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Laissée en rade pour le Conseil économique et social : Qui en veut à Aminata Tall ?

Elle a été sortie du gouvernement de Macky Sall pour incompatibilité d’humeur et du gouvernement du palais pour des raisons que l’on ignore. Elle a été zappée lors de la mise en place du premier bureau de l’Assemblée nationale. La présidence du Conseil économique et social vient de lui filer entre les doigts. Alors, Aminata Tall doit encore scruter la boule de cristal pour repérer la voie par laquelle elle pourrait sortir du frigo de l’Assemblée nationale pour retrouver une place au soleil.


Rédigé par leral.net le Mardi 12 Mai 2009 à 17:31 | | 0 commentaire(s)|

Laissée en rade pour le Conseil économique et social : Qui en veut à Aminata Tall ?
Pour le président de la République et pour tous ceux qui gravitent autour de la galaxie Wade, un cas pratique demeure : Aminata Tall. Pressentie pour le poste de vice-président de l’Assemblée nationale, l’ex-maire de Diourbel avait décliné l’offre. Elle ne voulait pas, non plus, d’un honorifique titre de ministre d’Etat sans portefeuille. A juste titre, dirait-on ! On ne peut pas avoir été ministre, ministre d’Etat, numéro deux du gouvernement dans l’ordre de préséance, avoir tenu tête à Idrissa Seck et Macky Sall au summum de leur puissance, pour ensuite revenir occuper une modeste ‘station’ de ministre d’Etat aux compétences aussi floues que l’intitulé lui-même.
Présidente de Sénat irait mieux à cette forte tête qui a fourbi ses armes au Pds. Mais, il fallait compter avec Pape Diop qui, en vieux renard de la politique, a, le jour même de l’investiture des députés de la 11e législature, tenu un point de presse pour balayer les équivoques et couper l’herbe sous les pieds des éventuels concurrents. Le ci-devant maire de Dakar révèlera, en effet, que Me Wade lui avait promis la présidence du Sénat. Prenant l’opinion à témoin, Pape Diop met Wade face à ses responsabilités. Du coup, il diffère la probable nomination d’Aminata Tall à la tête d’une institution de la République.

Qu’à cela ne tienne ! La présidence du Craes aurait pu lui échoir à elle qui était là pendant que tout le monde quittait le navire bleu pour les vertes prairies du Parti socialiste. Mais, du fait d’une incompatibilité entre le Sénat et le Craes - leurs compétences se recoupent - le second cède la place. Mme Tall devra alors ronger son frein et attendre une possible vacance de poste ou, le cas échéant, la création d’une nouvelle institution. Le premier scénario fait flop. En effet, coupable du délit d’avoir convoqué le fils du président de la République pour l’amener à s’expliquer sur la gestion des fonds de l’Anoci dont Karim Wade assure la présidence exécutive, Macky Sall devient l’ennemi public numéro un au Pds. Sa tête est mise à prix : les uns après les autres, les hauts responsables du Pds réclament sa tête en initiant une pétition pour le faire débarquer du perchoir. Ordre est donné à toutes les instances du parti de se prononcer sur le maintien ou la suppression du poste de numéro deux. En toile de fond, une mélodie savamment distillée est mise en musique pour amener les uns et les autres à se déterminer en faveur de la suppression. Le centralisme démocratique fait le reste. Mais, pendant que tous les scenarii débouchaient sur une possible mise de Macky Sall sous basse tension, une lueur vient de Touba : le nouveau khalife Serigne Bara Mbacké réconcilie Wade et Macky. Evanouissant du coup les ambitions de ceux qui voyaient en Aminata Tall la solution de rechange. Avant que les démons ne reprennent du service. La suite se passe de commentaires.

L’idée de ressusciter un Conseil économique et social germe dans les esprits. Le nom d’Aminata Tall est, encore, avancé pour en occuper la présidence. Comme atout, l’égérie du Pds peut se prévaloir d’une proposition de loi à succès dont elle a été à l’initiative : celle portant report des locales au mois de mars 2009. Enlevant ainsi une épine au pied du pouvoir qui doit faire face au parti de la demande sociale. Mais, sur le chemin de l’ascension, Aminata Tall doit compter avec l’obstacle de la morosité économique nationale et internationale. Confronté à un déficit budgétaire sans précédent, obligé de s’endetter sur le marché sous-régional pour pouvoir payer sa dette intérieure, contraint à réduire sa taille, le traitement de ses ministres, députés et sénateurs et à opérer des coupes claires dans les budgets d’investissements des ministères, la marge de manœuvre du pouvoir est si réduite qu’il lui est difficile, dans un tel contexte, de mettre en place une énième institution au moment où les bailleurs qui le surveillent comme un volcan recommandent un régime sec. Ainsi, c’est dans la douleur que Wade pourra convaincre le Fmi, la Banque mondiale, la Bad, la Boad et autre Afd de la pertinence d’une telle création. Alors, l’espoir de voir Aminata Tall occuper la présidence du Conseil économique s’amenuise. Conséquence : ses partisans, las d’attendre le grand soir, râlent. ‘Sans budget, c’est avec ses moyens propres qu’elle dépanne certains d’entre nous’, avoue, sous le couvert de l’anonymat un fidèle d’Aminata Tall. Qui renseigne que nombreux sont ceux qui, parmi son entourage, cherchent aujourd’hui un point de chute. En attendant que Wade trouve à leur mentor des chaussures à sa pointure !

Lundi passé, coup de théâtre. Après avoir reçu Ousmane Masseck Ndiaye, limogé deux jours avant du gouvernement, Me Wade, à rebrousse-poil des arguments économiques défendus supra, le réhabilite et lui confie la présidence du Conseil économique et social (Ces) dans l’œuf. A cet instant, Aminata Tall a dû sentir la terre se dérober sous ses pieds. Parce que, tous les émissaires envoyés à Wade pour un lobbying autour du fauteuil du président du Ces avaient reçu la même et invariable réponse de Wade : ‘J’ai décidé de le confier à Aminata Tall.’ La même réponse sera faite par le chef de l’Etat au khalife général des mourides. Quel ‘crime’ a dû donc commettre Mme Tall pour se voir recaler chaque fois que l’horizon s’approche pour elle ? Réponse désabusée d’un ex-membre de son proche entourage : ‘Seuls Wade et elle savent !’. En tous les cas, avec la mise en place prochaine de la vice-présidence - dont le projet de loi sera discuté en plénière vendredi - il lui est encore permis d’espérer.

walfadri

Pape Alé Niang