Maîtriser un système de communication c’est essentiellement maîtriser 4 éléments : des émetteurs, des messages, des supports de transmission et des destinataires. En matière de communication politique, il y a une autre variable à intégrer : le message concurrent et « démonteur ». En effet, par sa stratégie de communication, l’Etat veut convaincre les populations de la pertinence de ses choix tandis que l’opposition cherche à discréditer le pouvoir. Alors, depuis 2000, est ce l’Etat, qui n’est pas en mesure de convaincre l’opinion publique (qui communique mal) ; ou est ce que ce sont ses détracteurs qui sont parvenus à convaincre l’opinion (qui communiquent bien donc)? Dans les démocraties modernes, au-delà du vote (qui est la méthode par excellence d’expression des citoyens), il existe d’autres mécanismes qui renseignent (à tord ou raison) sur la formation et le comportement de l’opinion publique. L’une des méthodes les plus utilisées est le sondage d’opinion.
Il reste établi, que le comportement électoral des sénégalais en 2007 prouve que les messages du gouvernement ont été bien appréciés par la majorité des sénégalais, tandis qu’à l’issue des élections locales du 22 mars, les habitants des centres urbains semblent désavouer la majorité présidentielle.
Toutefois, nous préférons laisser de coté, ce débat, sur les finalités de toute politique de communication, pour examiner les cinq éléments cités plus hauts.
En effet, le 19 mars 2000 est marqué par l’arrivée au pouvoir d’une équipe hétéroclite. Nous avons eu une majorité présidentielle avec une multitude d’émetteurs, chacun ayant son propre message et suivant ses propres objectifs. Personne ne maîtrisait en réalité les centres d’émission des messages de la majorité (PDS et ses alliés). Ce défaut de coordination des centres émetteurs a largement profité à l’autre variable (l’opposition et les éditorialistes). En fait, le pouvoir par ses contradictions et tiraillements internes donnait de la matière aux journaux et facilitait à l’opposition son travail de contestation.
Un cas d’école : Idrissa Seck, directeur de cabinet du président avait tiré sur Moustapha NIASS premier ministre. Monsieur Seck, justifiait son acte par le fait que M. NIASS demeurait en réalité un concurrent politique. Quoi que pût être le gain politique attendu, M. Seck, par sa sortie, avait servi sur un plateau d’argent des arguments solides aux détracteurs du régime. En effet, l’opposition d’alors, sous la houlette du PS, défendait l’idée d’un gouvernement politique hétéroclite, qui en réalité ne s’entendait sur rien. Après la sortie de Seck, je ne sais pas quel expert en communication pouvait convaincre l’opinion que Tanor et ses amis avaient tord sur ce point précis?
La communication ce n’est pas de la magie, ce n’est pas non plus des jeux de mots. Malheureusement, depuis le 19 mars 2000, au niveau de la majorité, il y a eu plusieurs centres d’émission aux intérêts occultes et dont personne n’a le contrôle. Or la communication c’est d’abord la discipline dans la prise de parole.
Jean Pierre Raffarin, premier ministre de Chirac, avait exigé de ses ministres (les 60% étaient énarques, donc des commis de l’Etat, très expérimentés) la participation aux séminaires de formation en communication de crise, mais aussi, il leur avait ouvertement demandé de ne pas bavarder à travers les ondes. Mieux, la cellule de communication de Matignon passait en revue toutes les interviews accordées par les ministres et autres directeurs pour souligner les faiblesses et autres manquements. Il faut rappeler que Jean Pierre Raffarin est un spécialiste du marketing politique et l’enseignait bien avant sa nomination.
Nous avons vu dans le cas du Sénégal, l’indiscipline caractérisée des tenants du pouvoir dans leur prise de paroles publiques. On ne se demande jamais, si ce que l’on va dire pourrait gêner le chef de l’Etat, ou si cela pourrait être exploité par ses adversaires politiques, ou si on ne donnerait pas de la matière aux éditorialistes.
Toutefois, nous parlons ici des centres émetteurs qui ont des responsabilités dans l’appareil d’Etat : Ministres, Directeurs Généraux, Directeurs d’agence, chefs de service hauts fonctionnaires, grands leaders politiques…
Mais, au-delà des centres émetteurs, le diagnostic montre aussi, que même la formulation des messages pose problème. En effet, de quoi parlent les tenants du pouvoir en public ? Si ce n’est pas X qui tire sur Y, c’est Z qui diabolise W, ou M qui pleurniche sur son sort. Une étude sérieuse montrerait, sans aucun doute, que les 90 % des responsables de la mouvance présidentielle utilisent les 90% de leur temps de parole dans les médias, à parler des problèmes internes à la mouvance.
Et les rares responsables qui parlent des dossiers de l’Etat, ne semblent pas avoir - pour la plupart - les informations et outils techniques nécessaires pour défendre les positions de l’Etat. En dehors du professeur Iba Der THIAM, nous voyons rarement et très rarement même, un argumentaire solide avec des statistiques et rappels historiques à l’appui. Cela pose le problème de la communication interne. En effet, à quand remonte par exemple, la dernière communication en bureau politique d’un ministre ou Directeur. Si l’Etat ne communique pas avec ses souteneurs comment ces derniers pourront-ils le défendre ?
Malheureusement, pour la majorité, au-delà des difficultés dans la formulation des messages, il y a le problème des supports. C’est l’un des problèmes les plus difficiles auxquels la majorité a été confrontée. En effet, cela pose l’éternelle question des rapports entre : diffuseurs (médias) et émetteurs des messages politiques. L’Etat n’a plus le monopole de la diffusion (médias d’Etat). Et la presse privée reçoit à la fois, les messages de l’Etat et ceux des autres groupes organisés et non organisés. Malheureusement, les 90 % des messages reçus par la presse privée interpellent l’Etat ou remettent en cause les messages fournis par l’Etat. Et puisque les messages de l’Etat sont souvent mal conçus et les émetteurs très indisciplinés, il est très facile de les démonter et de mettre à nu les carences de l’Etat. Hélas ! Le fait que les médias privés mettent en valeur - assez souvent - les informations contradictoires - pour dire le moins - à celles fournies par l’Etat, est perçu comme un acharnement. L’idée d’acharnement n’est pas fausse en soit. Mais il faut dire, que même l’acharnement mérite une solution intelligente et non pas des menaces. Loin de nous toute idée de limiter la problématique du fonctionnement des médias privés à un arbitrage sur les messages à diffuser. Le choix des sujets (pourquoi parler de ceci et non de cela donc autocensure du journaliste et censure de la rédaction), la hiérarchisation des informations … obéissent à une logique à la fois commerciale et politique. Sur ce papier, nous ne préférons ne pas entrer dans ce débat (sujet sur lequel nous travaillons tous les jours sur LIMEDIA.org).
L’Etat semble avoir donc depuis 2000 un différend (insoluble ?) avec les médias privés. Il est reproché aux médias privés de ne pas trop mettre en valeur les informations favorables à la majorité, de toujours chercher la petite bête pour nuire à l’Etat, de trop donner la parole aux contradicteurs de l’Etat, de diffuser des informations erronées. Ce qui pose problème ici, ce n’est pas ce que l’Etat reproche à la presse privée, mais la manière.
Récemment, la Maison Blanche a ouvertement accusé la chaine Fox News (pro républicain) de faire du journalisme d’opinion et non d’information. Et d’ores et déjà, déclare t- elle, elle traitera Fox comme elle traite tous ses adversaires. Il n’y a pas de doute, que dans les jours à venir, la Maison Blanche va commanditer : des rapports, films documentaires, études scientifiques, pots publicitaires, qui prouveront le parti-pris dans le traitement l’information de la chaine de Murdoch. C’est cela, ce que l’on appelle en démocratie : débat contradictoire.
Malheureusement, au Sénégal, les reproches de l’Etat semblent être prises entièrement en charge par le Chef de l’Etat, qui – assez souvent - va lui seul au charbon. En effet, ici comme ailleurs, la presse sait très bien traiter ceux qui osent lui porter la contradiction. Le terrorisme médiatique aidant, les contradicteurs de la presse, sont traités à suffisance, qualifiés de casseurs de plûmes et d’anti-presses. En lieu et place d’une confrontation intelligente des idées, le citoyen à droit à des échanges d’incivilité, de propos malveillants entre les tenants du pouvoir et la presse privée, qui se diabolisent. Disons le très net, nul n’a le monopole du patriotisme. Le pouvoir commet de graves erreurs en considérant comme antipatriotes les journalistes qui ne sont pas d’accord avec lui.
Hélas ! Le gouvernement n’est pas encore au bout des ses peines. Des émetteurs indisciplinés, des messages mal conçus, des diffuseurs qui refusent de se soumettre et qui privilégient de plus en plus les informations contradictoires à celles de l’Etat, s’ajoutent des destinataires (citoyens) qui sont de plus en plus bien formés et disposent de sources d’information de plus en plus variées. Oui ! Nous ne sommes plus à l’époque du parti unique, et de l’ORTS, époque durant laquelle, le citoyen n’entendait que ce que l’Etat voudrait bien lui dire à travers les médias d’Etat.
Aujourd’hui, l’Etat parle aux citoyens comme Samba et Demba le font. Un paysan du Ndoucoumane peut démentir le président de la république, une minute après son discours. Mieux, l’analyse devenant - de plus en plus - le genre préféré des médias, la parole sera donnée à mille et un experts qui tenteront de prouver que le Président à tord ou bien il s’est trompé, au meilleur des cas, même si le Président a raison sur toute la ligne, ils diront que c’est son job et puis il pouvait mieux faire.
Aujourd’hui nous vivons dans la société dite de l’information, et l’Etat n’a aucun pouvoir sur l’oreille des citoyens.
Enfin, Il nous plait d’évoquer la cinquième variable : le discours concurrent et « démonteur ». En effet, l’opposition à une mission officielle : discréditer le pouvoir. Et le malheur du régime de l’alternance c’est qu’elle a en face de lui, une opposition expérimentée, qui connait bien l’appareil d’Etat et a une grande maîtrise de certains dossiers de l’Etat. Autrement dit, Ousmane Tanor DIENG, Moustapha NIASS, entres autres parlent de l’Etat en toute connaissance de cause. Le discours de Tanor par exemple, est persécutant dans la mesure où, il se limite à assez souvent à déceler sans polémique inutile (il a un nombre important de fous du village pour les excès) les faiblesses des actions entreprises par l’Etat.
Hélas ! Ce n’est pas par magie, que la majorité règlera ses problèmes de communication. Elle a passé neuf ans à faire le constat, espérons qu’elle pourra agir dans les 2 ans qui lui restent. Toutefois, si elle croit que communiquer c’est seulement mettre sur la place publique des informations, c’est perdu d’avance.
Sadikh DIOP
Administrateur Général de l’Observatoire de l’Information et des Médias
Site web : www.limedia.org
Info@limedia.org
Il reste établi, que le comportement électoral des sénégalais en 2007 prouve que les messages du gouvernement ont été bien appréciés par la majorité des sénégalais, tandis qu’à l’issue des élections locales du 22 mars, les habitants des centres urbains semblent désavouer la majorité présidentielle.
Toutefois, nous préférons laisser de coté, ce débat, sur les finalités de toute politique de communication, pour examiner les cinq éléments cités plus hauts.
En effet, le 19 mars 2000 est marqué par l’arrivée au pouvoir d’une équipe hétéroclite. Nous avons eu une majorité présidentielle avec une multitude d’émetteurs, chacun ayant son propre message et suivant ses propres objectifs. Personne ne maîtrisait en réalité les centres d’émission des messages de la majorité (PDS et ses alliés). Ce défaut de coordination des centres émetteurs a largement profité à l’autre variable (l’opposition et les éditorialistes). En fait, le pouvoir par ses contradictions et tiraillements internes donnait de la matière aux journaux et facilitait à l’opposition son travail de contestation.
Un cas d’école : Idrissa Seck, directeur de cabinet du président avait tiré sur Moustapha NIASS premier ministre. Monsieur Seck, justifiait son acte par le fait que M. NIASS demeurait en réalité un concurrent politique. Quoi que pût être le gain politique attendu, M. Seck, par sa sortie, avait servi sur un plateau d’argent des arguments solides aux détracteurs du régime. En effet, l’opposition d’alors, sous la houlette du PS, défendait l’idée d’un gouvernement politique hétéroclite, qui en réalité ne s’entendait sur rien. Après la sortie de Seck, je ne sais pas quel expert en communication pouvait convaincre l’opinion que Tanor et ses amis avaient tord sur ce point précis?
La communication ce n’est pas de la magie, ce n’est pas non plus des jeux de mots. Malheureusement, depuis le 19 mars 2000, au niveau de la majorité, il y a eu plusieurs centres d’émission aux intérêts occultes et dont personne n’a le contrôle. Or la communication c’est d’abord la discipline dans la prise de parole.
Jean Pierre Raffarin, premier ministre de Chirac, avait exigé de ses ministres (les 60% étaient énarques, donc des commis de l’Etat, très expérimentés) la participation aux séminaires de formation en communication de crise, mais aussi, il leur avait ouvertement demandé de ne pas bavarder à travers les ondes. Mieux, la cellule de communication de Matignon passait en revue toutes les interviews accordées par les ministres et autres directeurs pour souligner les faiblesses et autres manquements. Il faut rappeler que Jean Pierre Raffarin est un spécialiste du marketing politique et l’enseignait bien avant sa nomination.
Nous avons vu dans le cas du Sénégal, l’indiscipline caractérisée des tenants du pouvoir dans leur prise de paroles publiques. On ne se demande jamais, si ce que l’on va dire pourrait gêner le chef de l’Etat, ou si cela pourrait être exploité par ses adversaires politiques, ou si on ne donnerait pas de la matière aux éditorialistes.
Toutefois, nous parlons ici des centres émetteurs qui ont des responsabilités dans l’appareil d’Etat : Ministres, Directeurs Généraux, Directeurs d’agence, chefs de service hauts fonctionnaires, grands leaders politiques…
Mais, au-delà des centres émetteurs, le diagnostic montre aussi, que même la formulation des messages pose problème. En effet, de quoi parlent les tenants du pouvoir en public ? Si ce n’est pas X qui tire sur Y, c’est Z qui diabolise W, ou M qui pleurniche sur son sort. Une étude sérieuse montrerait, sans aucun doute, que les 90 % des responsables de la mouvance présidentielle utilisent les 90% de leur temps de parole dans les médias, à parler des problèmes internes à la mouvance.
Et les rares responsables qui parlent des dossiers de l’Etat, ne semblent pas avoir - pour la plupart - les informations et outils techniques nécessaires pour défendre les positions de l’Etat. En dehors du professeur Iba Der THIAM, nous voyons rarement et très rarement même, un argumentaire solide avec des statistiques et rappels historiques à l’appui. Cela pose le problème de la communication interne. En effet, à quand remonte par exemple, la dernière communication en bureau politique d’un ministre ou Directeur. Si l’Etat ne communique pas avec ses souteneurs comment ces derniers pourront-ils le défendre ?
Malheureusement, pour la majorité, au-delà des difficultés dans la formulation des messages, il y a le problème des supports. C’est l’un des problèmes les plus difficiles auxquels la majorité a été confrontée. En effet, cela pose l’éternelle question des rapports entre : diffuseurs (médias) et émetteurs des messages politiques. L’Etat n’a plus le monopole de la diffusion (médias d’Etat). Et la presse privée reçoit à la fois, les messages de l’Etat et ceux des autres groupes organisés et non organisés. Malheureusement, les 90 % des messages reçus par la presse privée interpellent l’Etat ou remettent en cause les messages fournis par l’Etat. Et puisque les messages de l’Etat sont souvent mal conçus et les émetteurs très indisciplinés, il est très facile de les démonter et de mettre à nu les carences de l’Etat. Hélas ! Le fait que les médias privés mettent en valeur - assez souvent - les informations contradictoires - pour dire le moins - à celles fournies par l’Etat, est perçu comme un acharnement. L’idée d’acharnement n’est pas fausse en soit. Mais il faut dire, que même l’acharnement mérite une solution intelligente et non pas des menaces. Loin de nous toute idée de limiter la problématique du fonctionnement des médias privés à un arbitrage sur les messages à diffuser. Le choix des sujets (pourquoi parler de ceci et non de cela donc autocensure du journaliste et censure de la rédaction), la hiérarchisation des informations … obéissent à une logique à la fois commerciale et politique. Sur ce papier, nous ne préférons ne pas entrer dans ce débat (sujet sur lequel nous travaillons tous les jours sur LIMEDIA.org).
L’Etat semble avoir donc depuis 2000 un différend (insoluble ?) avec les médias privés. Il est reproché aux médias privés de ne pas trop mettre en valeur les informations favorables à la majorité, de toujours chercher la petite bête pour nuire à l’Etat, de trop donner la parole aux contradicteurs de l’Etat, de diffuser des informations erronées. Ce qui pose problème ici, ce n’est pas ce que l’Etat reproche à la presse privée, mais la manière.
Récemment, la Maison Blanche a ouvertement accusé la chaine Fox News (pro républicain) de faire du journalisme d’opinion et non d’information. Et d’ores et déjà, déclare t- elle, elle traitera Fox comme elle traite tous ses adversaires. Il n’y a pas de doute, que dans les jours à venir, la Maison Blanche va commanditer : des rapports, films documentaires, études scientifiques, pots publicitaires, qui prouveront le parti-pris dans le traitement l’information de la chaine de Murdoch. C’est cela, ce que l’on appelle en démocratie : débat contradictoire.
Malheureusement, au Sénégal, les reproches de l’Etat semblent être prises entièrement en charge par le Chef de l’Etat, qui – assez souvent - va lui seul au charbon. En effet, ici comme ailleurs, la presse sait très bien traiter ceux qui osent lui porter la contradiction. Le terrorisme médiatique aidant, les contradicteurs de la presse, sont traités à suffisance, qualifiés de casseurs de plûmes et d’anti-presses. En lieu et place d’une confrontation intelligente des idées, le citoyen à droit à des échanges d’incivilité, de propos malveillants entre les tenants du pouvoir et la presse privée, qui se diabolisent. Disons le très net, nul n’a le monopole du patriotisme. Le pouvoir commet de graves erreurs en considérant comme antipatriotes les journalistes qui ne sont pas d’accord avec lui.
Hélas ! Le gouvernement n’est pas encore au bout des ses peines. Des émetteurs indisciplinés, des messages mal conçus, des diffuseurs qui refusent de se soumettre et qui privilégient de plus en plus les informations contradictoires à celles de l’Etat, s’ajoutent des destinataires (citoyens) qui sont de plus en plus bien formés et disposent de sources d’information de plus en plus variées. Oui ! Nous ne sommes plus à l’époque du parti unique, et de l’ORTS, époque durant laquelle, le citoyen n’entendait que ce que l’Etat voudrait bien lui dire à travers les médias d’Etat.
Aujourd’hui, l’Etat parle aux citoyens comme Samba et Demba le font. Un paysan du Ndoucoumane peut démentir le président de la république, une minute après son discours. Mieux, l’analyse devenant - de plus en plus - le genre préféré des médias, la parole sera donnée à mille et un experts qui tenteront de prouver que le Président à tord ou bien il s’est trompé, au meilleur des cas, même si le Président a raison sur toute la ligne, ils diront que c’est son job et puis il pouvait mieux faire.
Aujourd’hui nous vivons dans la société dite de l’information, et l’Etat n’a aucun pouvoir sur l’oreille des citoyens.
Enfin, Il nous plait d’évoquer la cinquième variable : le discours concurrent et « démonteur ». En effet, l’opposition à une mission officielle : discréditer le pouvoir. Et le malheur du régime de l’alternance c’est qu’elle a en face de lui, une opposition expérimentée, qui connait bien l’appareil d’Etat et a une grande maîtrise de certains dossiers de l’Etat. Autrement dit, Ousmane Tanor DIENG, Moustapha NIASS, entres autres parlent de l’Etat en toute connaissance de cause. Le discours de Tanor par exemple, est persécutant dans la mesure où, il se limite à assez souvent à déceler sans polémique inutile (il a un nombre important de fous du village pour les excès) les faiblesses des actions entreprises par l’Etat.
Hélas ! Ce n’est pas par magie, que la majorité règlera ses problèmes de communication. Elle a passé neuf ans à faire le constat, espérons qu’elle pourra agir dans les 2 ans qui lui restent. Toutefois, si elle croit que communiquer c’est seulement mettre sur la place publique des informations, c’est perdu d’avance.
Sadikh DIOP
Administrateur Général de l’Observatoire de l’Information et des Médias
Site web : www.limedia.org
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