Des Américains et des Européens qui souhaitent maintenir leur partenariat et qui le jugent même désormais plus important que les relations avec l'Asie pour affronter la crise. Des opinions publiques de part et d'autre de l'Atlantique désapprouvant majoritairement la politique économique menée par leur gouvernement. Des Européens largement sceptiques sur les effets bénéfiques de l'euro et qui, sauf dans le sud de l'UE, applaudissent l'action d'Angela Merkel. Un Barack Obama dont la cote de popularité reste très élevée à l'étranger, notamment en France, même si elle s'érode. Voici quelques des enseignements de l'édition 2012 du sondage que consacre chaque année depuis 2002 l'organisation américaine German Marshall Fund (GMF) aux «tendances transatlantiques». Une enquête réalisée en juin dernier sur la base d'un échantillon de 1000 personnes par pays, aux États-Unis, parmi douze membres de l'UE (1), en Turquie et, pour la première fois, en Russie.
Creusé à l'époque de George W. Bush, le fossé transatlantique s'est durablement comblé. Deux tiers des Américains (63%) et des Européens (66%) estiment avoir des valeurs et des intérêts communs, des chiffres stables depuis quatre ans, selon le sondage du GMF. L'UE est vue favorablement par 57% des Américains (l'Allemagne, le pays qu'ils apprécient le plus, recueille 67% d'opinions positives). À l'inverse les Européens sont 74% à avoir une image favorable des États-Unis, meilleure que celle de l'UE (67%). Avec 81% d'opinion favorables, les Français figurent en tête des «pro-américains» (derrière les Roumains), un score d'autant plus étonnant qu'il traduit une progression de 23 points depuis 2011. Si l' «effet Obama» se prolonge, à moindre intensité, le phénomène a aussi ses déçus, comme les Polonais (heurtés par l'affaire du bouclier antimissiles) et les Britanniques (constatant la fin de la relation privilégiée), qui ne sont que 35 et 34% à juger bon l'état des relations transatlantiques.
Méfiance envers la Chine
Les Européens et tout particulièrement les Français ont dans l'idée que les États-Unis traversent mieux la crise qu'eux. Face à celle-ci, en tous cas, 61% des Européens et 55% des Américains considèrent qu'il est plus important de travailler avec le partenaire transatlantique qu'avec l'Asie. Du côté des États-Unis, l'enquête souligne l'idée que la résolution des problèmes économiques se fera avant tout avec l'Europe. Ce n'était pas le cas l'an dernier: en Europe comme aux États-Unis, l'opinion (respectivement à 52 et 51%) jugeait prioritaire la coopération avec l'Asie. L'approfondissement de la crise a accru la méfiance à l'égard de la Chine des deux côtés de l'Atlantique.
Aux États-Unis comme sur le Vieux continent, on se sent directement touché par la crise. Les Européens se sentent personnellement davantage affectés qu'en 2011 (65 contre 61% l'an dernier), les Américains, eux, estiment s'en sortir un tout petit peu mieux (79% cette année contre 82% en 2011). Mais les uns et les autres désapprouvent majoritairement (52% aux États-Unis, 56% en Europe) la politique menée par leurs gouvernements respectifs pour les sortir de la crise. Côté européen, le tableau est contrasté entre l'Europe du Nord et celle des périphéries: si 68% des Allemands et 74% des Suédois font confiance à leur gouvernement face à la crise, les Espagnols, les plus critiques, sont 73% à exprimer leur désapprobation, devant les Bulgares (72% d'avis défavorables), les Roumains (71%), les Italiens (66%) et les Portugais (65%). Autre illustration cette défiance à l'égard des solutions proposées par les pouvoirs publics, les Européens sont 76% à juger que leur système économique est injuste, les Américains 64%.
L'euro, préjudiciable à l'économie
En Europe, on continue néanmoins à penser que l'appartenance à l'UE est une bonne chose (à 61%) même si l'idée recule quelque peu (les avis favorables se montaient à 67% l'an dernier). Les Allemands (69%) et les Français (69%) restent les plus attachés à l'UE. Il n'en va pas de même concernant l'euro. Seuls 37% des Européens considèrent que la monnaie unique a été favorable pour l'économie; 57% jugent qu'elle a été néfaste. Il n'y a guère que les Allemands (ainsi que les Slovaques) pour juger majoritairement, à 53%, que l'euro est une bonne chose. Plus de la moitié des Espagnols (57%), des Portugais (55%), des Français (52%) et des Italiens (51%) déclarent que l'euro a été préjudiciable à l'économie. En sortir ou pas? Une majorité (58%) parmi les personnes insatisfaites par l'euro le pense. Globalement, un quart des Européens sont sur cette ligne. Parmi les pays les plus favorables à une sortie de l'euro, les Espagnols, les Italiens, les Portugais et…les Allemands dont plus d'un quart (26%) préconisent cette option. Un Français sur cinq (19%) souhaite un retour au Franc.
Obama, très populaire en Europe
Angela Merkel est appréciée pour sa politique économique mais très diversement. Une majorité d'Européens (52%) approuvent son action, davantage que celle de l'UE (48%) et surtout que celle des gouvernements de leur pays. Soixante-quatre pour cent des Français la suivent (au deuxième rang de ses partisans en Europe, derrière les Néerlandais). En Europe du Sud, en revanche, 63% des Italiens et des Espagnols et des Italiens ainsi que 61% des Portugais désapprouvent les positions qu'elle a prises pour combattre la crise.
Barack Obama conserve en Europe une forte popularité: 82% d'avis favorables, contre 57% aux États-Unis. Sa maitrise des affaires internationales recueille 54% (57% en 2009) des avis favorables dans l'opinion américaine, 71% en Europe où l'on constate toutefois un déclin progressif (83% l'approuvaient en 2009). Le recul est notable en Bulgarie (-21 points par rapport à 2009), l'Italie et l'Espagne (-17 points), la Grande-Bretagne (-15 points) et l'Allemagne (-13 points). C'est d'abord l'action du président américain contre le terrorisme qui est appréciée (par 71% des Européens et 66% des Américains). Ses engagements pour stabiliser l'Afghanistan et pour faire face au nucléaire iranien peinent à convaincre une majorité d'Européens comme d'Américains. En France, ils seraient tout de même 93% à le réélire, un record, face à Mitt Romney (2%) qui reste largement méconnu en Europe.
(1) Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Slovénie, Suède
Par Alain Barluet
Creusé à l'époque de George W. Bush, le fossé transatlantique s'est durablement comblé. Deux tiers des Américains (63%) et des Européens (66%) estiment avoir des valeurs et des intérêts communs, des chiffres stables depuis quatre ans, selon le sondage du GMF. L'UE est vue favorablement par 57% des Américains (l'Allemagne, le pays qu'ils apprécient le plus, recueille 67% d'opinions positives). À l'inverse les Européens sont 74% à avoir une image favorable des États-Unis, meilleure que celle de l'UE (67%). Avec 81% d'opinion favorables, les Français figurent en tête des «pro-américains» (derrière les Roumains), un score d'autant plus étonnant qu'il traduit une progression de 23 points depuis 2011. Si l' «effet Obama» se prolonge, à moindre intensité, le phénomène a aussi ses déçus, comme les Polonais (heurtés par l'affaire du bouclier antimissiles) et les Britanniques (constatant la fin de la relation privilégiée), qui ne sont que 35 et 34% à juger bon l'état des relations transatlantiques.
Méfiance envers la Chine
Les Européens et tout particulièrement les Français ont dans l'idée que les États-Unis traversent mieux la crise qu'eux. Face à celle-ci, en tous cas, 61% des Européens et 55% des Américains considèrent qu'il est plus important de travailler avec le partenaire transatlantique qu'avec l'Asie. Du côté des États-Unis, l'enquête souligne l'idée que la résolution des problèmes économiques se fera avant tout avec l'Europe. Ce n'était pas le cas l'an dernier: en Europe comme aux États-Unis, l'opinion (respectivement à 52 et 51%) jugeait prioritaire la coopération avec l'Asie. L'approfondissement de la crise a accru la méfiance à l'égard de la Chine des deux côtés de l'Atlantique.
Aux États-Unis comme sur le Vieux continent, on se sent directement touché par la crise. Les Européens se sentent personnellement davantage affectés qu'en 2011 (65 contre 61% l'an dernier), les Américains, eux, estiment s'en sortir un tout petit peu mieux (79% cette année contre 82% en 2011). Mais les uns et les autres désapprouvent majoritairement (52% aux États-Unis, 56% en Europe) la politique menée par leurs gouvernements respectifs pour les sortir de la crise. Côté européen, le tableau est contrasté entre l'Europe du Nord et celle des périphéries: si 68% des Allemands et 74% des Suédois font confiance à leur gouvernement face à la crise, les Espagnols, les plus critiques, sont 73% à exprimer leur désapprobation, devant les Bulgares (72% d'avis défavorables), les Roumains (71%), les Italiens (66%) et les Portugais (65%). Autre illustration cette défiance à l'égard des solutions proposées par les pouvoirs publics, les Européens sont 76% à juger que leur système économique est injuste, les Américains 64%.
L'euro, préjudiciable à l'économie
En Europe, on continue néanmoins à penser que l'appartenance à l'UE est une bonne chose (à 61%) même si l'idée recule quelque peu (les avis favorables se montaient à 67% l'an dernier). Les Allemands (69%) et les Français (69%) restent les plus attachés à l'UE. Il n'en va pas de même concernant l'euro. Seuls 37% des Européens considèrent que la monnaie unique a été favorable pour l'économie; 57% jugent qu'elle a été néfaste. Il n'y a guère que les Allemands (ainsi que les Slovaques) pour juger majoritairement, à 53%, que l'euro est une bonne chose. Plus de la moitié des Espagnols (57%), des Portugais (55%), des Français (52%) et des Italiens (51%) déclarent que l'euro a été préjudiciable à l'économie. En sortir ou pas? Une majorité (58%) parmi les personnes insatisfaites par l'euro le pense. Globalement, un quart des Européens sont sur cette ligne. Parmi les pays les plus favorables à une sortie de l'euro, les Espagnols, les Italiens, les Portugais et…les Allemands dont plus d'un quart (26%) préconisent cette option. Un Français sur cinq (19%) souhaite un retour au Franc.
Obama, très populaire en Europe
Angela Merkel est appréciée pour sa politique économique mais très diversement. Une majorité d'Européens (52%) approuvent son action, davantage que celle de l'UE (48%) et surtout que celle des gouvernements de leur pays. Soixante-quatre pour cent des Français la suivent (au deuxième rang de ses partisans en Europe, derrière les Néerlandais). En Europe du Sud, en revanche, 63% des Italiens et des Espagnols et des Italiens ainsi que 61% des Portugais désapprouvent les positions qu'elle a prises pour combattre la crise.
Barack Obama conserve en Europe une forte popularité: 82% d'avis favorables, contre 57% aux États-Unis. Sa maitrise des affaires internationales recueille 54% (57% en 2009) des avis favorables dans l'opinion américaine, 71% en Europe où l'on constate toutefois un déclin progressif (83% l'approuvaient en 2009). Le recul est notable en Bulgarie (-21 points par rapport à 2009), l'Italie et l'Espagne (-17 points), la Grande-Bretagne (-15 points) et l'Allemagne (-13 points). C'est d'abord l'action du président américain contre le terrorisme qui est appréciée (par 71% des Européens et 66% des Américains). Ses engagements pour stabiliser l'Afghanistan et pour faire face au nucléaire iranien peinent à convaincre une majorité d'Européens comme d'Américains. En France, ils seraient tout de même 93% à le réélire, un record, face à Mitt Romney (2%) qui reste largement méconnu en Europe.
(1) Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Slovénie, Suède
Par Alain Barluet