Au premier étage, il nous introduit dans une salle où ses habits et ses chaussures attendaient d’être portés. A cause de la chaleur, on s’installe au balcon pour faire l’entretien. Un quart d’heure après, il revient, habillé d’une chemise noire aux rayures bleues, des chaussures bien cirées. Bref, la mise correcte. Comme on l’aperçoit sur le petit écran. Ce qui frappe au contact avec M. Netou, c’est sa disponibilité. Très chaleureux, toujours le sourire et le petit mot pour détendre l’atmosphère. Mais à force d’interpréter les discours pour les sourds-muets, il ne peut pas parler sans gesticuler.
Comme s’il avait devant lui sa cible préférée : les sourds. «C’est devenu une habitude», se défend-il. Né le 3 Février 1957 à Ziguinchor, Louis Netou y a fait ses études primaires et secondaires. Après le Bac, il vient à Dakar pour poursuivre ses études. C’est là que sa vie va basculer vers les sourds. «On était en 1977. En cette période, j’étais juste venu de Ziguinchor pour aller à l’université. J’étais à la porte de l’université quand j’ai rencontré un Américain qui s’appelle Andre Jackson Foster. Lui-même étant sourd, venu de l’Université des sourds-muets des Usa.» «Ce qui l’a poussé à venir en Afrique, c’est d’essayer de trouver des jeunes sourds qui sont comme lui et qui ont réussi dans la vie. Il m’a dit, je viens vous laisser un fardeau, celui de la prise en charge des problèmes des sourds-muets», se rappelle-t-il, comme si c’était hier. Un homme au parcours atypique qui s’active dans un monde particulier. Celui des sourds-muets. L’Observateur est allé à sa rencontre.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Louis Netou, spécialiste des sourds. Je suis enseignant spécialisé. C’est simplement les éducateurs qui amènent les sourds-muets à l’instruction ou à l’éducation. Globalement, cela peut s’appeler la méthode globale. Le langage des signes nous est venu d’Amérique de part un Américain qui s’appelle Andre Jackson Foster. Lui-même étant sourd, venu de l’Université des sourds-muets des Usa. Ce qui l’a poussé à venir en Afrique, c’est d’essayer de trouver des jeunes sourds comme lui et qui ont réussi dans la vie. Alors, à ce moment, arrivé au Sénégal, il a cherché des Eglises, ceux avec qui il pouvait travailler, qu’il pouvait former pour faire face aux problèmes des sourds. C’est ainsi qu’il m’a rencontré en 1977. J’étais venu de Ziguinchor pour aller à l’université. J’étais à la porte de l’université quand il m’a rencontré. Il m’a dit : «Je viens vous laisser un fardeau. Celui de la prise en charge des problèmes des sourds-muets.» Je lui ai dit : «Je ne comprends absolument rien. Je suis là pour des études.» Après, il m’a dit : «C’est un fardeau que je vous confie, si vous pouvez le faire, c’est tant mieux. Si vous ne pouvez pas, on cherchera ailleurs.» Dans le terme chrétien, le mot fardeau, c’est quelque chose de beaucoup plus profond que le terme même. On sent qu’on est face de ceux qui ont besoin de vous, de votre soutien. Lorsqu’on vient vous faire confiance dans ce domaine, que vous le pouvez ou pas, essayez quand même. C’est ainsi que j’ai dit à M. Foster que cela ne me dit rien, mais si c’est la volonté de Dieu, je m’y mets. Alors, il est parti, me laissant un document en anglais avec des signes. Pour me laisser voir si je m’intéresse à cela.
Et après que s’est-il passé ?
Six mois après, on se retrouve, il me dit : «Et alors ?» Je lui ai dit que je voudrais essayer. C’est à ce moment qu’il m’a dit : «Va demander la permission à tes parents. Parce que je dois vous amener au Nigeria pour votre formation. C’était en 1978. Je suis allé faire ma formation au Centre de Ibadan au Nigeria. Un centre ouvert par Foster. Il y avait d’autres nationalités, des Ivoiriens, Gabonais, Tchadiens et autres. Nous avions suivi la formation de base. Depuis, nous sommes retournés chez nous. Nous sommes les premiers au Sénégal à commencer avec cette forme d’éducation de sourds qui n’avait aucune signification pour les parents. Et les autorités étatiques n’en avaient que faire. Nous avons essayé de regrouper les enfants pour voir dans quelles mesures, l’application des méthodes que nous avons apprises pouvait les aider. Je vous assure que nous sommes arrivés à un résultat. Je m’adresse à une cible instruite qui comprend tout le message, le discours qui se dit. C’est le langage des signes, «The signe language» en Anglais. Tous les sourds qui ont été à l’école, qui s’appelait «Ephatha» (c’est un mot biblique qui veut dire «Entend») comprennent. Nous sommes arrivés à amener les sourds à comprendre, à lire et même à retenir ce que leur interlocuteur veut dire à travers trois à quatre formes.
Comme s’il avait devant lui sa cible préférée : les sourds. «C’est devenu une habitude», se défend-il. Né le 3 Février 1957 à Ziguinchor, Louis Netou y a fait ses études primaires et secondaires. Après le Bac, il vient à Dakar pour poursuivre ses études. C’est là que sa vie va basculer vers les sourds. «On était en 1977. En cette période, j’étais juste venu de Ziguinchor pour aller à l’université. J’étais à la porte de l’université quand j’ai rencontré un Américain qui s’appelle Andre Jackson Foster. Lui-même étant sourd, venu de l’Université des sourds-muets des Usa.» «Ce qui l’a poussé à venir en Afrique, c’est d’essayer de trouver des jeunes sourds qui sont comme lui et qui ont réussi dans la vie. Il m’a dit, je viens vous laisser un fardeau, celui de la prise en charge des problèmes des sourds-muets», se rappelle-t-il, comme si c’était hier. Un homme au parcours atypique qui s’active dans un monde particulier. Celui des sourds-muets. L’Observateur est allé à sa rencontre.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Louis Netou, spécialiste des sourds. Je suis enseignant spécialisé. C’est simplement les éducateurs qui amènent les sourds-muets à l’instruction ou à l’éducation. Globalement, cela peut s’appeler la méthode globale. Le langage des signes nous est venu d’Amérique de part un Américain qui s’appelle Andre Jackson Foster. Lui-même étant sourd, venu de l’Université des sourds-muets des Usa. Ce qui l’a poussé à venir en Afrique, c’est d’essayer de trouver des jeunes sourds comme lui et qui ont réussi dans la vie. Alors, à ce moment, arrivé au Sénégal, il a cherché des Eglises, ceux avec qui il pouvait travailler, qu’il pouvait former pour faire face aux problèmes des sourds. C’est ainsi qu’il m’a rencontré en 1977. J’étais venu de Ziguinchor pour aller à l’université. J’étais à la porte de l’université quand il m’a rencontré. Il m’a dit : «Je viens vous laisser un fardeau. Celui de la prise en charge des problèmes des sourds-muets.» Je lui ai dit : «Je ne comprends absolument rien. Je suis là pour des études.» Après, il m’a dit : «C’est un fardeau que je vous confie, si vous pouvez le faire, c’est tant mieux. Si vous ne pouvez pas, on cherchera ailleurs.» Dans le terme chrétien, le mot fardeau, c’est quelque chose de beaucoup plus profond que le terme même. On sent qu’on est face de ceux qui ont besoin de vous, de votre soutien. Lorsqu’on vient vous faire confiance dans ce domaine, que vous le pouvez ou pas, essayez quand même. C’est ainsi que j’ai dit à M. Foster que cela ne me dit rien, mais si c’est la volonté de Dieu, je m’y mets. Alors, il est parti, me laissant un document en anglais avec des signes. Pour me laisser voir si je m’intéresse à cela.
Et après que s’est-il passé ?
Six mois après, on se retrouve, il me dit : «Et alors ?» Je lui ai dit que je voudrais essayer. C’est à ce moment qu’il m’a dit : «Va demander la permission à tes parents. Parce que je dois vous amener au Nigeria pour votre formation. C’était en 1978. Je suis allé faire ma formation au Centre de Ibadan au Nigeria. Un centre ouvert par Foster. Il y avait d’autres nationalités, des Ivoiriens, Gabonais, Tchadiens et autres. Nous avions suivi la formation de base. Depuis, nous sommes retournés chez nous. Nous sommes les premiers au Sénégal à commencer avec cette forme d’éducation de sourds qui n’avait aucune signification pour les parents. Et les autorités étatiques n’en avaient que faire. Nous avons essayé de regrouper les enfants pour voir dans quelles mesures, l’application des méthodes que nous avons apprises pouvait les aider. Je vous assure que nous sommes arrivés à un résultat. Je m’adresse à une cible instruite qui comprend tout le message, le discours qui se dit. C’est le langage des signes, «The signe language» en Anglais. Tous les sourds qui ont été à l’école, qui s’appelait «Ephatha» (c’est un mot biblique qui veut dire «Entend») comprennent. Nous sommes arrivés à amener les sourds à comprendre, à lire et même à retenir ce que leur interlocuteur veut dire à travers trois à quatre formes.
Quelles sont-elles ?
Le langage des signes essaie de prendre la forme de l’objet connu qui est montré sous forme corporelle, ou l’expression du visage etc. Il y a aussi la dactylologie -c’est la position de l’alphabet- (Ndlr : il montre des doigts la position des différentes lettres). Vous avez la lecture labiale, le mouvement des lèvres. Le sourd, à travers cette méthode, vous comprend. Il y a différentes catégories de sourds. Des sourds légers, qui peuvent entendre parce qu’ils ont un reste auditif. Il suffit de les appareiller. Des sourds moyens : ces derniers ne peuvent entendre qu’à travers les signes. Les sourds-muets ou les sourds profonds qui ne peuvent entendre qu’à travers les signes ou le mouvement des lèvres. C’est pour vous dire que les sourds sont catégorisés. Si nous prenons la méthode, le langage des signes, ces catégories de sourds peuvent comprendre. C’est pourquoi cette méthode est plus répandue et les sourds, au Sénégal, connaissent bien cette méthode et communiquent bien avec.
Il y a des écoles de sourds au Sénégal, est-ce que vous dispensez des cours ?
Je vous ai parlé de l’école «Ephatha» qui, aujourd’hui, traverse quelques difficultés. Elle est, aujourd’hui, revenue sous une autre forme qu’on appelle «Sos Sourds» qui se trouve à Mariste. Aujourd’hui, je ne suis pas à l’école. Je suis interprète. Je coordonne tous ceux qui, après avoir été à l’école, viennent suivre l’actualité. Les mouvements associatifs, c’est moi qui leur permets d’avoir l’information. Je leur sers d’interprète.
Comment vous avez atterri à l’Assemblée nationale ?
Il y avait le vote de la Loi d’orientation sociale. Elle concernait le projet de loi que le chef de l’Etat avait soumis au Parlement pour que les personnes handicapées soient considérées, désormais, comme des citoyens à part entière. Que ces derniers puissent aller à l’école, suivre des formations, pouvant avoir n’importe quelle éducation. Le 26 mai, lors de ce vote, j’étais de la partie pour traduire tout ce qui se disait pour les personnes handicapées qui étaient plus nombreuses ce jour-là à l’Assemblée nationale. C’ est là que le président de l’Assemblée nationale, en voyant cela, a voulu corriger une erreur. En disant que nous aurons, désormais, besoin, dans l’Hémicycle, d’un interprète en signe pour que les autres puissent bénéficier de ce que nous faisons. Ils ont respecté leur engagement en m’appelant chaque fois qu’il y a une plénière. Depuis cette période, j’ai été invité à l’Assemblée nationale. C’est pourquoi, vous avez dû constater ma présence à travers le petit écran. Depuis 2003 déjà, je traduisais le message du chef de l’Etat à la Nation, le 31 décembre et le 04 avril. Vous remarquerez que c’est un événement qui a lieu une ou deux fois l’an. Et pour le reste de l’année, les sourds sont oubliés. Ils n’ont plus droit à l’information.
Est-ce que vous avez le feed-back des sourds par rapport à ce que vous faites à l’Assemblée ?
Je suis tout le temps en contact avec eux. Je n’ai même pas eu le temps de dire : «Attention, il faut suivre la télé», ce sont eux qui m’ont envoyé des messages pour me dire : «On vous suit à la télé.» Qu’est-ce qui s’est passé ? Les gens m’ont dit, dès qu’on a vu cela à la télé, il y avait des sourds à côté de nous, on leur a demandé s’ils comprennent ce que je fais à la télé. Ils ont dit que oui, ils comprennent. Les réactions viennent de partout. Ça fait plaisir. Pour moi, ma cible doit être atteinte en premier lieu. Je ne suis pas encore satisfait.
l'obs
Le langage des signes essaie de prendre la forme de l’objet connu qui est montré sous forme corporelle, ou l’expression du visage etc. Il y a aussi la dactylologie -c’est la position de l’alphabet- (Ndlr : il montre des doigts la position des différentes lettres). Vous avez la lecture labiale, le mouvement des lèvres. Le sourd, à travers cette méthode, vous comprend. Il y a différentes catégories de sourds. Des sourds légers, qui peuvent entendre parce qu’ils ont un reste auditif. Il suffit de les appareiller. Des sourds moyens : ces derniers ne peuvent entendre qu’à travers les signes. Les sourds-muets ou les sourds profonds qui ne peuvent entendre qu’à travers les signes ou le mouvement des lèvres. C’est pour vous dire que les sourds sont catégorisés. Si nous prenons la méthode, le langage des signes, ces catégories de sourds peuvent comprendre. C’est pourquoi cette méthode est plus répandue et les sourds, au Sénégal, connaissent bien cette méthode et communiquent bien avec.
Il y a des écoles de sourds au Sénégal, est-ce que vous dispensez des cours ?
Je vous ai parlé de l’école «Ephatha» qui, aujourd’hui, traverse quelques difficultés. Elle est, aujourd’hui, revenue sous une autre forme qu’on appelle «Sos Sourds» qui se trouve à Mariste. Aujourd’hui, je ne suis pas à l’école. Je suis interprète. Je coordonne tous ceux qui, après avoir été à l’école, viennent suivre l’actualité. Les mouvements associatifs, c’est moi qui leur permets d’avoir l’information. Je leur sers d’interprète.
Comment vous avez atterri à l’Assemblée nationale ?
Il y avait le vote de la Loi d’orientation sociale. Elle concernait le projet de loi que le chef de l’Etat avait soumis au Parlement pour que les personnes handicapées soient considérées, désormais, comme des citoyens à part entière. Que ces derniers puissent aller à l’école, suivre des formations, pouvant avoir n’importe quelle éducation. Le 26 mai, lors de ce vote, j’étais de la partie pour traduire tout ce qui se disait pour les personnes handicapées qui étaient plus nombreuses ce jour-là à l’Assemblée nationale. C’ est là que le président de l’Assemblée nationale, en voyant cela, a voulu corriger une erreur. En disant que nous aurons, désormais, besoin, dans l’Hémicycle, d’un interprète en signe pour que les autres puissent bénéficier de ce que nous faisons. Ils ont respecté leur engagement en m’appelant chaque fois qu’il y a une plénière. Depuis cette période, j’ai été invité à l’Assemblée nationale. C’est pourquoi, vous avez dû constater ma présence à travers le petit écran. Depuis 2003 déjà, je traduisais le message du chef de l’Etat à la Nation, le 31 décembre et le 04 avril. Vous remarquerez que c’est un événement qui a lieu une ou deux fois l’an. Et pour le reste de l’année, les sourds sont oubliés. Ils n’ont plus droit à l’information.
Est-ce que vous avez le feed-back des sourds par rapport à ce que vous faites à l’Assemblée ?
Je suis tout le temps en contact avec eux. Je n’ai même pas eu le temps de dire : «Attention, il faut suivre la télé», ce sont eux qui m’ont envoyé des messages pour me dire : «On vous suit à la télé.» Qu’est-ce qui s’est passé ? Les gens m’ont dit, dès qu’on a vu cela à la télé, il y avait des sourds à côté de nous, on leur a demandé s’ils comprennent ce que je fais à la télé. Ils ont dit que oui, ils comprennent. Les réactions viennent de partout. Ça fait plaisir. Pour moi, ma cible doit être atteinte en premier lieu. Je ne suis pas encore satisfait.
l'obs