La réponse des habitants de Sidi Bouzid à la répression policière jeudi peut rappeler certains épisodes de la révolution tunisienne, les tirs à balles réelles sur les manifestants en moins. Jeudi midi, à l'appel de plusieurs partis d'opposition, une centaine de manifestants a fait part de sa colère au gouverneur de la ville, représentant d'un pouvoir en place (une coalition dirigée par les islamistes d'Ennahdha, NDLR), qu'ils accusent de n'avoir rien fait depuis la révolution pour améliorer la situation sociale. «Où sont les droits de Sidi Bouzid? Où sont les droits des martyrs?», scandaient les manifestants qui ont tenté de franchir les grilles du gouvernorat, devant lequel s'était immolé Mohammed Bouazizi le 17 décembre 2010. Les forces de l'ordre ont dû faire usage de gaz lacrymogènes, de tirs de sommation et de balles en caoutchouc pour les disperser.
Un homme d'une vingtaine d'années a été touché à l'aine, quatre autres personnes importunées par les gaz, alors que plusieurs manifestants ont été interpellés. La réaction des citoyens n'a pas tardé: le soir même, tard, des habitants, 800 selon l'AFP, ont protesté contre l'attitude des forces de l'ordre, jetant des pierres sur les policiers qui ont dû ressortir les gaz et les balles en caoutchouc.
Conditions sociales
Dans cette ville où Ennahdha a réalisé l'un de ses plus mauvais scores aux élections d'octobre en Tunisie, les partis d'opposition (Parti républicain, Parti des travailleurs tunisiens…) se plaignent du peu de développement par les autorités. «Les revendications deviennent de plus en plus insistantes. Le gouvernement n'est pas au service du peuple», déplore Mohammed Ghadri du Parti républicain à Sidi Bouzid. Les coupures d'eau et d'électricité à répétition ou le chômage qui n'est pas endigué font dire à certains, à Sidi Bouzid, que les conditions sociales étaient meilleures sous Ben Ali. Déjà fin juillet, les bureaux d'Ennahdha y avaient été attaqués par des ouvriers municipaux saisonniers, en attente de leur paye. «C'est une ville, explique au Figaro le politologue Omeyya Seddik, qui considère avoir beaucoup payé pour la chute de l'ancien régime et qui estime que le retour n'est pas satisfaisant.» «Une attention plus particulière vers ces régions d'où est partie la révolution aurait pu apaiser les tensions, complète Salma Mabrouk, députée à l'Assemblée nationale constituante et membre du parti de coalition Ettakatol. Je comprends cette colère quand, au bout d'un an et demi, rien n'a changé.»
Jeudi soir, le ministre de l'Intérieur Ali Larayedh (Ennahdha) a accusé l'opposition d'être derrière les protestations de Sidi Bouzid. «De telles pratiques, craint-il, vont conduire à l'établissement d'une démocratie fragile.» Ennahdha subit ces derniers temps des attaques de toutes parts. Sont dénoncées une incapacité à gouverner, une attitude électoraliste à sept mois du prochain scrutin ou encore une tentative de faire glisser la Tunisie vers un régime islamique. Rached Ghannouchi, son leader, a dû se fendre d'un communiqué lundi 6 août pour dénoncer les attaques des médias et la multiplication des appels à la grève. Hier, la puissante Union générale des travailleurs tunisiens a annoncé un débrayage général à Sidi Bouzid ce mardi 14 août.
Par Thibaut Cavaillès
Un homme d'une vingtaine d'années a été touché à l'aine, quatre autres personnes importunées par les gaz, alors que plusieurs manifestants ont été interpellés. La réaction des citoyens n'a pas tardé: le soir même, tard, des habitants, 800 selon l'AFP, ont protesté contre l'attitude des forces de l'ordre, jetant des pierres sur les policiers qui ont dû ressortir les gaz et les balles en caoutchouc.
Conditions sociales
Dans cette ville où Ennahdha a réalisé l'un de ses plus mauvais scores aux élections d'octobre en Tunisie, les partis d'opposition (Parti républicain, Parti des travailleurs tunisiens…) se plaignent du peu de développement par les autorités. «Les revendications deviennent de plus en plus insistantes. Le gouvernement n'est pas au service du peuple», déplore Mohammed Ghadri du Parti républicain à Sidi Bouzid. Les coupures d'eau et d'électricité à répétition ou le chômage qui n'est pas endigué font dire à certains, à Sidi Bouzid, que les conditions sociales étaient meilleures sous Ben Ali. Déjà fin juillet, les bureaux d'Ennahdha y avaient été attaqués par des ouvriers municipaux saisonniers, en attente de leur paye. «C'est une ville, explique au Figaro le politologue Omeyya Seddik, qui considère avoir beaucoup payé pour la chute de l'ancien régime et qui estime que le retour n'est pas satisfaisant.» «Une attention plus particulière vers ces régions d'où est partie la révolution aurait pu apaiser les tensions, complète Salma Mabrouk, députée à l'Assemblée nationale constituante et membre du parti de coalition Ettakatol. Je comprends cette colère quand, au bout d'un an et demi, rien n'a changé.»
Jeudi soir, le ministre de l'Intérieur Ali Larayedh (Ennahdha) a accusé l'opposition d'être derrière les protestations de Sidi Bouzid. «De telles pratiques, craint-il, vont conduire à l'établissement d'une démocratie fragile.» Ennahdha subit ces derniers temps des attaques de toutes parts. Sont dénoncées une incapacité à gouverner, une attitude électoraliste à sept mois du prochain scrutin ou encore une tentative de faire glisser la Tunisie vers un régime islamique. Rached Ghannouchi, son leader, a dû se fendre d'un communiqué lundi 6 août pour dénoncer les attaques des médias et la multiplication des appels à la grève. Hier, la puissante Union générale des travailleurs tunisiens a annoncé un débrayage général à Sidi Bouzid ce mardi 14 août.
Par Thibaut Cavaillès