Le gouvernement français a annoncé, mardi 28 avril, son plan de déconfinement. Mais face à une réouverture des écoles, à des retours de salariés sur leur lieu de travail et à une reprise des transports après le 11 mai, les scientifiques craignent une nouvelle vague épidémique du coronavirus. Pour y palier, les autorités pourraient alterner des périodes de déconfinement et de reconfinement, une stratégie appelée le "stop and go".
Interrogée par le journal "Le Monde" à ce sujet, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye n'a pas exclu cette possibilité, affirmant que "cela fait partie des hypothèses, notamment si des clusters se développent dans certains territoires". "L'objectif est que le système sanitaire soit en capacité de supporter le déconfinement, mais aussi que les Français apprennent à vivre avec le virus", a-t-elle précisé.
Le président de la République lui-même envisage cette piste. "La pire des choses serait de rouvrir trop vite, trop fort et d'être ensuite amené à refermer", a ainsi déclaré Emmanuel Macron lors d'un échange avec les autorités religieuses, le 21 avril. Le lendemain, lors d'un déplacement dans un supermarché dans le Finistère, il a aussi évoqué cette éventualité : "Il faut avoir des caps réguliers et être très prudent à chacun de ces caps, car on n'a pas envie de faire des étapes en arrière", a-t-il dit. "Ça s'améliore tout doucement, c'est le fruit de l'effort inédit demandé à la nation. Il ne faut pas remettre en cause cet effort par un retour trop précipité (à la normale)."
"C'est au nom de l'économie qu'on déconfine"
Mais pour l'économiste Daniel Cohen, les impératifs sont autres. Selon lui, le déconfinement progressif à partir du 11 mai, n'a pas été décidé pour des raisons sanitaires. "C'est au nom de l'économie qu'on déconfine en France et dans à peu près tous les pays", a-t-il expliqué sur l'antenne de France 24. "L'économie est en réalité en état d'hibernation. L'Insee disait il n'y a que les fonctions vitales qui fonctionnent. La moitié des salariés du secteur privé ne travaillent plus et sont à l'arrêt. Il y a quelque chose de très brutal et il faut recommencer à produire des biens."
Avec ce redémarrage progressif, il faut donc s'attendre à une recrudescence des infections. Selon une étude de l'Institut Pasteur, moins de 6 % des Français auront été infectés par le nouveau coronavirus d'ici au 11 mai. "Pour que l'immunité collective soit suffisante pour éviter une deuxième vague, il faudrait 70 % de personnes immunisées", a rappelé auprès de l'AFP Simon Cauchemez, l'auteur principal de cette étude.
En d'autres termes, pour ne pas arriver de nouveau à une saturation des services hospitaliers, un reconfinement est donc hautement envisageable. "Il y a une étude de l'école de santé publique d'Harvard qui prévoit ainsi du 'stop and go' pendant encore plusieurs années, jusqu'à ce qu'on ait un vaccin", explique Daniel Cohen.
Cette théorie a également été décrite par l'épidémiologiste britannique Neil Ferguson. Dans un article publié sur le site de l'Imperial College London en mars, il explique que pour arriver à un aplatissement total de la courbe des entrées en réanimation, il faudrait alterner à sept reprises, le confinement et le déconfinement "jusqu'à ce que des stocks importants de vaccins soient disponibles pour immuniser la population, ce qui pourrait être le cas pendant 18 mois ou plus". Il faudrait donc patienter jusqu'en 2022.
Le "stop and go" possible à condition d'être "discipliné"
Ces multiples épisodes de confinement sont craints par les acteurs du monde économique, car ils installeraient la récession pour de longs mois, voire plusieurs années. "Pour l'économie, c'est évidemment une mauvaise nouvelle, comme cela l'est pour la population. Cela veut dire que le rebond qui est attendu, n'aura en réalité pas lieu", résume Daniel Cohen.
Cependant, si ce scénario "marche sur le papier", il paraît difficile à mettre en place. Astrid Vabret, cheffe du service de virologie au CHU de Caen, a imaginé auprès de France 3 Normandie, un "stop and go" tous les quinze jours, "car c'est assez souple". Mais elle souligne des difficultés : "Reste à savoir si c'est applicable, car la population doit être très disciplinée."
Chloé Hecketsweiler, spécialiste des questions de santé au journal "Le Monde", se montre aussi très sceptique : "Ça ne marche pas forcément dans la vie réelle. Les gens vont se lasser, le confinement est compliqué à tenir, analyse la journaliste. Politiquement, ce scénario est difficile à défendre et la vie économique ne peut pas repartir."
Interrogée par le journal "Le Monde" à ce sujet, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye n'a pas exclu cette possibilité, affirmant que "cela fait partie des hypothèses, notamment si des clusters se développent dans certains territoires". "L'objectif est que le système sanitaire soit en capacité de supporter le déconfinement, mais aussi que les Français apprennent à vivre avec le virus", a-t-elle précisé.
Le président de la République lui-même envisage cette piste. "La pire des choses serait de rouvrir trop vite, trop fort et d'être ensuite amené à refermer", a ainsi déclaré Emmanuel Macron lors d'un échange avec les autorités religieuses, le 21 avril. Le lendemain, lors d'un déplacement dans un supermarché dans le Finistère, il a aussi évoqué cette éventualité : "Il faut avoir des caps réguliers et être très prudent à chacun de ces caps, car on n'a pas envie de faire des étapes en arrière", a-t-il dit. "Ça s'améliore tout doucement, c'est le fruit de l'effort inédit demandé à la nation. Il ne faut pas remettre en cause cet effort par un retour trop précipité (à la normale)."
"C'est au nom de l'économie qu'on déconfine"
Mais pour l'économiste Daniel Cohen, les impératifs sont autres. Selon lui, le déconfinement progressif à partir du 11 mai, n'a pas été décidé pour des raisons sanitaires. "C'est au nom de l'économie qu'on déconfine en France et dans à peu près tous les pays", a-t-il expliqué sur l'antenne de France 24. "L'économie est en réalité en état d'hibernation. L'Insee disait il n'y a que les fonctions vitales qui fonctionnent. La moitié des salariés du secteur privé ne travaillent plus et sont à l'arrêt. Il y a quelque chose de très brutal et il faut recommencer à produire des biens."
Avec ce redémarrage progressif, il faut donc s'attendre à une recrudescence des infections. Selon une étude de l'Institut Pasteur, moins de 6 % des Français auront été infectés par le nouveau coronavirus d'ici au 11 mai. "Pour que l'immunité collective soit suffisante pour éviter une deuxième vague, il faudrait 70 % de personnes immunisées", a rappelé auprès de l'AFP Simon Cauchemez, l'auteur principal de cette étude.
En d'autres termes, pour ne pas arriver de nouveau à une saturation des services hospitaliers, un reconfinement est donc hautement envisageable. "Il y a une étude de l'école de santé publique d'Harvard qui prévoit ainsi du 'stop and go' pendant encore plusieurs années, jusqu'à ce qu'on ait un vaccin", explique Daniel Cohen.
Cette théorie a également été décrite par l'épidémiologiste britannique Neil Ferguson. Dans un article publié sur le site de l'Imperial College London en mars, il explique que pour arriver à un aplatissement total de la courbe des entrées en réanimation, il faudrait alterner à sept reprises, le confinement et le déconfinement "jusqu'à ce que des stocks importants de vaccins soient disponibles pour immuniser la population, ce qui pourrait être le cas pendant 18 mois ou plus". Il faudrait donc patienter jusqu'en 2022.
Le "stop and go" possible à condition d'être "discipliné"
Ces multiples épisodes de confinement sont craints par les acteurs du monde économique, car ils installeraient la récession pour de longs mois, voire plusieurs années. "Pour l'économie, c'est évidemment une mauvaise nouvelle, comme cela l'est pour la population. Cela veut dire que le rebond qui est attendu, n'aura en réalité pas lieu", résume Daniel Cohen.
Cependant, si ce scénario "marche sur le papier", il paraît difficile à mettre en place. Astrid Vabret, cheffe du service de virologie au CHU de Caen, a imaginé auprès de France 3 Normandie, un "stop and go" tous les quinze jours, "car c'est assez souple". Mais elle souligne des difficultés : "Reste à savoir si c'est applicable, car la population doit être très disciplinée."
Chloé Hecketsweiler, spécialiste des questions de santé au journal "Le Monde", se montre aussi très sceptique : "Ça ne marche pas forcément dans la vie réelle. Les gens vont se lasser, le confinement est compliqué à tenir, analyse la journaliste. Politiquement, ce scénario est difficile à défendre et la vie économique ne peut pas repartir."