Le président de la Cour pénale internationale (CPI), le Sud-Coréen Sang-Hyun Song, est venu en personne, lundi après-midi à Zenten, récupérer son équipe, arrêtée lors de sa rencontre, le 7 juin dernier avec Seïf al-Islam Kadhafi. Libres de quitter la Libye le jour même, l'avocate australienne Melinda Taylor, les deux membres du greffe de la CPI, le Russe Alexander Khodakov et l'Espagnol Esteban Peralta Lossilla, ainsi que leur interprète libanaise Helen Assaf, étaient incarcérés depuis 25 jours dans cette importante bourgade du Djebel Nefousa, où le fils de l'ancien dictateur est également emprisonné.
Devant un parterre de ministres et diplomates, le vice-ministre des Affaires étrangères libyen, Mohammed Abdelaziz, a prévenu que son pays jugerait in abstentia, le 23 juillet prochain à Tripoli, ces quatre membres de la CPI, accusés d'avoir «porté atteinte à la sécurité nationale», en tentant d'échanger secrètement des documents avec Seïf al-Islam. «Du côté libyen, a-t-il expliqué, l'enquête est terminée». Si les membres de la CPI sont déclarés coupables, la Libye s'est toutefois engagée à ne pas réclamer leur extradition.
Cette libération intervient à quelques jours du scrutin législatif du 7 juillet prochain, les premières élections démocratiques jamais organisées en Libye. Pour ce pays qui, depuis sa révolution, entend prouver son attachement aux droits de l'homme, il était sans doute temps de faire un geste vis-à-vis de la communauté internationale.
Bras de fer
De son côté, le président de la CPI a présenté ses «excuses pour l'enchaînement des événements». Il a dit «prendre très au sérieux les informations apportées par les autorités libyennes» dans cette affaire. «La CPI va mener sa propre enquête», a-t-il promis. Song Sang-hyun s'est engagé, s'il est avéré que son équipe a eu des «comportements critiquables», à prendre des «sanctions appropriées». Dans son bras de fer avec les autorités libyennes, qui entendent juger Seïf al-Islam plutôt que de s'en remettre à un procès devant la CPI, la juridiction internationale vient de perdre beaucoup de poids avec cet épisode. Son équipe était venue à Zenten pour s'assurer que les droits de la défense de Seïf al-Islam étaient respectés.
Les mots les plus durs ont été prononcés, lundi après-midi, par Lajmi Ali Lateri, le chef de la brigade Aboubakar, qui a arrêté au cours d'une embuscade Seïf al-Islam le 19 novembre 2011, près d'Obari, à l'extrême sud-est du désert libyen. Ce quinquagénaire fluet a toujours la garde de ce prisonnier convoité, et c'est également lui qui s'est chargé de la détention du personnel de la CPI.
«Nous nous attendions à ce qu'on tente d'enlever ou de libérer Seïf al-Islam, car des fidèles de l'ancien régime veulent cacher les crimes de Mouammar Kadhafi. Il est regrettable que ce soient des membres du CPI», a-t-il accusé, qui se soient livrés à ces manœuvres supposées.
Avant cette réunion officielle, dans son bureau, Lajmi Ali Lateri est revenu sur l'arrestation des membres de la CPI. C'est la thèse reprise par les autorités libyennes. D'abord, un accompagnateur libyen du groupe, jouant l'inculte alors qu'il savait parler plusieurs langues étrangères, aurait surpris plusieurs conversations suspectes des juristes internationaux. Ensuite, un membre de la CPI aurait «tenu à prendre trois stylos avant de rencontrer Seïf», dont l'un aurait «dissimulé une caméra». Une autre caméra «cachée dans le plafond de la pièce» aurait permis de voir «un échange secret de documents entre Melinda Taylor et Seïf». Conclusion d'un autre chef de guerre de Zenten, Mokhtar al-Akhdar, «Ces gens nous ont pris pour des imbéciles». Il revient maintenant à la CPI de prouver le contraire.
Par Thierry Portes
Devant un parterre de ministres et diplomates, le vice-ministre des Affaires étrangères libyen, Mohammed Abdelaziz, a prévenu que son pays jugerait in abstentia, le 23 juillet prochain à Tripoli, ces quatre membres de la CPI, accusés d'avoir «porté atteinte à la sécurité nationale», en tentant d'échanger secrètement des documents avec Seïf al-Islam. «Du côté libyen, a-t-il expliqué, l'enquête est terminée». Si les membres de la CPI sont déclarés coupables, la Libye s'est toutefois engagée à ne pas réclamer leur extradition.
Cette libération intervient à quelques jours du scrutin législatif du 7 juillet prochain, les premières élections démocratiques jamais organisées en Libye. Pour ce pays qui, depuis sa révolution, entend prouver son attachement aux droits de l'homme, il était sans doute temps de faire un geste vis-à-vis de la communauté internationale.
Bras de fer
De son côté, le président de la CPI a présenté ses «excuses pour l'enchaînement des événements». Il a dit «prendre très au sérieux les informations apportées par les autorités libyennes» dans cette affaire. «La CPI va mener sa propre enquête», a-t-il promis. Song Sang-hyun s'est engagé, s'il est avéré que son équipe a eu des «comportements critiquables», à prendre des «sanctions appropriées». Dans son bras de fer avec les autorités libyennes, qui entendent juger Seïf al-Islam plutôt que de s'en remettre à un procès devant la CPI, la juridiction internationale vient de perdre beaucoup de poids avec cet épisode. Son équipe était venue à Zenten pour s'assurer que les droits de la défense de Seïf al-Islam étaient respectés.
Les mots les plus durs ont été prononcés, lundi après-midi, par Lajmi Ali Lateri, le chef de la brigade Aboubakar, qui a arrêté au cours d'une embuscade Seïf al-Islam le 19 novembre 2011, près d'Obari, à l'extrême sud-est du désert libyen. Ce quinquagénaire fluet a toujours la garde de ce prisonnier convoité, et c'est également lui qui s'est chargé de la détention du personnel de la CPI.
«Nous nous attendions à ce qu'on tente d'enlever ou de libérer Seïf al-Islam, car des fidèles de l'ancien régime veulent cacher les crimes de Mouammar Kadhafi. Il est regrettable que ce soient des membres du CPI», a-t-il accusé, qui se soient livrés à ces manœuvres supposées.
Avant cette réunion officielle, dans son bureau, Lajmi Ali Lateri est revenu sur l'arrestation des membres de la CPI. C'est la thèse reprise par les autorités libyennes. D'abord, un accompagnateur libyen du groupe, jouant l'inculte alors qu'il savait parler plusieurs langues étrangères, aurait surpris plusieurs conversations suspectes des juristes internationaux. Ensuite, un membre de la CPI aurait «tenu à prendre trois stylos avant de rencontrer Seïf», dont l'un aurait «dissimulé une caméra». Une autre caméra «cachée dans le plafond de la pièce» aurait permis de voir «un échange secret de documents entre Melinda Taylor et Seïf». Conclusion d'un autre chef de guerre de Zenten, Mokhtar al-Akhdar, «Ces gens nous ont pris pour des imbéciles». Il revient maintenant à la CPI de prouver le contraire.
Par Thierry Portes