Le ministre des Transports a effectué un déplacement dans les locaux du Petit Train de Banlieue (PTB), la semaine dernière. Mor Ngom, qui s’est longuement entretenu avec la direction et les travailleurs de cette boite, n’en revenait pas. Il a été surtout surpris par la décision prise par l’ancien régime, de démolir la grande gare de Dakar. Mais, pour éviter de prendre une décision hâtive, Mor Ngom a pris l’engagement de tenir informer ses supérieures, afin que cet édifice classé patrimoine culturel mondial, ne soit pas rasé. Cependant, ce vœu du ministre risque de fondre comme beurre au soleil. Et pour cause ! L’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, avait initié le projet du Parc culturel de Dakar qui va abriter les « 7 merveilles » de Dakar (le Grand Théâtre national, l’Ecole des Arts, l’Ecole d’Architecture, les Archives nationales, la Maison de la Musique, la Bibliothèque nationale et le Musée des Civilisations noires). Ce projet architectural est situé sur l’ancienne gare de Dakar, le carrefour Cyrnos, le Boulevard de l’Arsenal et l’Avenue Lamine Guèye. Selon des informations dont nous disposons, les nouvelles autorités sont aujourd’hui entre le marteau de la sauvegarde de la grande gare de Dakar et l’enclume de l’achèvement des « 7 merveilles » de Dakar. Toutefois, nos sources précisent que « le Ministère de la Culture qui a hérité du dossier adopte une certaine prudence, somme toute logique. Youssou Ndour, sur la sellette depuis des semaines, avec sa forte implication dans l’affaire du King Fahd Palace, ne veut pas donner une mauvaise impression aux yeux de l’opinion ». Tout compte fait, le projet des « 7 merveilles » de Dakar est certes ambitieux, mais sa concrétisation passe par la démolition de la gare de Dakar, qui doit abriter le Musée des Civilisations noires.
Le PTB au bord du déraillement
La Société PTB est la plus grande perdante de cette décision prise par l’ancien régime. Cette structure qui avait ses bureaux dans l’ancienne gare, sera obligée de vider les lieux en louant un local en ville. La fermeture de la gare a aussi un autre inconvénient. Les trains vont devoir s’arrêter au carrefour Cyrnos ; de ce fait les voyageurs seront obligés de prendre encore un bus pour rallier le centre-ville. Alors, pour mieux fidéliser la clientèle, PTB a signé un contrat avec la société Dakar Dem Dikk, afin qu’elle transporte les passagers. Pour l’heure, de l’avis de nos interlocuteurs, le PTB doit une dette de plus de 100 millions à DDD. Cette situation a causé un manque à gagner énorme pour la société. Autre incongruité de cette mesure : les trains, après la descente des passagers, entrent à la grande gare où ils sont entretenus.
Les syndicalistes toujours sur le pied de guerre Joint au téléphone, Momar Sall, le Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du PTB, ne cache pas son amertume : « lorsque l’idée de délocalisation de la gare a été agitée, nous avons même observé un arrêt de travail, pour protester, car notre boite est obligée de supporter des charges supplémentaires. Les clients ont la paresse de prendre deux moyens de transport pour un même trajet ; ils préfèrent se tourner vers les bus ». Très soucieux de sauvegarder son outil de travail, il renseigne que son syndicat a entrepris des démarches allant dans le sens de revoir cette volonté de Me Wade. « Entre la gare et nous les cheminots, il existe une grande complicité. C’est pourquoi, dès la chute du régime, nous avons écrit un mémorandum au ministre conseiller Amath Dansokho et au Président Macky Sall, parce que notre seule volonté tourne autour du retour du train à la grande gare ». « Des cheminots pleurent en constatant l’état dégradé de la gare », conclut-il. « Le PTB a besoin d’un accompagnement fort de l’État » Interrogé sur la question, le Directeur général du Petit Train de Banlieue, Joseph Gabriel Sambou, avec une petite réserve, n’a pas voulu trop s’épancher sur les raisons de la délocalisation. « Notre vœu le plus ardent est de retourner à la gare de Dakar, cela nous permet d’économiser beaucoup d’argent. Ce sera un bénéfice pour le Sénégal », a-t-il finalement dit. Et de relever : « Tout le monde ferroviaire est ému parce qu’on ne comprenait pas pourquoi une ville comme Dakar n’a pas de gare en ville. C’était une décision de l’Etat, on ne pouvait que s’y plier. Mais il faut préciser que le caractère culturel de la gare est connu de tous. Après la fermeture, rien n’a été fait pour que ce caractère culturel soit préservé. Donc, si l’on y retourne on fera une pierre deux coups : le caractère culturel sera conservée et les usagers pourront aussi voyager tranquillement ». Haussant un peu le ton, cet ingénieur polytechnicien se veut formel : « Rien (n’empêche) que train arrive à Dakar et que le musée soit édifié ». Sur un autre registre, il dira que « le PTB a besoin d’un accompagnement fort de l’Etat, car l’infrastructure ferroviaire n’est pas en bon état. Il faut donc ce soutien pour qu’il ait une bonne exploitation ».
Abdourahmane Mbodj
Le PTB au bord du déraillement
La Société PTB est la plus grande perdante de cette décision prise par l’ancien régime. Cette structure qui avait ses bureaux dans l’ancienne gare, sera obligée de vider les lieux en louant un local en ville. La fermeture de la gare a aussi un autre inconvénient. Les trains vont devoir s’arrêter au carrefour Cyrnos ; de ce fait les voyageurs seront obligés de prendre encore un bus pour rallier le centre-ville. Alors, pour mieux fidéliser la clientèle, PTB a signé un contrat avec la société Dakar Dem Dikk, afin qu’elle transporte les passagers. Pour l’heure, de l’avis de nos interlocuteurs, le PTB doit une dette de plus de 100 millions à DDD. Cette situation a causé un manque à gagner énorme pour la société. Autre incongruité de cette mesure : les trains, après la descente des passagers, entrent à la grande gare où ils sont entretenus.
Les syndicalistes toujours sur le pied de guerre Joint au téléphone, Momar Sall, le Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du PTB, ne cache pas son amertume : « lorsque l’idée de délocalisation de la gare a été agitée, nous avons même observé un arrêt de travail, pour protester, car notre boite est obligée de supporter des charges supplémentaires. Les clients ont la paresse de prendre deux moyens de transport pour un même trajet ; ils préfèrent se tourner vers les bus ». Très soucieux de sauvegarder son outil de travail, il renseigne que son syndicat a entrepris des démarches allant dans le sens de revoir cette volonté de Me Wade. « Entre la gare et nous les cheminots, il existe une grande complicité. C’est pourquoi, dès la chute du régime, nous avons écrit un mémorandum au ministre conseiller Amath Dansokho et au Président Macky Sall, parce que notre seule volonté tourne autour du retour du train à la grande gare ». « Des cheminots pleurent en constatant l’état dégradé de la gare », conclut-il. « Le PTB a besoin d’un accompagnement fort de l’État » Interrogé sur la question, le Directeur général du Petit Train de Banlieue, Joseph Gabriel Sambou, avec une petite réserve, n’a pas voulu trop s’épancher sur les raisons de la délocalisation. « Notre vœu le plus ardent est de retourner à la gare de Dakar, cela nous permet d’économiser beaucoup d’argent. Ce sera un bénéfice pour le Sénégal », a-t-il finalement dit. Et de relever : « Tout le monde ferroviaire est ému parce qu’on ne comprenait pas pourquoi une ville comme Dakar n’a pas de gare en ville. C’était une décision de l’Etat, on ne pouvait que s’y plier. Mais il faut préciser que le caractère culturel de la gare est connu de tous. Après la fermeture, rien n’a été fait pour que ce caractère culturel soit préservé. Donc, si l’on y retourne on fera une pierre deux coups : le caractère culturel sera conservée et les usagers pourront aussi voyager tranquillement ». Haussant un peu le ton, cet ingénieur polytechnicien se veut formel : « Rien (n’empêche) que train arrive à Dakar et que le musée soit édifié ». Sur un autre registre, il dira que « le PTB a besoin d’un accompagnement fort de l’Etat, car l’infrastructure ferroviaire n’est pas en bon état. Il faut donc ce soutien pour qu’il ait une bonne exploitation ».
Abdourahmane Mbodj