En venant solliciter des prières pour recoller les morceaux d’un mariage qui a volé aux éclats, la dame A.N. ne savait pas qu’elle allait vivre les pires moments de son existence. En effet, c’est sur instruction de sa mère que la jeune dame a pris contact avec le marabout Abdou Niang pour des prières afin que son mari établi à Dakar puisse lui revenir. Car son mariage, consommé depuis tout juste deux ans, bat de l’aile.
Devant la barre, A.N. soutiendra avoir été forcée par sa mère, car elle-même était réticente à l’idée d’aller voir un marabout pour régler son mariage. Et finalement, elle a pris contact avec le marabout établi à Dahra où elle-même est venue rejoindre sa mère. C’est le début d’une séance de maraboutage qui a fini par rapprocher les deux personnes. Mais la jeune dame qui soutient n’avoir pas eu satisfaction du «travail» du marabout décida d’arrêter de le voir. Mais un jour, courant mois de septembre, vers quinze heures, le septuagénaire qui avait rencontré la grand-mère d’A.N. l’a fait appeler. Réticente au départ, c’est finalement sur pression de sa mère qu’elle s’est rendue chez le marabout vers dix-huit heures.
La dame de raconter devant la barre qu’une fois dans la chambre du vieux, ce dernier a mis quelque chose dans un encensoir placé dans un coin de la chambre. Au fur et à mesure que les minutes s’égrenaient, la fumée devenait suffocante et paralysante. «C’est à cet instant précis que j’ai perdu connaissance. Le marabout en a profité pour abuser de moi», dira A.N. lors des interrogatoires d’audience. «Au réveil, j’avais des vertiges et mes jambes étaient flasques», soutient A.N. pour convaincre les juges du martyr qu’elle a souffert. Des moments de détresse confirmés par sa mère qui soutient l’avoir reçu en larmes au retour de chez le marabout. Pour en avoir le cœur net, dira la mère de la jeune dame, «je suis partie voir Abdou Tine en compagnie de ma fille. Mais il a nié les faits d’abus sexuel tout en soutenant l’avoir encensée». Ceci n’est pas la version de l’accusé à la barre. Ce dernier a soutenu avoir demandé à la jeune dame pourquoi elle n’a pas tenu ses parents au courant de leur relation. «Car depuis plus de trois mois, nous sortons ensemble et c’est la onzième fois qu’on entretient des rapports sexuels», dira le vieux marabout pour confirmer que la dame A.N. était consentante.
Une version battue en brèche par le ministère qui reste convaincu que l’accusé a abusé de la confiance «aveugle et innocente» de la victime. «Il a profité de la situation de vulnérabilité de la victime et de ses connaissances mythiques que Dieu lui a conférées pour abuser de la dame A.N.», soutient le représentant du ministère public avant de requérir une peine de cinq ans de prison ferme. Mais pour la défense, représentée par Me Cheick Tidiane Mbodji, rien dans le dossier ne caractérise une violence sexuelle ou même ne constate une pénétration. «Par conséquent, le ministère public ne s’est appesanti que sur les moyens utilisés par mon client pour attenter à la liberté sexuelle de la jeune dame. Un encensoir et de l’encens sortis tout droit de l’imagination de A.N», soutient Me Mbodji qui juge ces arguments très faibles pour condamner le «paisible» paysan marabout avant de plaider pour la relaxe pur et simple ou au bénéfice du doute de son client. Ce dernier qui soutient avoir agi par onze fois sur consentement de la jeune dame A.N sera fixé sur son sort le 10 novembre, date du délibéré après que le procureur a requis une peine de cinq ans de prison ferme.
KHALIL I. SENE
Source L'Observateur
Devant la barre, A.N. soutiendra avoir été forcée par sa mère, car elle-même était réticente à l’idée d’aller voir un marabout pour régler son mariage. Et finalement, elle a pris contact avec le marabout établi à Dahra où elle-même est venue rejoindre sa mère. C’est le début d’une séance de maraboutage qui a fini par rapprocher les deux personnes. Mais la jeune dame qui soutient n’avoir pas eu satisfaction du «travail» du marabout décida d’arrêter de le voir. Mais un jour, courant mois de septembre, vers quinze heures, le septuagénaire qui avait rencontré la grand-mère d’A.N. l’a fait appeler. Réticente au départ, c’est finalement sur pression de sa mère qu’elle s’est rendue chez le marabout vers dix-huit heures.
La dame de raconter devant la barre qu’une fois dans la chambre du vieux, ce dernier a mis quelque chose dans un encensoir placé dans un coin de la chambre. Au fur et à mesure que les minutes s’égrenaient, la fumée devenait suffocante et paralysante. «C’est à cet instant précis que j’ai perdu connaissance. Le marabout en a profité pour abuser de moi», dira A.N. lors des interrogatoires d’audience. «Au réveil, j’avais des vertiges et mes jambes étaient flasques», soutient A.N. pour convaincre les juges du martyr qu’elle a souffert. Des moments de détresse confirmés par sa mère qui soutient l’avoir reçu en larmes au retour de chez le marabout. Pour en avoir le cœur net, dira la mère de la jeune dame, «je suis partie voir Abdou Tine en compagnie de ma fille. Mais il a nié les faits d’abus sexuel tout en soutenant l’avoir encensée». Ceci n’est pas la version de l’accusé à la barre. Ce dernier a soutenu avoir demandé à la jeune dame pourquoi elle n’a pas tenu ses parents au courant de leur relation. «Car depuis plus de trois mois, nous sortons ensemble et c’est la onzième fois qu’on entretient des rapports sexuels», dira le vieux marabout pour confirmer que la dame A.N. était consentante.
Une version battue en brèche par le ministère qui reste convaincu que l’accusé a abusé de la confiance «aveugle et innocente» de la victime. «Il a profité de la situation de vulnérabilité de la victime et de ses connaissances mythiques que Dieu lui a conférées pour abuser de la dame A.N.», soutient le représentant du ministère public avant de requérir une peine de cinq ans de prison ferme. Mais pour la défense, représentée par Me Cheick Tidiane Mbodji, rien dans le dossier ne caractérise une violence sexuelle ou même ne constate une pénétration. «Par conséquent, le ministère public ne s’est appesanti que sur les moyens utilisés par mon client pour attenter à la liberté sexuelle de la jeune dame. Un encensoir et de l’encens sortis tout droit de l’imagination de A.N», soutient Me Mbodji qui juge ces arguments très faibles pour condamner le «paisible» paysan marabout avant de plaider pour la relaxe pur et simple ou au bénéfice du doute de son client. Ce dernier qui soutient avoir agi par onze fois sur consentement de la jeune dame A.N sera fixé sur son sort le 10 novembre, date du délibéré après que le procureur a requis une peine de cinq ans de prison ferme.
KHALIL I. SENE
Source L'Observateur