La discrétion et le professionnalisme avec lesquels ont été menées les négociations sur ce point, sans aucune fuite dans la presse, tranchent singulièrement avec l’amateurisme et l’incurie de l’ancien régime. Ce dénouement heureux marque une volonté des parties prenantes d’adopter une stratégie d’apaisement et de désescalade. Aussi, la libération des otages est-elle une incontestable victoire diplomatique pour le président Macky Sall. Dès son accession au pouvoir, l’impétrant a montré sa volonté de mettre fin à une rébellion meurtrière qui écorne sérieusement l’image de marque d’un pays auréolé de deux alternances pacifiques, modèle de stabilité dans une sous-région où la plupart des pays, du Mali à la Guinée Bissau, sont en quasi faillite. La stratégie de la carotte et du bâton adoptée à l’égard du Mfdc par les nouvelles autorités se révèle donc, pour le moment, payante. En effet, tout en se disant ouvert à des négociations de paix avec le Mfdc en tendant la main aux factions les plus radicales, y compris celles de Salif Sadio, le président Sall a plusieurs fois réitéré son opposition ferme à l’idée folle d’une indépendance de la Casamance. En même temps, en se rendant au « front » au détour d’une visite à Ziguinchor, il envoyait un message subliminal aux boutefeux, sautant dans les tranchées et visitant des postes avancés de l’armée sénégalaise pour rehausser le moral des troupes. L’octroi d’une prime de 10 millions aux mutilés de guerre et aux familles de soldats disparus ainsi que la nomination d’un chef d’Etat-major réputé être un « dur », sans compter l’augmentation conséquente du budget du ministère des forces armées, sont un signal fort envoyé aux rebelles et à leurs parrains.
Beaucoup d’observateurs n’ont pas manqué de s’interroger sur les raisons qui ont poussé Salif Sadio, connu jusque-là pour son radicalisme, à faire preuve de souplesse en libérant les otages, renonçant ainsi à un redoutable moyen de pression sur l’Etat sénégalais. Peut-être Sadio est-il enfin fatigué d’une guerre qui n’a amené que ruine et destruction pour les fils de la Casamance, avec un Mfdc déboussolé, essoufflé et fragmenté. Sur le tard et après beaucoup de pertes humaines, Sadio prendrait donc le même chemin que Kamougué Diatta, chef du « Front nord » qui a depuis longtemps compris que la rébellion casaçaise était une voie sans issue, et celui de César Badiate, le leader de Kassolol, qui a gardé une attitude essentiellement défensive tout le long des années 2000. Mais cette « realpolitik » semble être aussi dictée au moins par deux raisons. La première pour le Mfdc, c’est la perte coup sur coup de deux soutiens occultes, le Libyen Mouammar Kadhafi emporté par sa propre rébellion et la chute de l’Ivoirien Laurent Gbagbo, lequel voulait rendre un chien à sa chienne au président Abdoulaye Wade. La seconde, c’est le revirement spectaculaire de Yaya Jammeh, en froid avec son homologue sénégalais, après l’exécution barbare de trois Sénégalais en Gambie. Le tollé international qui a suivi cet épisode ainsi que la réaction ferme du gouvernement sénégalais, ont fortement isolé un régime autoritaire et jeté une lumière crue sur les pratiques peu orthodoxes de l’Ubu de Banjul. Aussi bien Jammeh, virtuose dans l’art de souffler le chaud et le froid que son « pivot tactique » Sadio, utilisé au gré de ses intérêts du moment, avaient donc besoin de desserrer un étau devenu étouffant. Sur cette lancée, l’Etat sénégalais, tout en restant vigilant et ferme sur les questions de souveraineté, doit continuer à tendre la main aux combattants du Mfdc, même les plus impliqués dans les violences passées, pour une paix définitive en Casamance.
Barka BA
Directeur de l’information de la TFM
silatigi@yahoo.fr
Beaucoup d’observateurs n’ont pas manqué de s’interroger sur les raisons qui ont poussé Salif Sadio, connu jusque-là pour son radicalisme, à faire preuve de souplesse en libérant les otages, renonçant ainsi à un redoutable moyen de pression sur l’Etat sénégalais. Peut-être Sadio est-il enfin fatigué d’une guerre qui n’a amené que ruine et destruction pour les fils de la Casamance, avec un Mfdc déboussolé, essoufflé et fragmenté. Sur le tard et après beaucoup de pertes humaines, Sadio prendrait donc le même chemin que Kamougué Diatta, chef du « Front nord » qui a depuis longtemps compris que la rébellion casaçaise était une voie sans issue, et celui de César Badiate, le leader de Kassolol, qui a gardé une attitude essentiellement défensive tout le long des années 2000. Mais cette « realpolitik » semble être aussi dictée au moins par deux raisons. La première pour le Mfdc, c’est la perte coup sur coup de deux soutiens occultes, le Libyen Mouammar Kadhafi emporté par sa propre rébellion et la chute de l’Ivoirien Laurent Gbagbo, lequel voulait rendre un chien à sa chienne au président Abdoulaye Wade. La seconde, c’est le revirement spectaculaire de Yaya Jammeh, en froid avec son homologue sénégalais, après l’exécution barbare de trois Sénégalais en Gambie. Le tollé international qui a suivi cet épisode ainsi que la réaction ferme du gouvernement sénégalais, ont fortement isolé un régime autoritaire et jeté une lumière crue sur les pratiques peu orthodoxes de l’Ubu de Banjul. Aussi bien Jammeh, virtuose dans l’art de souffler le chaud et le froid que son « pivot tactique » Sadio, utilisé au gré de ses intérêts du moment, avaient donc besoin de desserrer un étau devenu étouffant. Sur cette lancée, l’Etat sénégalais, tout en restant vigilant et ferme sur les questions de souveraineté, doit continuer à tendre la main aux combattants du Mfdc, même les plus impliqués dans les violences passées, pour une paix définitive en Casamance.
Barka BA
Directeur de l’information de la TFM
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