Dissuader Pyongyang, rassurer Séoul. L'US Navy montre ses muscles en mer Jaune, en déployant une armada menée par le porte-avions nucléaire USS George Washington à l'heure où l'Administration Obama redoute un nouveau dérapage sur la péninsule coréenne en pleine campagne présidentielle. Depuis samedi, les marines américaine et sud-coréenne mènent des exercices de grande ampleur, qui culmineront lundi, jour anniversaire du déclenchement de la guerre de Corée (1950-1953), le dernier conflit de la guerre froide, toujours à la recherche de son traité de paix. Objectif, prévenir un nouveau coup de force de la Corée du Nord dans ces eaux troublées qui ont été le théâtre des deux plus importants accrochages militaires depuis la guerre, en 2010. «Nous répliquerons immédiatement à toute provocation», a prévenu l'état-major à Séoul. La menace est jugée particulièrement aiguë depuis que Pyongyang a promis en avril de mener prochainement des «actions spéciales» contre la Corée du Sud.
Le président sud-coréen, Lee Myung bak, multiplie les mises en garde, augurant d'une réplique plus lourde que lors du bombardement de l'île de Yeonpyeong, en 2010, lorsque l'allié américain avait imposé la retenue par crainte de voir un conflit dégénérer.
Hélicoptères Apaches en renfort
La multiplication des exercices militaires «vise avant tout à rassurer la population» à la veille des élections de décembre, estime un militaire occidental, à l'heure où le camp conservateur dénonce les partisans du dialogue au sein de l'opposition. Au nord du 38e parallèle, la montée des tensions est également exploitée pour mobiliser autour du jeune Kim Jong-un, en entretenant le mythe de la nation assiégée par les impérialistes. Le Pentagone joue la vigilance, puisque le général James Thurman, commandant des 28.500 GI postés sur la péninsule, a demandé le 12 juin des renforts, notamment plus de batteries antimissiles Patriot et le retour d'un escadron d'hélicoptères d'attaque Apaches qui avait été envoyé en Irak. Ces demandes visent autant à dissuader le Nord qu'à donner des gages aux militaires du Sud, qui piaffent de prendre leur revanche après les humiliations de 2010 et dénoncent en coulisse la «mollesse» américaine.
En public, Washington et Séoul affichent la «solidité» de leur alliance, mais le refus des États-Unis d'accroître la portée des missiles balistiques sud-coréens, aujourd'hui cantonnés à 300 km par un accord bilatéral conclu en 2001, est une pomme de discorde. Séoul veut porter son rayon d'action à 800 km afin de menacer l'ensemble du territoire nord-coréen, mais l'Amérique, qui s'intéresse d'abord à la stabilité régionale, résiste, craignant une course à l'armement déstabilisatrice, avec un œil sur la Chine et le Japon. «Les États-Unis sont trop bons avec le Nord. Ils nous empêchent de développer nos missiles, puis ils ne font rien» peste un conseiller de l'administration Lee. L'envoi d'un porte-avions permet au moins de donner le change.
Par Sébastien Falletti
Le président sud-coréen, Lee Myung bak, multiplie les mises en garde, augurant d'une réplique plus lourde que lors du bombardement de l'île de Yeonpyeong, en 2010, lorsque l'allié américain avait imposé la retenue par crainte de voir un conflit dégénérer.
Hélicoptères Apaches en renfort
La multiplication des exercices militaires «vise avant tout à rassurer la population» à la veille des élections de décembre, estime un militaire occidental, à l'heure où le camp conservateur dénonce les partisans du dialogue au sein de l'opposition. Au nord du 38e parallèle, la montée des tensions est également exploitée pour mobiliser autour du jeune Kim Jong-un, en entretenant le mythe de la nation assiégée par les impérialistes. Le Pentagone joue la vigilance, puisque le général James Thurman, commandant des 28.500 GI postés sur la péninsule, a demandé le 12 juin des renforts, notamment plus de batteries antimissiles Patriot et le retour d'un escadron d'hélicoptères d'attaque Apaches qui avait été envoyé en Irak. Ces demandes visent autant à dissuader le Nord qu'à donner des gages aux militaires du Sud, qui piaffent de prendre leur revanche après les humiliations de 2010 et dénoncent en coulisse la «mollesse» américaine.
En public, Washington et Séoul affichent la «solidité» de leur alliance, mais le refus des États-Unis d'accroître la portée des missiles balistiques sud-coréens, aujourd'hui cantonnés à 300 km par un accord bilatéral conclu en 2001, est une pomme de discorde. Séoul veut porter son rayon d'action à 800 km afin de menacer l'ensemble du territoire nord-coréen, mais l'Amérique, qui s'intéresse d'abord à la stabilité régionale, résiste, craignant une course à l'armement déstabilisatrice, avec un œil sur la Chine et le Japon. «Les États-Unis sont trop bons avec le Nord. Ils nous empêchent de développer nos missiles, puis ils ne font rien» peste un conseiller de l'administration Lee. L'envoi d'un porte-avions permet au moins de donner le change.
Par Sébastien Falletti