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La banlieue sous les eaux: l’Etat décrète le plan Orsec national

Le gouvernement du Sénégal a décidé de déclencher, dès ce matin, un plan national d’Organisation des Secours (ORSEC) pour faire face aux inondations enregistrées ces dernières 48 heures sur toute l’étendue du territoire. La révélation a été faite hier soir par le ministre d’Etat ministre de l’Intérieur M. Cheikh Tidiane Sy, invité du Journal télévisé de 20 heures de la RTS.


Rédigé par leral.net le Jeudi 4 Septembre 2008 à 12:11 | | 0 commentaire(s)|

La banlieue sous les eaux: l’Etat décrète le plan Orsec national
Cheikh Tidiane Sy a indiqué que la région de Dakar sera particulièrement visée par ces opérations de secours, notamment sa banlieue. Le plan va mobiliser les moyens de l’Etat et ceux des privés, a indiqué Cheikh Tidiane Sy qui précise que la décision de son lancement a été prise par le chef de l’Etat informé de la situation par le Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré.

Les opérations de secours seront axées sur l’évacuation des familles sinistrées dans des zones pouvant les accueillir. Cheikh Tidiane Sy a également indiqué que les opérations de pompage et de curage des eaux seront renforcées. Il a salué les actions des Sapeurs Pompiers qui, selon lui, sont à pied d’œuvre depuis le début des inondations, sollicitant, par ailleurs, la compréhension des populations. Car, de l’avis du ministre d’Etat ministre de l’Intérieur, des moyens importants ont été déjà déployés pour faire face aux inondations ces dernières années. Il a à ce propos, cité l’exemple du Plan Jaxaay, lancée par le président de la République, lequel demeure une réponse à long terme.

EVACUATION DES EAUX DE PLUVIALES DANS LA BANLIEUE : L’offensive des sinistrés

Les habitants des quartiers inondés de la banlieue ne sont pas restés les bras croisés. De Thiaroye Africa, à Pikine-Est, en passant par Léona 3, les sinistrés s’organisent pour évacuer l’eau à l’aide de seaux, de pompes ou en versant du sable sur les flaques.

L’eau a poussé plusieurs habitants de la banlieue à abandonner leurs chambres ou leurs maisons. A Thiaroye Africa, près de la dénivellation, trois maisons sont remplies d’eau jusqu’à la hauteur des fenêtres. A côté, la cour d’une maison d’à-côté est à moitié envahie, un vieil homme et Ibrahima Bangoura évacuent l’eau à l’aide de seaux. Trois chambres sont fermées. Les habits sont séchés sur les tuiles. Cela fait une semaine qu’Ibrahima Bangoura lutte contre les eaux de pluie. « Je suis ici depuis l’année dernière. Cela fait maintenant une semaine que nous tentons de vider l’eau de la maison », s’exprime Ibrahima Bangoura trempé jusqu’aux os.

Pendant ce temps, l’homme âgé fait des va-et-vient pour déverser l’eau sous les regards des enfants qui jouent tranquillement. En face et de l’autre bord de la ruelle, la dame Oury Bâ est trempée jusqu’aux genoux. Chez elle, plusieurs chambres sont fermées. De l’autre côté, de ce bas-fonds rempli d’eau et bordé par les plantes de raphia, les sinistrés ne sont pas restés les bras croisés. Deux jeunes filles retirent des briques dans une maison envahie par les eaux pour les superposer devant chez elles.

Le coin de Darou Laye est une mare. L’eau est verdâtre. Une bonne partie des habitants a déménagé. Pour d’autres, il n’est pas question de bouger. C’est ici qu’ils sont nés. Ils vivent cette situation depuis plusieurs années. Sur leur ton se dégage une solidarité agissante. Dans ce coin, le jeune plombier se prête volontiers à vous conduire chez les personnes sinistrées. « Il faut faire le tour, vous allez vous rendre compte de l’ampleur. Je peux vous amener chez une femme qui est responsable dans ce coin », invite le jeune plombier. On fait le détour et la voiture freine devant une flaque d’eau de plusieurs dizaines de mètres, devant la mosquée du quartier Mésséré.

La flaque est parcourue par des rangées de briques et de pneus. Les femmes traversent cette flaque avec beaucoup d’habilité. « Gaw lène way ! » (Faites vite !), crie un homme. Les ateliers situés de part et d’autre de la route ont baissé rideaux. Sur une des voies secondaires, une benne chargée de gravas fait marche arrière dans un point d’eau.

Les habitants du quartier de Léona 3 connu sous le nom de Médina 3 sont organisés pour faire face aux inondations. « Nous sommes décidés de prendre à bras-le-corps cette situation. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et attendre l’Etat. Parce que nous vivons les conséquences des inondations. Cette femme a acheté du gravier pour verser devant sa maison. Regardez là-bas, ma femme transfère les bagages dans une autre maison », explique un ex-agent de la mairie.

A Pikine-Est, près des rails, trois habitats sont coupés du reste du quartier. La pompe aspire l’eau qui gouverne les lieux. Ici, comme, à Léona 3, le jeune Gana a acheté du gasoil pour faire fonctionner la pompe. « Nous avons acheté le gasoil et fait le pompage à tour de rôle dans les maisons », nous confie Gana. Selon lui, Aminata Lô, ministre des Sénégalais de l’extérieur, du Tourisme et de l’Artisanat a donné une enveloppe de 300.000 FCfa pour l’achat du carburant pour les quartiers de Pikine-Est et Guinaw-Rail. Le maire de la ville a aussi commencé à distribuer de l’essence et à mettre les pompes à la disposition des populations.

DEPLACEMENT DES POPULATIONS : Le trafic infernal

Plusieurs artères de la banlieue sont par endroits entrecoupés par les flaques d’eaux, obligeant les conducteurs à faire des détours ou à emprunter des voies secondaires.

Les fortes pluies d’hier ont créé une vaste mare d’eau devant la station d’essence située non loin de l’échangeur du stade Léopold Sédar Senghor. Pour rallier Grand-Yoff, en venant des Parcelles, on n’a pas le choix. Les chauffeurs sont contraints de faire des détours. Une fois sur cette voie à hauteur du rond-point de la Case, on est dans les embouteillages. Les voitures sont presque immobilisées. On klaxonne pour protester contre certains conducteurs.

A Golf-Sud, les automobilistes empruntent les voies secondaires. Une flaque d’eau a pris le contrôle de l’artère d’une partie de l’artère principale. Plusieurs voies secondaires de Léona 3, Darou Laye, de Thiaroye Africa, de Mésséré sont jonchées par de « petites mares ». Sur la Nationale 1, aux alentours de 9 heures jusqu’à 10 heures, le trafic semble être suspendu. Des files interminables de voitures se suivent de Diacksao à Thiaroye, Diamagueune. C’est la croix et la bannière pour sortir du pétrin. Circuler dans la banlieue en cette période d’hivernage relève d’un parcours du combattant.

Les minibus « Tata » et les bus « Dakar Dem Dikk » ont certes changé leur itinéraire sur certains axes pour éviter les eaux, mais leurs tarifs restent inchangés. Et, comme un malheur ne vient jamais seul, les conducteurs font payer aux clients les contraintes de la circulation. « Le litre d’essence est cher. De plus, on est obligé de faire des détours. Cela nous fait perdre du temps et du gasoil », justifie un apprenti « car-rapide ».
Le Soleil

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