Une étude en passe d’être publiée dans la revue Current Biology nous en apprend plus sur la maladie de la misophonie, soit le fait d’être de ne pas pouvoir supporter certains bruits. Si l’on en sait que très peu pour le moment sur cette maladie, c’est qu’elle n’a été décrite qu’au début des années 2000 et que jusqu’en 2013, seules deux études de cas avaient été publiées à son sujet. L’une d’elles montrait que la physiologie d’un misophone confronté au son qui l’insupporte est propre à la réponse de combat-fuite, à savoir un véritable mécanisme de survie.
Cette nouvelle étude est cosignée par Olana Tansley-Hancock, une spécialiste de la neurobiologie des troubles psychiatriques en général qui est elle-même, atteinte de misophonie. Dès l’âge de 7 ans, le bruit de la mastication des autres lui est tellement insupportable qu’elle doit s’isoler pour les repas. En grandissant, son cas s’est aggravé et la torture s’est étendue à d’autres bruits comme le papier froissé ou l’utilisation des touches des claviers d’ordinateurs. À tort, sa misophonie était attribuée à une phobie.
La nouvelle étude, dirigée par Sukhbinder Kumar de l’Université de Newcastle, en Angleterre, a été menée sur 20 personnes atteintes d’une forme grave de misophonie qui ont été comparées à 22 personnes qui ne souffrent pas de cette maladie. L’activité cérébrale de tous les participants était surveillée lorsque ces derniers étaient exposés à des sons neutres, des sons déplaisants comme des cris de bébés et des sons caractéristiques de la misophonie comme la mastication ou la respiration.
Dans les conclusions des chercheurs, il est expliqué que toutes les personnes réagissent de la même manière aux deux premiers types de sons, neutres et déplaisants. À l’écoute des sons caractéristiques, les misophones ont manifesté une réponse combat-fuite, un rythme cardiaque significativement accéléré et une augmentation de la conductance cutanée. Leurs scanners cérébraux ont révélé un pic d’activité dans le cortex insulaire antérieur, une région connue pour intervenir dans les mécanismes de l’attention.
C’est un dysfonctionnement dans cette zone du cerveau qui leur fait associer des sons relativement anodins à des réactions émotionnelles disproportionnées, cette région établissant également des connexions très denses avec d’autres régions cérébrales régulant la mémoire et les émotions durant l’écoute de ces bruits.