L'État libyen est peut-être en train de naître, dans la douleur, deux semaines après l'assassinat de l'ambassadeur américain à Benghazi.
Dans cette ville, secouée la veille par de nouveaux affrontements meurtriers, le président du Congrès général libyen, Mohammed al-Megaryef, a annoncé, dans la nuit de samedi, «la dissolution de toutes les brigades et formations armées qui ne sont pas sous la légitimité de l'État».
Le plus haut représentant du pouvoir libyen a chargé le chef d'état-major de l'armée, Youssef al-Mangouch, d'asseoir son autorité sur les brigades qui ont accepté la tutelle du ministère de la Défense, en plaçant des officiers de l'ancienne armée de Kadhafi au commandement de ces groupes d'ex-rebelles.
Ultimatum à Tripoli
Les autorités libyennes fixent en outre un ultimatum aux milices armées pour évacuer, à Tripoli et dans ses environs, les anciennes casernes de l'armée, les bâtiments publics, propriétés des membres de l'ancien régime ou des enfants de Mouammar Kadhafi. Un plan qui s'étendra sûrement à l'ensemble du territoire et qui nécessitera l'usage de la force.
Sans attendre l'expiration de cet ultimatum, des troupes ont pris d'assaut, dimanche matin, le quartier général d'une milice sur la route de l'aéroport de Tripoli. Selon l'Agence France presse (AFP), des tirs nourris ont été entendus durant une trentaine de secondes, avant que le chef d'état-major de l'armée n'annonce sur sa page Facebook l'arrestation des membres de la milice et la confiscation de leurs armes, sans faire état de victimes.
Sous la pression des États-Unis, Mohammed al-Megaryef n'a pas eu beaucoup de temps pour engager le bras de fer avec les multiples groupes armés. Élu président à la mi-août, il attend encore la prise de fonction du premier ministre et la prochaine désignation de son équipe gouvernementale.
En l'absence d'un ministre de la Défense, il revient au chef d'état-major de faire le ménage parmi les groupes armés, une entreprise qui risque d'être longue et sanglante.
L'ex-premier ministre, Abdulrahim al-Kib, pendant les huit mois de son mandat ayant expiré en juillet 2012, avait mis en place un plan offrant à chaque ancien rebelle la possibilité d'intégrer soit la police, soit l'armée. Tout en gardant leur autonomie d'action, des brigades, principalement de Benghazi, avaient intégré Deraa Libya («le Bouclier de la Libye»), seul embryon à ce jour d'une future armée nationale.
Infiltrées par al-Qaida
Mais les troubles survenus vendredi à Benghazi, qui ont causé la mort d'au moins dix personnes, apportent la démonstration que les autorités n'ont toujours pas séparé le bon grain de l'ivraie.
Prenant le dessus sur les manifestants pacifiques qui étaient parvenus à déloger de sa caserne la milice Ansar al-Charia, suspectée d'avoir participé à l'attaque du consulat américain deux semaines plus tôt, des groupes armés ont attaqué le quartier général de la brigade Rafallah Sahati aux premières heures de samedi. Or cette brigade, installée dans une ancienne ferme de Mouammar Kadhafi, est parmi les plus loyalistes: elle appartient à Deraa Libya et a prouvé qu'elle répondait aux ordres du ministère de la Défense, dont elle a accepté la tutelle. Ce sont ses dépôts d'armes qui étaient visés.
Des milices islamistes comme celles d'Ansar al-Charia ou celles d'Abou Slim, que l'on suspecte d'être infiltrées par des djihadistes répondant aux mots d'ordre d'al-Qaida, ont prudemment évacué les bâtiments qu'elles occupaient à Benghazi et à Derna, l'autre ville très religieuse de l'est de la Libye. Mais elles n'ont pas pour autant rendu leur arsenal militaire.
La Libye commencera à avoir une armée quand ses brigades loyalistes auront récupéré les casernes et les armes de guerre qui s'y trouvaient du temps de Kadhafi.
Par Thierry Portes
Dans cette ville, secouée la veille par de nouveaux affrontements meurtriers, le président du Congrès général libyen, Mohammed al-Megaryef, a annoncé, dans la nuit de samedi, «la dissolution de toutes les brigades et formations armées qui ne sont pas sous la légitimité de l'État».
Le plus haut représentant du pouvoir libyen a chargé le chef d'état-major de l'armée, Youssef al-Mangouch, d'asseoir son autorité sur les brigades qui ont accepté la tutelle du ministère de la Défense, en plaçant des officiers de l'ancienne armée de Kadhafi au commandement de ces groupes d'ex-rebelles.
Ultimatum à Tripoli
Les autorités libyennes fixent en outre un ultimatum aux milices armées pour évacuer, à Tripoli et dans ses environs, les anciennes casernes de l'armée, les bâtiments publics, propriétés des membres de l'ancien régime ou des enfants de Mouammar Kadhafi. Un plan qui s'étendra sûrement à l'ensemble du territoire et qui nécessitera l'usage de la force.
Sans attendre l'expiration de cet ultimatum, des troupes ont pris d'assaut, dimanche matin, le quartier général d'une milice sur la route de l'aéroport de Tripoli. Selon l'Agence France presse (AFP), des tirs nourris ont été entendus durant une trentaine de secondes, avant que le chef d'état-major de l'armée n'annonce sur sa page Facebook l'arrestation des membres de la milice et la confiscation de leurs armes, sans faire état de victimes.
Sous la pression des États-Unis, Mohammed al-Megaryef n'a pas eu beaucoup de temps pour engager le bras de fer avec les multiples groupes armés. Élu président à la mi-août, il attend encore la prise de fonction du premier ministre et la prochaine désignation de son équipe gouvernementale.
En l'absence d'un ministre de la Défense, il revient au chef d'état-major de faire le ménage parmi les groupes armés, une entreprise qui risque d'être longue et sanglante.
L'ex-premier ministre, Abdulrahim al-Kib, pendant les huit mois de son mandat ayant expiré en juillet 2012, avait mis en place un plan offrant à chaque ancien rebelle la possibilité d'intégrer soit la police, soit l'armée. Tout en gardant leur autonomie d'action, des brigades, principalement de Benghazi, avaient intégré Deraa Libya («le Bouclier de la Libye»), seul embryon à ce jour d'une future armée nationale.
Infiltrées par al-Qaida
Mais les troubles survenus vendredi à Benghazi, qui ont causé la mort d'au moins dix personnes, apportent la démonstration que les autorités n'ont toujours pas séparé le bon grain de l'ivraie.
Prenant le dessus sur les manifestants pacifiques qui étaient parvenus à déloger de sa caserne la milice Ansar al-Charia, suspectée d'avoir participé à l'attaque du consulat américain deux semaines plus tôt, des groupes armés ont attaqué le quartier général de la brigade Rafallah Sahati aux premières heures de samedi. Or cette brigade, installée dans une ancienne ferme de Mouammar Kadhafi, est parmi les plus loyalistes: elle appartient à Deraa Libya et a prouvé qu'elle répondait aux ordres du ministère de la Défense, dont elle a accepté la tutelle. Ce sont ses dépôts d'armes qui étaient visés.
Des milices islamistes comme celles d'Ansar al-Charia ou celles d'Abou Slim, que l'on suspecte d'être infiltrées par des djihadistes répondant aux mots d'ordre d'al-Qaida, ont prudemment évacué les bâtiments qu'elles occupaient à Benghazi et à Derna, l'autre ville très religieuse de l'est de la Libye. Mais elles n'ont pas pour autant rendu leur arsenal militaire.
La Libye commencera à avoir une armée quand ses brigades loyalistes auront récupéré les casernes et les armes de guerre qui s'y trouvaient du temps de Kadhafi.
Par Thierry Portes