«Un prébendier à la tête d'un groupe d'assassins», «un régime de mort et de sang»: Laurent Fabius a usé de termes extrêmement forts, mercredi lors d'une conférence de presse, pour condamner le pouvoir de Damas et annoncer à son encontre un renforcement de la pression internationale. «La France entend être à la pointe de l'action contre Bachar el-Assad», a dit le chef de la diplomatie française. Il a repris à son compte le terme de «guerre civile», employé la veille par un haut responsable de l'ONU, et admis que le pays était la destination de livraisons d'armes.
«La situation en Syrie a pris un tour encore plus grave et plus abominable», a déclaré le ministre en évoquant le sort d'enfants utilisés comme boucliers humains, une situation sur laquelle un rapport des Nations unies avait levé le voile, mardi. «Des enfants de 8 à 9 ans sont placés devant des chars, violés et assassinés, a dit Laurent Fabius. (…) Ils sont mis de part et d'autre des cars militaires qui entrent dans les villes. Si on veut tuer des soldats, il faut d'abord tuer des enfants…» a-t-il poursuivi.
En conséquence, Paris a indiqué son intention d'«aggraver les sanctions» pesant sur Damas. Laurent Fabius a souligné qu'il allait prendre contact «immédiatement» avec ses homologues européens et américains en vue d'adopter «les sanctions les plus dures», non seulement à l'encontre de «Bachar et de sa clique», mais aussi de ceux qui leur prêtent main-forte, notamment des militaires. Une liste de «responsables intermédiaires», que le patron du Quai d'Orsay a mis en garde en leur intimant de «quitter le navire», seront poursuivis en justice.
Autre aspect de ce tour de vis, Paris veut rendre obligatoires les mesures du plan de Kofi Annan prévoyant notamment l'arrêt des violences, le retrait des villes, la fin de l'acheminement des armes et un dialogue politique. Un plan bien mal en point que Laurent Fabius a souhaité voir inscrit dans une résolution sous chapitre 7 de la Charte de l'ONU, c'est-à-dire supposant des mesures contraignantes pour le mettre en œuvre, des sanctions, voire le cas échéant la force militaire.
La Chine «préoccupée»
Le ministre des Affaires étrangères a appelé à «aller plus loin» dans le dialogue avec la Russie, ainsi qu'avec «les oppositions» syriennes, un pluriel minimisant le rôle du Conseil national syrien, considéré jusqu'à présent comme l'interlocuteur principal. Des oppositions qui seront conviées, avec quelque 140 pays et organisations, à la prochaine réunion du «groupe des amis du peuple syrien», prévue le 6 juillet à Paris.
Derrière la fermeté des déclarations du chef de la diplomatie se pose une nouvelle fois la question de leur concrétisation. Plusieurs volets de sanctions ont ainsi été décidés, notamment par l'UE, mais les experts soulignent qu'elles atteignent désormais leur limite. De même, une résolution sous chapitre 7, évoquée du temps d'Alain Juppé, se heurte aux divisions du Conseil de sécurité et à l'opposition de la Russie que toute mesure coercitive hérisse.
Reste que les choses bougent lentement, sous l'effet des massacres récurrents, du statu quo militaire et de la décrédibilisation de Bachar el-Assad avec lequel la Russie a pris quelque distance. Laurent Fabius a également relevé mercredi la «vive préoccupation», plutôt inédite là aussi, exprimée par la Chine. À New York, selon un diplomate, «il y a un train qui commence à se mettre en marche, à très petite vitesse» et qui pourrait conduire à une résolution du Conseil de sécurité, si Moscou accompagnait ce mouvement. Les visions sont encore loin de coïncider. Le ministre français a ainsi rappelé son soutien à un «groupe de contact», avec la Russie mais sans l'Iran, un pays que Moscou voudrait voir autour de la table.
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Par Alain Barluet
«La situation en Syrie a pris un tour encore plus grave et plus abominable», a déclaré le ministre en évoquant le sort d'enfants utilisés comme boucliers humains, une situation sur laquelle un rapport des Nations unies avait levé le voile, mardi. «Des enfants de 8 à 9 ans sont placés devant des chars, violés et assassinés, a dit Laurent Fabius. (…) Ils sont mis de part et d'autre des cars militaires qui entrent dans les villes. Si on veut tuer des soldats, il faut d'abord tuer des enfants…» a-t-il poursuivi.
En conséquence, Paris a indiqué son intention d'«aggraver les sanctions» pesant sur Damas. Laurent Fabius a souligné qu'il allait prendre contact «immédiatement» avec ses homologues européens et américains en vue d'adopter «les sanctions les plus dures», non seulement à l'encontre de «Bachar et de sa clique», mais aussi de ceux qui leur prêtent main-forte, notamment des militaires. Une liste de «responsables intermédiaires», que le patron du Quai d'Orsay a mis en garde en leur intimant de «quitter le navire», seront poursuivis en justice.
Autre aspect de ce tour de vis, Paris veut rendre obligatoires les mesures du plan de Kofi Annan prévoyant notamment l'arrêt des violences, le retrait des villes, la fin de l'acheminement des armes et un dialogue politique. Un plan bien mal en point que Laurent Fabius a souhaité voir inscrit dans une résolution sous chapitre 7 de la Charte de l'ONU, c'est-à-dire supposant des mesures contraignantes pour le mettre en œuvre, des sanctions, voire le cas échéant la force militaire.
La Chine «préoccupée»
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Derrière la fermeté des déclarations du chef de la diplomatie se pose une nouvelle fois la question de leur concrétisation. Plusieurs volets de sanctions ont ainsi été décidés, notamment par l'UE, mais les experts soulignent qu'elles atteignent désormais leur limite. De même, une résolution sous chapitre 7, évoquée du temps d'Alain Juppé, se heurte aux divisions du Conseil de sécurité et à l'opposition de la Russie que toute mesure coercitive hérisse.
Reste que les choses bougent lentement, sous l'effet des massacres récurrents, du statu quo militaire et de la décrédibilisation de Bachar el-Assad avec lequel la Russie a pris quelque distance. Laurent Fabius a également relevé mercredi la «vive préoccupation», plutôt inédite là aussi, exprimée par la Chine. À New York, selon un diplomate, «il y a un train qui commence à se mettre en marche, à très petite vitesse» et qui pourrait conduire à une résolution du Conseil de sécurité, si Moscou accompagnait ce mouvement. Les visions sont encore loin de coïncider. Le ministre français a ainsi rappelé son soutien à un «groupe de contact», avec la Russie mais sans l'Iran, un pays que Moscou voudrait voir autour de la table.
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