D'Alexandrie à Tanger, une vague islamiste submerge l'Afrique du Nord. Après la victoire d'Ennahda en Tunisie et le succès du Parti de la justice et du développement (PJD) au Maroc, les formations se réclamant de l'islam triomphent en Égypte. Le phénomèxne était attendu. L'ouverture des vannes démocratiques a libéré un mouvement qui était, jusqu'au printemps arabe, cadenassé. Mais son ampleur dérange. Les islamistes sont majoritaires en Égypte, un pays qui a toujours joué un rôle d'incubateur dans le monde arabe. Deux électeurs sur trois ont voté pour leurs candidats. Si les Frères musulmans tiennent le haut du pavé, ils devront d'une manière ou d'une autre composer avec les salafistes d'al-Nour, ces ultra-orthodoxes qui rêvent d'instaurer un État théocratique régi par la charia. Alors que les Frères tentent de rassurer laïques et chrétiens, les salafistes font savoir haut et fort qu'ils feraient bien du Caire un nouveau Kaboul taliban.
Transnational, le mouvement des Frères musulmans déborde sur la Libye en irriguant Benghazi, la ville d'où est partie la révolte contre Kadhafi. Il apparaît, ici aussi, comme une force qui, sur les décombres de la dictature, présente un visage plutôt modéré.
Attentisme en Algérie
Structuré et présent sur le terrain, ce courant s'est ancré dans une société profondément conservatrice pratiquant un islam coutumier aux antipodes du djihadisme. Il devra composer dans sa course vers le pouvoir avec des facteurs régionaux, tribaux et personnels qui ont pris le pas sur les idéologies.
En Algérie, l'autre superpuissance pétrolière de la région, l'attentisme est de mise. Le régime en place depuis cinquante ans se sent pris dans un étau. Usé par la maladie, le président Bouteflika a lancé de timides réformes. Les islamo-conservateurs du Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui ont depuis plus de dix ans des ministres au gouvernement, pourraient voir leur participation revue à la hausse après les législatives prévues en mai prochain. Mais le poids véritable des islamistes indépendants laminés par l'armée dans les années 1990 reste une énigme. Attentifs, les Algériens observent les expériences en cours chez leurs voisins avant de rejoindre une improbable «Union du Maghreb islamique».
Moins dogmatiques que les Frères musulmans égyptiens, les dirigeants tunisiens d'Ennahda et marocains du Parti de la justice et du développement (PJD) n'ont pas les moyens de gouverner seuls. Ils vont devoir s'allier avec des partis éloignés de leur mode de pensée, vont être confrontés avec la crise sociale aux principes de réalité et sont contraints de composer avec une société sécularisée, en Tunisie, et avec le roi, au Maroc. Leurs adversaires tablent sur une érosion qui devrait prendre des formes différentes selon les pays et les hommes. Ils se fient non plus aux saisons -qu'il s'agisse du printemps ou de l'automne arabe- mais aux années pour que les tendances s'inversent.
Transnational, le mouvement des Frères musulmans déborde sur la Libye en irriguant Benghazi, la ville d'où est partie la révolte contre Kadhafi. Il apparaît, ici aussi, comme une force qui, sur les décombres de la dictature, présente un visage plutôt modéré.
Attentisme en Algérie
Structuré et présent sur le terrain, ce courant s'est ancré dans une société profondément conservatrice pratiquant un islam coutumier aux antipodes du djihadisme. Il devra composer dans sa course vers le pouvoir avec des facteurs régionaux, tribaux et personnels qui ont pris le pas sur les idéologies.
En Algérie, l'autre superpuissance pétrolière de la région, l'attentisme est de mise. Le régime en place depuis cinquante ans se sent pris dans un étau. Usé par la maladie, le président Bouteflika a lancé de timides réformes. Les islamo-conservateurs du Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui ont depuis plus de dix ans des ministres au gouvernement, pourraient voir leur participation revue à la hausse après les législatives prévues en mai prochain. Mais le poids véritable des islamistes indépendants laminés par l'armée dans les années 1990 reste une énigme. Attentifs, les Algériens observent les expériences en cours chez leurs voisins avant de rejoindre une improbable «Union du Maghreb islamique».
Moins dogmatiques que les Frères musulmans égyptiens, les dirigeants tunisiens d'Ennahda et marocains du Parti de la justice et du développement (PJD) n'ont pas les moyens de gouverner seuls. Ils vont devoir s'allier avec des partis éloignés de leur mode de pensée, vont être confrontés avec la crise sociale aux principes de réalité et sont contraints de composer avec une société sécularisée, en Tunisie, et avec le roi, au Maroc. Leurs adversaires tablent sur une érosion qui devrait prendre des formes différentes selon les pays et les hommes. Ils se fient non plus aux saisons -qu'il s'agisse du printemps ou de l'automne arabe- mais aux années pour que les tendances s'inversent.