Les autorités de Louisiane et de La Nouvelle-Orleans restaient prudentes jeudi, alors que les inondations provoquées par le phénomène Isaac, rétrogradé d'ouragan en tempête tropicale, se sont heurtées au système de digues construit à la suite de la catastrophe de Katrina.
Même si l'ampleur d'Isaac, qui n'a jamais dépassé le stade d'ouragan de catégorie 1, est inférieure à celle de Katrina, ouragan de catégorie 3, les autorités, marquées par le souvenir de la catastrophe qui a fait plus de 1800 morts et des milliards de dollars de dégâts, il y a sept ans jour pour jour, ont prévenu qu'il ne fallait pas sous-estimer la nouvelle tempête.
Une maison détruite par Isaac.
«C'est une tempête qui se déplace lentement et qui va provoquer une quantité énorme de dégâts», a reconnu Bobby Jindal, gouverneur de Louisiane, rappelant qu'une journée de vents et de pluies était encore prévue. Sur Twitter par exemple, une journaliste américaine publiait en effet des photos de sa maison, dévastée par la tempête.
À 22 heures (5 heures du matin, heure de Paris), le cœur d'Isaac était à 110 kilomètres à l'ouest-nord-ouest de La Nouvelle-Orléans, il se déplaçait vers le nord-ouest à 9 km/h, et ses bourrasques atteignaient 97 km/h, selon le dernier bulletin du Centre américain des ouragans (NHC), qui a prévenu que des pluies diluviennes risquaient de continuer lors des prochains jours à l'intérieur des terres. Ces images amateurs permettent de se représenter la force du vent.
«Une “simple” tempête tropicale, cela n'existe pas», a rappelé Craig Fugate, directeur de l'Agence fédérale américaine de gestion des situations d'urgence, qui conseille la Maison-Blanche sur les catastrophes. «Il y a des répercussions météorologiques significatives qui vont encore arriver.»
Couvre-feu et patrouilles
Une digue érigée entre les districts de Braithwaite et de White Ditch, situés au sud-est de la ville, a été submergée et un avis d'évacuation a été lancé pour la paroisse de Plaquemine, une presqu'île située à 90 kilomètres au sud-est de la métropole.
La plupart des installations énergétiques n'ont cependant pas été endommagées, et aucun mort n'avait été signalé jeudi matin, même si plusieurs milliers de personnes ont dû être évacuées de leurs domiciles, près de La Nouvelle-Orléans. Toutefois, plusieurs centaines de milliers de personnes sont sans électricité, rapporte USA Today . Autour de La Nouvelle-Orléans, les fortes précipitations accompagnant Isaac ont entraîné des inondations.
Après la catastrophe de Katrina, le corps du génie de l'US Army avait bâti un système de digues, de murs, d'écluses et de pompes censé protéger, pour un coût de 14,5 milliards de dollars, la «ville croissant» (Crescent City) d'une onde de tempête massive comparable à celle qui a submergé La Nouvelle-Orléans dans le sillage de l'ouragan de 2005.
Des gardes nationaux et des policiers patrouillaient encore jeudi matin dans le «Vieux carré», le centre pratiquement désert de la ville, arborant des fusils d'assaut pour décourager les tentatives de pillages, même si seulement quatre cas ont été signalés.
Le maire de La Nouvelle-Orléans, Mitch Landrieu, a cependant imposé mercredi soir un couvre-feu entre le crépuscule et l'aube, auquel ont dû se conformer les rares habitants qui avaient bravé les intempéries dans la journée.
«Pourquoi pas?», s'est justifié l'un d'eux, Cameron Bradford, un étudiant de 24 ans, qui se promenait dans l'après-midi de mercredi dans le centre. «Je n'ai jamais vu le Vieux carré aussi propre. L'eau a tout nettoyé.»
Isaac devrait se transformer en dépression tropicale dans la nuit de jeudi à vendredi, indique le Centre américain des ouragans (NHC) dans son dernier bulletin. «Isaac continue de charrier de fortes pluies et de mauvaises conditions météo à mesure qu'il progresse à l'intérieur de la Louisiane. Le niveau des eaux demeure élevé le long de la côte du golfe du Mexique», précise le NHC.
Isaac devrait atteindre le nord de la Louisiane dans la soirée et le sud de l'Arkansas vendredi matin. La dépression draîne des vents qui ne dépassent plus les 85 km/h désormais.
Par lefigaro.fr