Derrière cette apparence insouciante se cache un homme très engagé: un artiste qui a réussi le crossover de la musique africaine grâce à des tubes planétaires comme Seven Seconds, avec Neneh Cherry, mais aussi l'acteur infatigable des causes humanitaires en Afrique. Avec l'obstination tranquille qu'on lui connaît, ce fils d'un forgeron et d'une femme griot n'a jamais considéré qu'habiter Dakar était un obstacle à sa conquête du monde. Ambassadeur de l'Unicef, propriétaire d'un label de disques, d'une boîte de nuit et d'un groupe de médias coté en Bourse (Futurs Médias), Youssou N'Dour, 48 ans, lance un nouveau projet baptisé Africa Works (l'Afrique travaille): à travers sa société de microcrédit, Birima, le chanteur veut aider les travailleurs africains à créer leur petite entreprise. En 2007, le magazine américain Time l'a classé parmi les 100 hommes les plus influents de la planète «pour son talent, son pouvoir et son exemple moral». Pas étonnant que le géant du textile Benetton ait choisi de soutenir son aventure à travers une campagne d'affichage internationale.
Comment est née votre idée de microcrédit et en quoi consiste-t-elle?
J'ai été inspiré par mon père, Elimane N'Dour. Il a 78 ans et il est forgeron. Je lui ai proposé mille fois de l'aider financièrement. Il a toujours refusé: il veut garder sa liberté, sa dignité et maintenir une relation père-fils avec moi. J'ai les larmes aux yeux lorsque je le vois travailler dans son atelier, créer de ses mains des tables en fer forgé et de merveilleuses cages à oiseaux. Enfant, il me répétait: «Rokku mi rokka» [titre de son dernier album], une expression qui veut dire: «Tu me donnes quelque chose, je te donne quelque chose en échange.» Les Africains offrent leur travail, mais ils ont besoin d'être soutenus pour réaliser leurs rêves et relancer l'économie du continent. Africa Works repose sur une idée simple: encourager la création de petites entreprises locales grâce à du microcrédit, c'est-à-dire des petits prêts à des taux très bas. Le demandeur ne doit fournir aucune autre garantie que sa parole et la respectabilité de sa famille. ça peut marcher. A plusieurs reprises, des Sénégalais m'ont demandé une aide financière, mais aucun n'a voulu un don. Ils ont tous tenu à me rembourser. Voilà pourquoi, un jour, j'ai mis 200 millions de francs CFA (300 000 A) sur la table et j'ai fondé Birima, une société de microcrédit à laquelle s'est associé Benetton.
Comment avez-vous persuadé Benetton de s'investir dans ce projet?
En 2006, j'ai été invité à chanter aux côtés de Patti Smith [qui participe à son projet] pour célébrer les 40 ans de Benetton au Centre Pompidou. A la fin de cette soirée privée, j'ai eu une conversation passionnante avec Luciano Benetton. Il m'a proposé de lui rendre visite à Trévise pour me montrer sa Fabrica. J'ai débarqué là-bas un mois plus tard, en m'attendant à visiter une simple usine de textiles, et j'ai été stupéfait en découvrant que c'était un vrai laboratoire de création artistique: des centaines de jeunes travaillaient sur des projets liés à la photographie, au cinéma, à la musique. Ce qui m'a le plus frappé, c'est qu'ils étaient de toutes les nationalités. Toutes... sauf africaines. J'ai dit à Luciano qu'il devait combler cette lacune et je lui ai parlé de mon projet de microcrédit. J'ai dû toucher la sensibilité de cet homme de 72 ans, car, une heure plus tard, il était prêt à se lancer dans ma campagne de solidarité: «Youssou, m'a-t-il dit, je crois encore en un monde meilleur et ton idée est assez folle pour me tenter.»
J'ai été inspiré par mon père, Elimane N'Dour. Il a 78 ans et il est forgeron. Je lui ai proposé mille fois de l'aider financièrement. Il a toujours refusé: il veut garder sa liberté, sa dignité et maintenir une relation père-fils avec moi. J'ai les larmes aux yeux lorsque je le vois travailler dans son atelier, créer de ses mains des tables en fer forgé et de merveilleuses cages à oiseaux. Enfant, il me répétait: «Rokku mi rokka» [titre de son dernier album], une expression qui veut dire: «Tu me donnes quelque chose, je te donne quelque chose en échange.» Les Africains offrent leur travail, mais ils ont besoin d'être soutenus pour réaliser leurs rêves et relancer l'économie du continent. Africa Works repose sur une idée simple: encourager la création de petites entreprises locales grâce à du microcrédit, c'est-à-dire des petits prêts à des taux très bas. Le demandeur ne doit fournir aucune autre garantie que sa parole et la respectabilité de sa famille. ça peut marcher. A plusieurs reprises, des Sénégalais m'ont demandé une aide financière, mais aucun n'a voulu un don. Ils ont tous tenu à me rembourser. Voilà pourquoi, un jour, j'ai mis 200 millions de francs CFA (300 000 A) sur la table et j'ai fondé Birima, une société de microcrédit à laquelle s'est associé Benetton.
Comment avez-vous persuadé Benetton de s'investir dans ce projet?
En 2006, j'ai été invité à chanter aux côtés de Patti Smith [qui participe à son projet] pour célébrer les 40 ans de Benetton au Centre Pompidou. A la fin de cette soirée privée, j'ai eu une conversation passionnante avec Luciano Benetton. Il m'a proposé de lui rendre visite à Trévise pour me montrer sa Fabrica. J'ai débarqué là-bas un mois plus tard, en m'attendant à visiter une simple usine de textiles, et j'ai été stupéfait en découvrant que c'était un vrai laboratoire de création artistique: des centaines de jeunes travaillaient sur des projets liés à la photographie, au cinéma, à la musique. Ce qui m'a le plus frappé, c'est qu'ils étaient de toutes les nationalités. Toutes... sauf africaines. J'ai dit à Luciano qu'il devait combler cette lacune et je lui ai parlé de mon projet de microcrédit. J'ai dû toucher la sensibilité de cet homme de 72 ans, car, une heure plus tard, il était prêt à se lancer dans ma campagne de solidarité: «Youssou, m'a-t-il dit, je crois encore en un monde meilleur et ton idée est assez folle pour me tenter.»