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La discrimination positive fait débat aux États-Unis

Rédigé par leral.net le Jeudi 11 Octobre 2012 à 09:21 | | 0 commentaire(s)|

Une étudiante Abigail Fisher souhaitait intégré l'Université du Texas. Elle se dit victime de discrimination liée à sa couleur de peau.


La discrimination positive fait débat aux États-Unis
Abigail Fisher se dit victime de «racisme anti-blanc». La Cour suprême des États-Unis examine depuis mercredi le cas de cette jeune femme blanche de 22 ans, qui avait vu sa candidature refusée par l'Université du Texas en 2008. Elle avait porté plainte, s'estimant victime d'une discrimination raciale. Ce cas pourrait faire jurisprudence en matière de représentation des minorités raciales à l'université.

Après la période des quotas ethniques abandonnés depuis 1996, car jugés trop discriminatoires, la loi n'a cessé d'évoluer au gré des procès et des décisions de la Cour suprême. Aujourd'hui, les universités restent libres de choisir leurs solutions pour promouvoir la diversité. L'affaire examinée mercredi pourrait mettre fin à cinquante ans de discrimination positive sur les campus.

Pour remplacer les quotas, le Texas a donc adopté deux règles complémentaires. Une loi garantit aux 10 % d'élèves ayant obtenu les meilleures notes de leurs lycées d'accéder automatiquement à l'université de leur État. Ce qui permet de promouvoir les élèves les plus méritants, indépendamment de leurs origines. A eux seuls, il fournissent les trois quarts des effectifs de l'université du Texas.

«10 %» contestés
La règle attaquée par Abigail Fisher, qui ne faisait pas partie des «10 %», concerne l'attribution des places restantes. Pour les élèves ayant échoué à obtenir une place garantie, la procédure passe par un dossier d'inscription. Les critères de sélection sont multiples. Les résultats scolaires sont essentiels, mais les origines géographique, sociale ou ethnique sont également prises en compte.

Abigail pense avoir été écartée ainsi au profit d'un étudiant de couleur. Or si les universités ont le droit de prendre en compte la couleur ou l'origine d'un candidat, ils doivent privilégier d'autres critères. «La diversité ethnique sur les campus est bénéfique, mais elle ne doit pas être obtenue du fait d'une discrimination raciale» plaide Edward Blum, l'avocat de la jeune femme.

L'université du Texas, par la voix de son directeur des admissions Kedra Ishop, défend sa politique. «Il est de notre rôle de former des leaders. Avoir des minorités bien représentées est indispensable, car les interactions entre les étudiants les aident à surmonter leurs préjugés» insiste le Dr Ishop. La promotion de la diversité fait même partie des objectifs sociétaux fixés aux universités, ce que la Cour suprême a confirmé en 2003. Selon lui, la discrimination positive est donc «indispensable pour que nos jeunes contribuent à la construction d'une société tolérante et ouverte à la diversité».

L'exemple californien
Pour atteindre ces objectifs, certains établissements ont pourtant expérimenté d'autres méthodes. La Californie est l'exemple le plus souvent cité. Une loi similaire à celle des «10 %» existe pour garantir aux meilleurs élèves un accès à l'université. Mais les places restantes sont attribuées différemment. En lieu et place du critère ethnique, deux facteurs sont valorisés: être membre d'une famille à faible revenu ; et être le premier de sa famille à accéder à l'université. Une expérience plutôt concluante. «Les minorités sont mieux représentées qu'avant» juge Richard Sander, professeur de droit à l'université de Californie.

Le modèle californien prouve selon Abigail Fisher que l'on peut améliorer la diversité sans favoritisme ethnique. Or la loi stipule que «le critère racial ne peut être utilisé que si il n'existe pas d'autres moyens d'améliorer la diversité». Selon la jeune fille «le mérite et le travail fourni devraient être les seuls critères pour pouvoir intégrer l'école de son choix».

La plus haute juridiction du pays a maintenant plusieurs mois pour juger si le système mis en place par le Texas est conforme à la Constitution. 43 des 50 universités d'État, sans compter les écoles privées, utilisent une règle similaire. L'interdire aurait donc des conséquences importantes sur les procédures d'admission des universités.

Par Quentin Blanc