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La jalousie stimule-t-elle le désir ?

Rédigé par leral.net le Vendredi 16 Mai 2014 à 18:13 | | 0 commentaire(s)|

Dans les premiers temps de la relation sexuelle, notre désir est porté par celui de témoigner de notre valeur et par l’envie de conquérir l’autre. Un désir bouillonnant et réciproque, qui alimente la mise en œuvre d’un lien relationnel et charnel unique. Puis vient le temps de la douceur, acquise dans une relation qui a trouvé ses us et ses coutumes.


 L’inquiétude de ne pas plaire s’est apaisée, le partenaire est joliment devenu « mon » ou « ma », et l’on jouit de ce sentiment de possession qui élimine le reste du monde et comble nos besoins.
Mais soudain une œillade, un retard, un rire au téléphone rappellent que l’autre s’appartient. Rien de tel que la conscience qu’il est mû par des désirs qui nous échappent pour repartir à sa conquête.
Ces enjeux du lien à l’autre, c’est dans l’enfance que nous les avons expérimentés. Dans le rapport fusionnel à notre mère, à ses soins, que nous avons tenté de maintenir tant nous étions dépendants d’elle. Mais il a fallu se rendre à l’évidence : son intérêt, ses plaisirs étaient aussi tournés vers l’extérieur, à commencer par notre père, qui obligeait à la « triangularité ». Elle nous échappait donc !
 
C’est à partir de la qualité de cette relation mère-enfant, de la place qui nous a été accordée, que s’est construite notre aptitude ou non à refouler notre jalousie et notre agressivité envers les « envahisseurs » et celle qui osait nous lâcher.
Jalousie dévorante ou pas selon notre histoire, nous avons compris la nécessité de conquérir l’autre, sur fond de rivalité, pour ne pas être abandonné. Plus la relation à la mère a été perçue pauvre ou fragilisée, moins son enfant se sentira apte à y renoncer. Et plus la mère a été dépendante de cette relation, moins son enfant pourra s’envisager autonome.
Mais que penser, dans nos vies d’homme et de femme, d’un désir sexuel qui ne serait qu’une réponse à la peur de perdre, d’être détrôné ? La jalousie traduit, certes, le doute quant à la fiabilité de l’amour, mais surtout des doutes sur soi. Dans ce climat d’inquiétude identitaire, elle nie plus que jamais l’autre en tant qu’autre et le réduit à l’état d’objet.
 
Le désir qui anime le jaloux a des accents de lamentation. On veut contrôler l’autre, l’absorber, le soumettre, trahissant à l’occasion une agressivité à son égard. La sexualité n’est plus le lieu d’une rencontre, mais le théâtre d’une souffrance et d’une peur réciproque.
Loin d’être stimulé, le désir n’est plus que l’expression d’une plainte. Éviter cette jalousie qui le malmène est affaire de confiance relationnelle. Une capacité que l’on aura construite en fonction de notre première relation à notre mère et des relations suivantes.
Ce cheminement personnel est essentiel, il donne au désir ses lettres de noblesse, sa créativité tout au long de la relation. Et pas seulement lors de sa mise en place ou pour défendre ce que l’on estime être, à tort, sa propriété.