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La légitimité et la Pratique : le cas du Sénégal - Par Cheikh Sidiya DIOP,Secrétaire Général de la Lm/Mss - Membre du Front Siggil Sénégal et des Assises Nationales

La légitimité et la pratique du pouvoir sont deux agrégats macropolitiques très fiables qui permettent de mesurer la régularité d’un régime. L’objectif de cette contribution sera de définir ces deux concepts, de les comparer en toute objectivité au particularisme sénégalais et enfin y tirer une conclusion.


Rédigé par leral.net le Mardi 12 Août 2008 à 16:14 | | 0 commentaire(s)|

La légitimité et la Pratique : le cas du Sénégal - Par Cheikh Sidiya DIOP,Secrétaire Général de la Lm/Mss - Membre du Front Siggil Sénégal et des Assises Nationales
Un pouvoir est dit légitime si son mode d’accession a emprunté une procédure légale conforme à la loi, à la constitution et au code électoral. La légitimité ne peut être acquise par la sujétion, le factice et le truquage des règles de la compétition mais par des choix décontractés, limpides et incontestables. Or, cette définition constitue un paradoxe solide rendant nul et illégitime le pouvoir de Maitre Abdoulaye WADE. Pis, cette interprétation y met un terme depuis le février 2007. Car, Force a été de constater la volonté de Monsieur Abdoulaye WADE, candidat de la coalition Sopi de décrédibiliser les acquis de notre processus électoral en exerçant la fraude sur toutes ses méthodes: non-distribution des cartes aux électeurs, usage de la télévision pour assurer la propagande, interdiction des meetings de l'opposition, élimination arbitraire de quelques candidat menaçant le candidat du régime par une caution faramineuse, installation de bureaux de vote fictifs, intimidation de candidats, électeurs et journalistes, inscription de non sénégalais dans les listes électorales etc. De facto, la consultation électorale organisée par le régime de l’alternance a été entachée d’incohérences, d’irrégularités et d’incongruités. Et, Maitre Abdoulaye WADE a servi une version truffée aux aspects techniques de l’élection présidentielle lui permettant de magouiller à l’échelle exponentielle et de transformer sa défaite en une victoire. Les résultats préfabriqués ont été le produit d’une fraude électorale qui s’est activée sous des formes humaines, administratives et législatives. Le Parti Démocratique Sénégalais et la CAP 21, ont eu à faire voter massivement des étrangers pour le candidat du régime tels que des maliens, mauritaniens, guinéens, congolais, et, cela, en connivence avec les fonctionnaires de l’Etat, qui ont même ressuscité le stock mort du fichier. En sus des personnes qui ont été déportés du Sénégal, des étrangers sont venus renflouer massivement la liste des sénégalais de l’extérieur. Bizarrement, le vote militaire est de loin supérieur aux nombres de soldats que comptent nos forces armées, ce qui peut susciter le doute. En somme, le régime de Maitre Abdoulaye WADE a utilisé pour son compte, l’administration sénégalaise et les moyens de l’Etat pour recruter les fraudeurs en les exposant les possibilités d’inscriptions et de votes multiples. Et c’est sur la base de ces résultats préfabriqués que le conseil constitutionnel a validé l’élection truquée de Monsieur Abdoulaye WADE. De facto malgré son impopularité, il détient la légalité du pouvoir. C'est-à-dire un pouvoir conforme mais illégitime parce n’ayant pas emprunté une procédure régulière ayant abouti à une élection libre, transparente et incontestable.

En plus de la légitimité, la pratique du pouvoir est un indice qui permet d’apprécier un régime. Cette pratique est le mode de gestion du pouvoir. Autrement dit la façon de l’entretenir ou de le faire fonctionner. Pour certains politologues, elle renvoie à certaines questions importantes. A savoir est ce que le régime procède normalement dans des domaines tels que la bonne gouvernance, la bonne gestion des affaires publiques, les droits politiques, civils et de l’homme, la stabilité politique et de l’absence de la violence, l’efficacité du gouvernement, la qualité de la réglementation et de la primauté du droit et de la lutte contre la corruption etc. Or, une analyse exigüe du régime du Président Abdoulaye WADE, révèle le contraire. On remarque malheureusement une kleptocratie insurmontable, un abaissement du Parlement, une caporalisation de la justice, un contrôle violent des médias, un verrouillage systématique des zones d’expression, un harcèlement par le pouvoir des organes de régulation démocratique tel que le Conseil constitutionnel, le conseil de l’audiovisuel etc. En effet, et, en toute objectivité, les rapports du Président Abdoulaye WADE aux institutions républicaines, aboutissent à un constat regrettable : un manque de maturité et de culture républicaine, une inexpérience politique, un irrespect voire lunatique et désinvolte des fondements et des valeurs de l’Etat. Le Président Abdoulaye WADE transgresse constamment et violemment le principe de la séparation des pouvoirs et sème la confusion entre sphères partisanes et étatiques. Même son fils, d’une manière innée, méprise les institutions et déroge à la règle fondamentale de notre république qui est d’obtempérer et de différer immédiatement face aux interpellations et convocations des différents corps de contrôle de l’Etat tels que l’Inspection Générale de l’Etat, la Cour des Comptes, la Cour de Discipline Budgétaire et Financière, le Ministère de la Bonne Gouvernance et la Brigade de Vérification Financière. Or, l’axe majeur d’un Chef d’Etat responsable est de garantir voire rationaliser les choix budgétaires, de moraliser la gestion publique par une exigence transparente et de protéger et utiliser à bon escient de l’argent du contribuable sénégalais. Mais aussi contrecarrer, sanctionner les infractions aux règles de la comptabilité publique, les infractions à la morale administrative et les fautes de gestion. Pour cela, notre pays gagnera à entamer un processus de réforme en profondeur de son administration qu’il doit transformer en un instrument permettant à l’Etat de rationaliser ses choix budgétaires et ses dépenses publiques. La pratique du pouvoir du Président Abdoulaye WADE a crée une coexistence profonde entre les membranes de l’Etat et le Parti Démocratique Sénégalais, conséquence d’un nouveau Parti Etat qui se réalise sur la base du principe de la suprématie du Parti sur l’Etat. Cette négation a crée une inféodation des institutions républicaines, des corps de l’Etat et une usurpation plénière de tous leurs pouvoirs. Ensuite les procédures réglementaires sont transgressées, sapées par des recrutements, des nominations dans l’ossature de l’Etat, non pas à travers un système de qualification basé sur la compétence et l'intégrité, mais plutôt sur la base d'une magouille dans laquelle interfère la proximité politique ou familiale, pis, ne mettant pas au premier plan les intérêts de l'Etat en tant qu'entité. Le Président Abdoulaye WADE a banni L'expression de la différence en confisquant les libertés publiques, en monopolisant l'audiovisuel, en bâillonnant la presse sans oublier les obstructions et confiscations de toutes les actions politiques et syndicales.

Pour conclure, le Président Abdoulaye WADE n’a aucune légitimité du pouvoir parce qu’il n’a pas été élu en février 2007. Les Sénégalais l’ont largement sanctionné pour son bilan négatif. En conséquence il demeure l’homme le plus impopulaire du Sénégal et le Front Siggil Sénégal a raison de ne pas le reconnaitre. En sus, le Président a une mauvaise pratique du pouvoir parce que son système fonctionne avec boulimie, mépris, violence et arrogance au détriment des règles et traditions républicaines.

Par ailleurs, la situation politique telle que vécue dans notre pays est dangereuse pour notre République. Elle met en péril ses fondements qui sont la cohésion des masses, la stabilité politique, la sécurité publique, la sûreté de l’Etat, l’intégrité territoriale, la défense nationale et enfin le respect des institutions et des corps de l’Etat.



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