. A cette philia, il savait opposer la vérité, en accordant, presque toujours, le primat à celle-ci.je garde encore présent à l’esprit, le jour où, lors d’une soutenance il dit à un de mes amis : « tu es mon ami, mais à l’image d’Aristote, je préfère la vérité à l’amitié : ce travail ne répond pas aux normes académiques. »
Que cet étudiant aurait pu obtenir la mention Bien, qui aurait pu se l’imaginer ? Le Professeur pourtant, en accord avec le jury, jetant un regard rétrospectif sur le bon parcours universitaire de l’étudiant, avait estimé nécessaire de la lui accorder.Derrière son noir costume, derrière sa blanche chemise battait, en effet, un cœur d’homme.Oui, le Professeur Sémou Pathé était un homme rigoureux. Un homme qui accordait un grand prix au travail bien fait.Mais sa rigueur était étrangère aux lois de la mécanique, elle fut presque toujours éclairée par l’intelligence.Il avait, il faut le dire, le sens de la mesure.
Dans un espace où la médiocrité est érigée au rang de culte, l’échec en règle, et la réussite en exception, le Professeur Sémou Pathé aura indiqué la voie qui mène au succès. Il aura indiqué que le travail, tôt ou tard, porte ses fruits.Il aura été, pour tous les étudiants, une raison d’espérer .Il aura été, dans l’admirable mécanique, un grain de sable ou, si l’on préfère, une fausse note,dans la symphonie générale : une note d’espoir.
Boubacar BADIANE

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