Haïti, l’Afghanistan, les Comores et les Territoires Palestiniens, ces pays seront désormais les seuls, en raison de leur « forte visibilité politique », à recevoir une aide bilatérale conséquente de la France. Selon un télégramme diplomatique intercepté la semaine dernière par l’ONG Oxfam-Agir ici, le gouvernement va « suspendre sine die » l’instruction de projets de subventions destinés à la lutte contre la pauvreté en Afrique sub-saharienne, via l’Agence Française de Développement (AFD). Une décision qui marque l’arrêt des financements destinés à 55 projets de développement africains. Quarante-neuf millions d’euros prévus en 2008 pour l’Afrique de l’Ouest et 19 millions pour l’Afrique Centrale ont déjà été supprimés.
Le secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet, annonçait pourtant jeudi dernier, lors d’un déplacement à Ouagadougou, au Burkina Faso, que l’AFD verrait son budget augmenter comme prévu. « Les engagements qui ont été pris par la France de déployer un milliard d’euros supplémentaire en 2009 en Afrique au travers de l’Agence française de développement seront maintenus ». Il s’est par ailleurs engagé dimanche, dans un communiqué, à augmenter de 2% son aide à l’Afrique en 2009 afin qu’elle ne soit pas « la variable d’ajustement du règlement de la crise financière ».
Le télégramme intercepté a fait l’effet d’une bombe. Interrogé par Afrik.com, Sébastien Fourmy, d’Oxfam-Agir ici, explique que les secteurs sociaux seront les premiers touchés par l’arrêt des subventions : « Secteur de la santé au Mali, au Rwanda, […], secteur de l’éducation au Niger, en RDC, […], sans parler des subventions agricoles en pleine crise alimentaire. »
Les chiffres de l’aide sont gonflés
Une source du secrétariat d’Etat à la Coopération joint par Afrik.com au téléphone se veut pourtant rassurante. « Certes les aides bilatérales en subventions de la France à l’Afrique vont diminuer, mais les aides multilatérales seront maintenues, et globalement l’aide totale va augmenter. »
Néanmoins, Sébastien Fourmy insiste sur le fait que les dirigeants jouent sur les mots. L’aide sera bien redéployée et augmentera en chiffre mais Alain Joyandet omet toutefois de rappeler que l’Aide publique au développement (APD) est un concept un peu « fourre-tout ». L’augmentation prévue prend en compte les annulations de dette de la République Démocratique du Congo et de la Côte d’Ivoire, prévues pour 2009, que le gouvernement entend bien comptabiliser pour « gonfler les chiffres ».
La hausse de 2% comprend également l’augmentation des prêts que certains pays africains contracteront en 2009. Le président Nicolas Sarkozy s’était pourtant, lui aussi, engagé le 22 septembre dernier devant l’Assemblée des Nations unies à ne pas répéter « les erreurs du passé » en préparant « une nouvelle crise de la dette africaine pour 2030 ». Notre interlocuteur au secrétariat d’Etat à la Coopération assure que les annulations de dette, si elles sont bien utilisées par les Etats, doivent servir aux investissements dans les secteurs sociaux et compenser la fin des subventions. La France n’a pourtant aucun droit de regard sur les dépenses des gouvernements africains et pourra difficilement le vérifier. Les prêts, quant à eux, n’auraient « rien à voir avec ceux des dernières décennies ». Fini donc les éléphants blancs, les nouveaux prêts que la France va accorder à l’Afrique n’iront pas directement dans les poches des dirigeants mais seront destinées aux entreprises privées et … publiques.
La France privilégie les pays à « forte visibilité politique »
Alors que l’on pourrait croire en une administration schizophrénique qui dit le contraire de ce qu’elle fait, notre source rappelle qu’Alain Joyandet est tout à fait cohérent avec les engagements pris par Nicolas Sarkozy. La France respecte l’initiative du Cap en encourageant la croissance africaine et le secteur privé. « Les Etats africains sont demandeurs d’infrastructures. Il faut créer de la richesse ». Les subventions des secteurs sociaux seront donc dorénavant attribuées à travers les canaux multilatéraux de façon quasi-exclusive : Banque mondiale et Fond européen de Développement (FED). La France privilégiera alors l’aide bilatérale au secteur privé africain espérant des retombées à long terme sur les secteurs sociaux de base : sécurité alimentaire, santé ou encore éducation.
Le 28 février dernier encore, au Cap (Afrique du Sud), Nicolas Sarkozy souhaitait que « la France contribue plus activement à la lutte contre la pauvreté en Afrique (…) en continuant à soutenir la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) », il semblerait que les OMD soient aujourd’hui secondaires. A part pour les quatre pays à « forte visibilité politique », « choisis en raison de leur situation ultra-critique », d’après notre source au secrétariat d’Etat à la Coopération.
Les 6 millions d’affamés éthiopiens et les 200 000 réfugiés Congolais en République Démocratique du Congo devront donc attendre que leur situation soit « vraiment » critique, comme à l’heure actuelle, pour demander de l’aide.
Le secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet, annonçait pourtant jeudi dernier, lors d’un déplacement à Ouagadougou, au Burkina Faso, que l’AFD verrait son budget augmenter comme prévu. « Les engagements qui ont été pris par la France de déployer un milliard d’euros supplémentaire en 2009 en Afrique au travers de l’Agence française de développement seront maintenus ». Il s’est par ailleurs engagé dimanche, dans un communiqué, à augmenter de 2% son aide à l’Afrique en 2009 afin qu’elle ne soit pas « la variable d’ajustement du règlement de la crise financière ».
Le télégramme intercepté a fait l’effet d’une bombe. Interrogé par Afrik.com, Sébastien Fourmy, d’Oxfam-Agir ici, explique que les secteurs sociaux seront les premiers touchés par l’arrêt des subventions : « Secteur de la santé au Mali, au Rwanda, […], secteur de l’éducation au Niger, en RDC, […], sans parler des subventions agricoles en pleine crise alimentaire. »
Les chiffres de l’aide sont gonflés
Une source du secrétariat d’Etat à la Coopération joint par Afrik.com au téléphone se veut pourtant rassurante. « Certes les aides bilatérales en subventions de la France à l’Afrique vont diminuer, mais les aides multilatérales seront maintenues, et globalement l’aide totale va augmenter. »
Néanmoins, Sébastien Fourmy insiste sur le fait que les dirigeants jouent sur les mots. L’aide sera bien redéployée et augmentera en chiffre mais Alain Joyandet omet toutefois de rappeler que l’Aide publique au développement (APD) est un concept un peu « fourre-tout ». L’augmentation prévue prend en compte les annulations de dette de la République Démocratique du Congo et de la Côte d’Ivoire, prévues pour 2009, que le gouvernement entend bien comptabiliser pour « gonfler les chiffres ».
La hausse de 2% comprend également l’augmentation des prêts que certains pays africains contracteront en 2009. Le président Nicolas Sarkozy s’était pourtant, lui aussi, engagé le 22 septembre dernier devant l’Assemblée des Nations unies à ne pas répéter « les erreurs du passé » en préparant « une nouvelle crise de la dette africaine pour 2030 ». Notre interlocuteur au secrétariat d’Etat à la Coopération assure que les annulations de dette, si elles sont bien utilisées par les Etats, doivent servir aux investissements dans les secteurs sociaux et compenser la fin des subventions. La France n’a pourtant aucun droit de regard sur les dépenses des gouvernements africains et pourra difficilement le vérifier. Les prêts, quant à eux, n’auraient « rien à voir avec ceux des dernières décennies ». Fini donc les éléphants blancs, les nouveaux prêts que la France va accorder à l’Afrique n’iront pas directement dans les poches des dirigeants mais seront destinées aux entreprises privées et … publiques.
La France privilégie les pays à « forte visibilité politique »
Alors que l’on pourrait croire en une administration schizophrénique qui dit le contraire de ce qu’elle fait, notre source rappelle qu’Alain Joyandet est tout à fait cohérent avec les engagements pris par Nicolas Sarkozy. La France respecte l’initiative du Cap en encourageant la croissance africaine et le secteur privé. « Les Etats africains sont demandeurs d’infrastructures. Il faut créer de la richesse ». Les subventions des secteurs sociaux seront donc dorénavant attribuées à travers les canaux multilatéraux de façon quasi-exclusive : Banque mondiale et Fond européen de Développement (FED). La France privilégiera alors l’aide bilatérale au secteur privé africain espérant des retombées à long terme sur les secteurs sociaux de base : sécurité alimentaire, santé ou encore éducation.
Le 28 février dernier encore, au Cap (Afrique du Sud), Nicolas Sarkozy souhaitait que « la France contribue plus activement à la lutte contre la pauvreté en Afrique (…) en continuant à soutenir la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) », il semblerait que les OMD soient aujourd’hui secondaires. A part pour les quatre pays à « forte visibilité politique », « choisis en raison de leur situation ultra-critique », d’après notre source au secrétariat d’Etat à la Coopération.
Les 6 millions d’affamés éthiopiens et les 200 000 réfugiés Congolais en République Démocratique du Congo devront donc attendre que leur situation soit « vraiment » critique, comme à l’heure actuelle, pour demander de l’aide.