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«La fin de la malnutrition, clé du développement durable»

Rédigé par leral.net le Mercredi 20 Juin 2012 à 09:43 | | 0 commentaire(s)|

Ertharin Cousin est directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies depuis le 5 avril 2012. Elle espère que la lutte contre la faim figurera dans les conclusions du sommet.


«La fin de la malnutrition, clé du développement durable»
LE FIGARO - Qu'attendez-vous de ce sommet Rio + 20?

Ertharin Cousin - Le PAM nourrit 100 millions de personnes par an: je suis là pour porter la voix des 925 millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim dans le monde, et pousser ceux qui ont le pouvoir à les prendre en compte. Concrètement, la conférence est le point de départ pour les discussions sur l'après-2015, qui est la date butoir que le monde s'est choisie pour les «objectifs du millénaire». La promesse était de diviser par deux le nombre de personnes souffrant de la faim, et cela a fonctionné parce qu'on s'était fixé une date limite. Si les prochains objectifs de développement durable, qui doivent être décidés à Rio, incluent l'éradication de la famine à une date fixe, ce sera une grande victoire. Mais je suis pragmatique, donc j'espère qu'une résolution reconnaisse la souveraineté alimentaire et la disparition de la malnutrition comme des clefs du développement durable.

Historiquement le PAM est intervenu auprès de populations frappées par des guerres. Les changements climatiques ont-ilsplus d'impact aujourd'hui?

Il y a toujours eu plusieurs raisons mêlées aux crises alimentaires. Mais il est clair que les cas liés aux changements climatiques augmentent. Prenez le Sahel, c'est la troisième sécheresse grave en cinq ans, c'est une accélération.

Ce contexte a-t-il modifié l'action du PAM?

Les changements climatiques ont rendu les populations vulnérables encore plus fragiles face aux problèmes météorologiques, l'érosion des terres et la hausse des prix alimentaires. Nous passons progressivement de l'aide alimentaire d'urgence à une assistance qui permette à ces populations, en particulier aux femmes, d'être mieux préparées à la prochaine crise. Cela passe par la mise en place de systèmes d'irrigation pour les petits paysans, de routes qui donnent accès aux marchés, de formations pour augmenter les rendements.

En outre, le PAM achète une partie de leur production, ce qui crée une clientèle et les incite à se diversifier, sur le modèle de ce qui existe au Brésil quand le gouvernement a imposé aux cantines scolaires de s'approvisionner auprès de l'agriculture familiale.

Craignez-vous que la crise incite les pays riches à réduire leurs dons au PAM?

Les donateurs sont conscients qu'il faut poursuivre cette politique, même s'ils sont de plus en plus exigeants sur l'efficacité de nos programmes. Et je compte sur la montée en puissance des nouveaux donateurs, comme le Brésil, le Qatar ou l'Arabie saoudite pour compenser d'éventuelles défections.


Par Lamia Oualalou