Sangel, 25 ans, cordonnier, et Tafa, 27 ans, mécanicien, habitent la banlieue dakaroise de Guediawaye. À l’instar des jeunes et des femmes qui ont manifesté le 8 décembre pour protester contre le prix de l’électricité jugé trop élevé, ils expriment leur ras-le-bol face aux « surfacturations » de la Senelec, la compagnie nationale d’électricité.
« C’est impossible de travailler avec des délestages en permanence et, en plus, depuis trois mois, on nous présente des doubles factures, sans tarif dégressif, avec des augmentations injustifiées puisque le baril de brut a baissé. Trop, c’est trop ! »
A l’appel des imams et des notables des différents quartiers de la ville, les deux artisans ont rejoint « sans tee-shirt, ni tam tam », la marche des banlieusards, dont les plus radicaux s’en prenaient directement au chef de l’État : « na dem, na dem, nadéma déma dem… » (Qu’il parte ! Qu’il parte !).
Les banlieues expriment leur colère
Après les « émeutes de la faim » en avril dernier, pour protester contre la cherté des denrées de première nécessité, les banlieues expriment leur colère contre ce que nombre d’élus locaux considèrent comme « les promesses non tenues du pouvoir ». Pour Babacar Diop, un élu de Pikine, une banlieue voisine, le fait que la manifestation soit partie de Guédiawaye n’est pas surprenant car les habitants y sont installés depuis plus longtemps. « Ils sont donc mieux organisés et plus solidaires. Mais ce qui est très nouveau au Sénégal, c’est que les religieux aient pris la tête du cortège ! », souligne-t-il.
Seule personnalité à avoir participé à la manifestation, Momar Ndao, président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen), voit dans cette révolte des imams un message très fort lancé aux autorités. « Les imams s’activent aujourd’hui en dehors des sphères de la religion parce qu’ils veulent se battre pour ne pas mourir de faim à l’instar de tous les Sénégalais. »
Coordonnée par l’imam Youssoufa Sarr, un ancien comptable de 61 ans, membre de la confrérie mouride à laquelle appartient le président Wade, le Collectif des résidents de Guédiawaye a demandé aux populations de ne pas payer les dernières factures, tant que l’ancienne tarification ne serait pas rétablie.
Un retour au calme compromis
Au sortir d’une réunion de crise avec le ministre de l’énergie Emmanuel Sarr, lundi 15 décembre qui s’est ensuite traduite mardi 16 décembre par le limogeage du directeur de la Senelec, Lat Soukabé Fall, il a exprimé sa déception face aux mesures envisagées, « très en deçà des attentes», selon lui.
Les habitants de Guédiawaye ont demandé la suppression de l’augmentation des 17 % et le retour de la Senelec à son mode de facturation dégressif d’avant le 1er août 2008 « pour la survie des couches les plus défavorisées et le bonheur de tous les Sénégalais », a précisé l’imam Sarr.
Selon lui, le retour au calme ne sera pas possible « tant que les populations n’auront pas obtenu satisfaction ». Une menace que le pouvoir semble prendre au sérieux puisque, selon des sources concordantes, des renforts militaires ont été dépêchés dans les banlieues. « Des contingents venus de Thiès sont arrivés à Guédiawaye, Pikine et Thiaroye il y a deux jours », a confirmé à La Croix une source locale.
Christine HOLZBAUER, à Dakar
La - Croix.com
« C’est impossible de travailler avec des délestages en permanence et, en plus, depuis trois mois, on nous présente des doubles factures, sans tarif dégressif, avec des augmentations injustifiées puisque le baril de brut a baissé. Trop, c’est trop ! »
A l’appel des imams et des notables des différents quartiers de la ville, les deux artisans ont rejoint « sans tee-shirt, ni tam tam », la marche des banlieusards, dont les plus radicaux s’en prenaient directement au chef de l’État : « na dem, na dem, nadéma déma dem… » (Qu’il parte ! Qu’il parte !).
Les banlieues expriment leur colère
Après les « émeutes de la faim » en avril dernier, pour protester contre la cherté des denrées de première nécessité, les banlieues expriment leur colère contre ce que nombre d’élus locaux considèrent comme « les promesses non tenues du pouvoir ». Pour Babacar Diop, un élu de Pikine, une banlieue voisine, le fait que la manifestation soit partie de Guédiawaye n’est pas surprenant car les habitants y sont installés depuis plus longtemps. « Ils sont donc mieux organisés et plus solidaires. Mais ce qui est très nouveau au Sénégal, c’est que les religieux aient pris la tête du cortège ! », souligne-t-il.
Seule personnalité à avoir participé à la manifestation, Momar Ndao, président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen), voit dans cette révolte des imams un message très fort lancé aux autorités. « Les imams s’activent aujourd’hui en dehors des sphères de la religion parce qu’ils veulent se battre pour ne pas mourir de faim à l’instar de tous les Sénégalais. »
Coordonnée par l’imam Youssoufa Sarr, un ancien comptable de 61 ans, membre de la confrérie mouride à laquelle appartient le président Wade, le Collectif des résidents de Guédiawaye a demandé aux populations de ne pas payer les dernières factures, tant que l’ancienne tarification ne serait pas rétablie.
Un retour au calme compromis
Au sortir d’une réunion de crise avec le ministre de l’énergie Emmanuel Sarr, lundi 15 décembre qui s’est ensuite traduite mardi 16 décembre par le limogeage du directeur de la Senelec, Lat Soukabé Fall, il a exprimé sa déception face aux mesures envisagées, « très en deçà des attentes», selon lui.
Les habitants de Guédiawaye ont demandé la suppression de l’augmentation des 17 % et le retour de la Senelec à son mode de facturation dégressif d’avant le 1er août 2008 « pour la survie des couches les plus défavorisées et le bonheur de tous les Sénégalais », a précisé l’imam Sarr.
Selon lui, le retour au calme ne sera pas possible « tant que les populations n’auront pas obtenu satisfaction ». Une menace que le pouvoir semble prendre au sérieux puisque, selon des sources concordantes, des renforts militaires ont été dépêchés dans les banlieues. « Des contingents venus de Thiès sont arrivés à Guédiawaye, Pikine et Thiaroye il y a deux jours », a confirmé à La Croix une source locale.
Christine HOLZBAUER, à Dakar
La - Croix.com