Le président de la Generalitat, l'exécutif régional, Artur Mas (Convergencia i Unio, CiU, nationalistes de centre droit), avait d'abord réclamé un pacte fiscal, la mesure phare de son programme électoral de 2010. La formule devait assurer à sa région un meilleur financement et lui confier la clé du fisc, sur le modèle du Pays basque et de la Navarre. En même temps, Mas a appelé à mettre en place les structures d'un «État propre». Lors de la fête nationale catalane du 11 septembre, plusieurs centaines de milliers de personnes ont scandé des slogans en faveur de l'indépendance et de la création d'«un nouvel État européen».
Le gouvernement central de Mariano Rajoy (Parti populaire, PP, droite) a opposé la semaine dernière un refus catégorique au projet de pacte fiscal. En réaction, Mas a convoqué mardi des élections anticipées, fixées au 25 novembre. Et, du même coup, il est entré en campagne. Le gouvernement issu des urnes devra permettre au peuple catalan de «choisir son futur collectif». «Le moment est venu d'exercer le droit à l'autodétermination», a affirmé Mas au Parlement régional. «D'abord, nous devons essayer de suivre la loi, mais si ce n'est pas possible légalement, il faudra tout de même le faire», a-t-il précisé ce mercredi.
Mas, encore une fois, a soigneusement évité de prononcer le terme d'«indépendance». Le mot effraie une partie de ses électeurs et Mas conservent une certaine ambiguïté sur ses projets. Lors d'une réunion avec des dirigeants de grandes entreprises catalanes, il aurait évoqué, selon le journal El Mundo, le modèle de… Puerto Rico. L'île est un État associé aux États-Unis, auxquels les Portoricains délèguent certains pouvoirs régaliens tels que les relations internationales. L'exemple, déjà cité par les nationalistes basques il y a quelques années, permet de ménager la chèvre et le chou… au risque de semer la confusion.
Front du refus
Les lieutenants de Mas se sont chargés de mettre les points sur les «i». «L'idée est de convoquer un référendum pour que les Catalans puissent décider si nous nous maintenons dans l'actuel État espagnol ou si nous construisons notre propre État», a ainsi décrypté Josep Rull, le secrétaire d'organisation de Convergencia Democràtica de Catalunya (CDC), l'un des deux partis qui forment la coalition CiU.
L'opposition non nationaliste, le Partit dels Socialistes de Catalunya (PSC) et le PP, dénonce une stratégie électoraliste. Elle rappelle qu'en dix-neuf mois de pouvoir, le gouvernement de Mas a surtout marqué les esprits par sa politique de rigueur. Les recortes (coupes budgétaires) dans l'Éducation, la Santé et la Fonction publique ont été plus durs que dans aucune autre région espagnole. L'agitation nationaliste permettrait de dédouaner le gouvernement régional, de dévier l'attention… et, peut-être, de fédérer les mécontentements autour de Mas. Ce dernier est en tout cas le grand favori à sa propre succession.
Pris de court, sans candidat et sans programme, les socialistes improvisent un projet fédéraliste. La formule, elle aussi, est suffisamment vague pour ne fâcher ni les Catalans ni le reste de la gauche espagnole. Quant au PP, il organise le front du refus autour de ses présidents de région (onze sur dix-sept communautés autonomes). Les conservateurs ont été la force d'appoint qui a permis aux nationalistes d'entériner les plans d'austérité successifs au Parlement régional. Ils sont aujourd'hui les premiers surpris par le virage sécessionniste de leur ancien allié.
Par Mathieu de Taillac
Le gouvernement central de Mariano Rajoy (Parti populaire, PP, droite) a opposé la semaine dernière un refus catégorique au projet de pacte fiscal. En réaction, Mas a convoqué mardi des élections anticipées, fixées au 25 novembre. Et, du même coup, il est entré en campagne. Le gouvernement issu des urnes devra permettre au peuple catalan de «choisir son futur collectif». «Le moment est venu d'exercer le droit à l'autodétermination», a affirmé Mas au Parlement régional. «D'abord, nous devons essayer de suivre la loi, mais si ce n'est pas possible légalement, il faudra tout de même le faire», a-t-il précisé ce mercredi.
Mas, encore une fois, a soigneusement évité de prononcer le terme d'«indépendance». Le mot effraie une partie de ses électeurs et Mas conservent une certaine ambiguïté sur ses projets. Lors d'une réunion avec des dirigeants de grandes entreprises catalanes, il aurait évoqué, selon le journal El Mundo, le modèle de… Puerto Rico. L'île est un État associé aux États-Unis, auxquels les Portoricains délèguent certains pouvoirs régaliens tels que les relations internationales. L'exemple, déjà cité par les nationalistes basques il y a quelques années, permet de ménager la chèvre et le chou… au risque de semer la confusion.
Front du refus
Les lieutenants de Mas se sont chargés de mettre les points sur les «i». «L'idée est de convoquer un référendum pour que les Catalans puissent décider si nous nous maintenons dans l'actuel État espagnol ou si nous construisons notre propre État», a ainsi décrypté Josep Rull, le secrétaire d'organisation de Convergencia Democràtica de Catalunya (CDC), l'un des deux partis qui forment la coalition CiU.
L'opposition non nationaliste, le Partit dels Socialistes de Catalunya (PSC) et le PP, dénonce une stratégie électoraliste. Elle rappelle qu'en dix-neuf mois de pouvoir, le gouvernement de Mas a surtout marqué les esprits par sa politique de rigueur. Les recortes (coupes budgétaires) dans l'Éducation, la Santé et la Fonction publique ont été plus durs que dans aucune autre région espagnole. L'agitation nationaliste permettrait de dédouaner le gouvernement régional, de dévier l'attention… et, peut-être, de fédérer les mécontentements autour de Mas. Ce dernier est en tout cas le grand favori à sa propre succession.
Pris de court, sans candidat et sans programme, les socialistes improvisent un projet fédéraliste. La formule, elle aussi, est suffisamment vague pour ne fâcher ni les Catalans ni le reste de la gauche espagnole. Quant au PP, il organise le front du refus autour de ses présidents de région (onze sur dix-sept communautés autonomes). Les conservateurs ont été la force d'appoint qui a permis aux nationalistes d'entériner les plans d'austérité successifs au Parlement régional. Ils sont aujourd'hui les premiers surpris par le virage sécessionniste de leur ancien allié.
Par Mathieu de Taillac