Depuis le comptoir de sa pharmacie du centre d'Athènes, Ypakoï Ptinosi désespère de voir un client. Dans les larges tiroirs blancs, elle étale les boîtes de médicaments pour combler les rangées vides pendant que sa collègue disperse les produits parapharmaceutiques dans le reste de la boutique. Comme les jours précédents, cette jeune pharmacienne craint de ne voir que deux ou trois touristes venir acheter un tube de crème solaire, mais aucun habitué des lieux.
Depuis janvier, les pharmaciens refusent de délivrer les médicaments sur ordonnance s'ils ne sont pas payés comptant. La Sécurité sociale nationale, qui couvre neuf millions de Grecs, soit 90 % de la population, prend intégralement en charge la plupart des médicaments. Or sa dette envers les pharmacies bat des records depuis le début de la crise et dépasse les 350 millions d'euros. La plaie touche tant les distributeurs que les consommateurs. «C'est horrible de devoir refuser des médicaments à un client qui me connaît depuis l'époque où j'étais encore en stage» lance Ypakoï. «Avec l'austérité, les retraités n'ont plus les moyens de payer leurs antidouleur. Et nous n'arrivons plus à nous approvisionner. Je crains qu'il faille bientôt mettre la clé sous la porte», s'inquiète-t-elle.
Plus de 170 pharmacies ont déjà fermé à Athènes et Thessalonique. «D'un côté, les pharmacies attendent d'être remboursées par l'État. Mais les retards de paiements peuvent dépasser les 14 mois. Avec le taux de chômage frôlant les 22 % et les cotisations sociales amoindries, il faudra encore plus attendre. Or ils ne peuvent continuer à accorder des crédits, explique Takis Bratsos, économiste. De l'autre, il y a la pénurie. La plupart des hôpitaux et pharmacies sont surendettés, et forcément les laboratoires pharmaceutiques ne s'intéressent plus à la Grèce. D'autant que le prix des médicaments est très bas.»
Baisse des médicaments de 20 %
Depuis 2010, le gouvernement a baissé le prix des médicaments de 20 %. Immédiatement, les fournisseurs ont commencé à exporter leurs produits vers d'autres pays européens pour en obtenir un meilleur prix. Aujourd'hui, la pénurie de médicaments est donc réelle. Et les perspectives d'amélioration sont d'autant plus négatives que les créanciers publics du pays (Union européenne et FMI) imposent une réduction d'un milliard d'euros dans un budget de la santé déficitaire de plus de 4 milliards d'euros.
Pour Ypakoï Ptinosi, jamais l'urgence d'un retour à la stabilité politique n'a été aussi criante. Comme nombre de pharmaciens, elle s'inquiète du scrutin du 17 juin prochain. Le parti de gauche radicale Syriza est donné vainqueur et les pressions pour sortir de la zone euro se multiplient. «Si nous revenons à la drachme, les fournisseurs nous abandonneront totalement et on comptera très vite le nombre de décès», affirme-t-elle, tandis que le gouvernement affirme mettre en place un dispositif visant à fournir les traitements des patients les plus fragiles.
Par Alexia Kefalas
Depuis janvier, les pharmaciens refusent de délivrer les médicaments sur ordonnance s'ils ne sont pas payés comptant. La Sécurité sociale nationale, qui couvre neuf millions de Grecs, soit 90 % de la population, prend intégralement en charge la plupart des médicaments. Or sa dette envers les pharmacies bat des records depuis le début de la crise et dépasse les 350 millions d'euros. La plaie touche tant les distributeurs que les consommateurs. «C'est horrible de devoir refuser des médicaments à un client qui me connaît depuis l'époque où j'étais encore en stage» lance Ypakoï. «Avec l'austérité, les retraités n'ont plus les moyens de payer leurs antidouleur. Et nous n'arrivons plus à nous approvisionner. Je crains qu'il faille bientôt mettre la clé sous la porte», s'inquiète-t-elle.
Plus de 170 pharmacies ont déjà fermé à Athènes et Thessalonique. «D'un côté, les pharmacies attendent d'être remboursées par l'État. Mais les retards de paiements peuvent dépasser les 14 mois. Avec le taux de chômage frôlant les 22 % et les cotisations sociales amoindries, il faudra encore plus attendre. Or ils ne peuvent continuer à accorder des crédits, explique Takis Bratsos, économiste. De l'autre, il y a la pénurie. La plupart des hôpitaux et pharmacies sont surendettés, et forcément les laboratoires pharmaceutiques ne s'intéressent plus à la Grèce. D'autant que le prix des médicaments est très bas.»
Baisse des médicaments de 20 %
Depuis 2010, le gouvernement a baissé le prix des médicaments de 20 %. Immédiatement, les fournisseurs ont commencé à exporter leurs produits vers d'autres pays européens pour en obtenir un meilleur prix. Aujourd'hui, la pénurie de médicaments est donc réelle. Et les perspectives d'amélioration sont d'autant plus négatives que les créanciers publics du pays (Union européenne et FMI) imposent une réduction d'un milliard d'euros dans un budget de la santé déficitaire de plus de 4 milliards d'euros.
Pour Ypakoï Ptinosi, jamais l'urgence d'un retour à la stabilité politique n'a été aussi criante. Comme nombre de pharmaciens, elle s'inquiète du scrutin du 17 juin prochain. Le parti de gauche radicale Syriza est donné vainqueur et les pressions pour sortir de la zone euro se multiplient. «Si nous revenons à la drachme, les fournisseurs nous abandonneront totalement et on comptera très vite le nombre de décès», affirme-t-elle, tandis que le gouvernement affirme mettre en place un dispositif visant à fournir les traitements des patients les plus fragiles.
Par Alexia Kefalas