« Ce n’est pas facile de ne pas pouvoir dire tout ce que l’on veut », avait lâché Jean-Christophe Rufin au mois d’avril, dans une interview à Jeune Afrique où il évoquait son statut d’ambassadeur à Dakar. Visiblement, sa sortie du monde de la diplomatie (au propre comme au figuré) a fait tomber cette barrière.
Pour sa dernière interview en tant qu’ambassadeur de France au Sénégal, l’académicien a laissé libre court à son franc-parler. Abdoulaye Wade, Bernard Kouchner ou encore Claude Guéant : tout y est passé dans cette interview accordée à Radio Futur Média (RFM) le 30 juin et diffusée dimanche.
La « curiosité » Wade
À propos d’Abdoulaye Wade, avec qui il entretenait des relations souvent tendues, Rufin a jugé que sa candidature en 2012 était « une curiosité ». « Je n'imagine pas, dans d'autres pays - en Italie, en Angleterre, en France - un candidat aussi âgé [Abdoulaye Wade aura 86 ans en 2012, NDLR] qui se représente pour une durée de mandat qu'il a allongée », a déclaré l’ex-ambassadeur. La durée du mandat présidentiel au Sénégal a en effet été modifiée en 2008, passant de cinq à sept ans.
« Est-ce que le président Wade se présente pour mettre son fils, Karim, à sa place ? », a réagi l’un des journalistes. « Ça voudrait dire mettre son fils (au pouvoir) par des moyens qui ne soient pas démocratiques. Pour l'instant, rien n'est ébauché dans ce registre », s’est contenté de dire Rufin.
L’académicien a reconnu avoir des relations « compliquées » avec Karim Wade, entré au gouvernement en 2009. « C’est vrai que c'est assez difficile [de parler] avec M. Karim Wade qui, d'une certaine manière, semble ne pas supporter la critique - c'est une chose - ni même le dialogue », a lâché Rufin.
Guéant « pas un connaisseur »
L’écrivain n’a pas été plus tendre avec son ministère de tutelle. « Le Quai d’Orsay a été complètement marginalisé sur les questions africaines, complètement ! » a insisté Rufin, se déclarant « un petit peu déçu ». « Je pensais sincèrement que nous entrions dans une période de rupture - c'est ce qui avait été dit - avec des pratiques du passé. »
Selon lui, le président Nicolas Sarkozy n’est « pas très impliqué sur les questions africaines » et laisse la main à son secrétaire général, Claude Guéant « très influent sur (ces) questions ». Mais le secrétaire général de l’Élysée ne trouve pas non plus grâce à ses yeux : « Ce n'est pas forcément un connaisseur de l'Afrique, il traite ces dossiers comme il en traite beaucoup d'autres, à la [manière] préfectorale. Mais bon, le Zambèze et la Corrèze, ce n'est pas tout à fait la même chose. »
Jean-Christophe Rufin laisse planer le doute sur son avenir. Il a récemment refusé de prendre la tête de l’agence CulturesFrance (dont a hérité l’ex-ministre Xavier Darcos)… À défaut de savoir ce qu’il fera, on sait maintenant ce qu’il ne fera pas : après une telle volée de bois vert contre l’Élysée et le Quai d’Orsay, on le voit mal nommé à un poste de diplomate.
Auteur: Jeune Afrique
Pour sa dernière interview en tant qu’ambassadeur de France au Sénégal, l’académicien a laissé libre court à son franc-parler. Abdoulaye Wade, Bernard Kouchner ou encore Claude Guéant : tout y est passé dans cette interview accordée à Radio Futur Média (RFM) le 30 juin et diffusée dimanche.
La « curiosité » Wade
À propos d’Abdoulaye Wade, avec qui il entretenait des relations souvent tendues, Rufin a jugé que sa candidature en 2012 était « une curiosité ». « Je n'imagine pas, dans d'autres pays - en Italie, en Angleterre, en France - un candidat aussi âgé [Abdoulaye Wade aura 86 ans en 2012, NDLR] qui se représente pour une durée de mandat qu'il a allongée », a déclaré l’ex-ambassadeur. La durée du mandat présidentiel au Sénégal a en effet été modifiée en 2008, passant de cinq à sept ans.
« Est-ce que le président Wade se présente pour mettre son fils, Karim, à sa place ? », a réagi l’un des journalistes. « Ça voudrait dire mettre son fils (au pouvoir) par des moyens qui ne soient pas démocratiques. Pour l'instant, rien n'est ébauché dans ce registre », s’est contenté de dire Rufin.
L’académicien a reconnu avoir des relations « compliquées » avec Karim Wade, entré au gouvernement en 2009. « C’est vrai que c'est assez difficile [de parler] avec M. Karim Wade qui, d'une certaine manière, semble ne pas supporter la critique - c'est une chose - ni même le dialogue », a lâché Rufin.
Guéant « pas un connaisseur »
L’écrivain n’a pas été plus tendre avec son ministère de tutelle. « Le Quai d’Orsay a été complètement marginalisé sur les questions africaines, complètement ! » a insisté Rufin, se déclarant « un petit peu déçu ». « Je pensais sincèrement que nous entrions dans une période de rupture - c'est ce qui avait été dit - avec des pratiques du passé. »
Selon lui, le président Nicolas Sarkozy n’est « pas très impliqué sur les questions africaines » et laisse la main à son secrétaire général, Claude Guéant « très influent sur (ces) questions ». Mais le secrétaire général de l’Élysée ne trouve pas non plus grâce à ses yeux : « Ce n'est pas forcément un connaisseur de l'Afrique, il traite ces dossiers comme il en traite beaucoup d'autres, à la [manière] préfectorale. Mais bon, le Zambèze et la Corrèze, ce n'est pas tout à fait la même chose. »
Jean-Christophe Rufin laisse planer le doute sur son avenir. Il a récemment refusé de prendre la tête de l’agence CulturesFrance (dont a hérité l’ex-ministre Xavier Darcos)… À défaut de savoir ce qu’il fera, on sait maintenant ce qu’il ne fera pas : après une telle volée de bois vert contre l’Élysée et le Quai d’Orsay, on le voit mal nommé à un poste de diplomate.
Auteur: Jeune Afrique