La couverture médiatique de la lutte a changé de visage. Au début des compétitions, certains résultats des combats étaient suspendus aux diapositives des photographes qui s’empressaient d’aller dans les studios pour les ramener au stade.
Si l’image ne parvenait pas à départager les acteurs, le combat aura lieu une prochaine fois. En 1974, la télévision nationale diffuse pour la première fois un combat en direct entre Double Less et Papa Kane. Maintenant, on en compte une dizaine, quarante radios qui parlent de la lutte, des journaux spécialisés dans la discipline. Elimane Dieng, Yamar Diop, les précurseurs de la presse écrite ont ouvert la voie.
Les précurseurs des médias
Paris-Dakar et Dakar Matin feront place au quotidien national Le Soleil qui révélera les journalistes Elimane Dieng et El Hadji Yamar Diop. Le premier nommé sera aussi l’auteur du premier article concernant la lutte entre le conflit qui opposait le ministère des sports et la fédération de lutte. Feu El Hadji Yamar Diop qui héritera par la suite du desk de la lutte, sera aussi célèbre que Mbaye Guèye car c’est lui qui lui a donné le sobriquet de «Tigre de Fass» lors de son combat contre Sa Ndiambour. Malmené, le fassois, avec un œil tuméfié finira par remporter le combat d’où le surnom qui colle à la peau. En 1978, Mame Ola Faye et Babacar Noël Ndoye seront les journalistes attitrés du quotidien le Soleil. Feu Mame Ola Faye qui était en sélection junior de lutte gréco-romaine avait arrêté sa carrière avant d’embrasser une carrière d’entraîneur de lutte.
Babacar Noël Ndoye, au-delà de son statut de journaliste représente la lutte en général car il a été témoin quasiment de la naissance de la lutte au Sénégal.
A l’opposé, à la Radio Sénégal, feu Alassane Ndiaye «Allou» animait l’émission «Tribune des Sports» où la lutte avait sa tranche. Ensuite, Adama Diakhaté, feu El Hadji Maada Seck (qui a appris le tam-tam à Doudou Ndiaye Rose) faisaient dans la continuité. Le regretté Moustapha Ndiaye qui s’était reconverti en reporter pilotait l’émission phare de la lutte à la télévision nationale, «Sports de Chez Nous» où il était secondé par l’actuel président des communicateurs traditionnels, El Hadji Mansour Mbaye. Ce griot traditionnel qui peut raconter attentivement l’histoire du Sénégal a par ailleurs joué un grand rôle dans la lutte.
L’on peut lui attribuer l’énorme travail abattu lors de la suspension de cinq ans de Boy Niang N°2, après son agression sur Zoss, par le Cng. La peine a été revue à la baisse grâce à ce rassembleur qui est un véritable patrimoine pour le Sénégal, à tous les niveaux.
En 1990, Serigne Mour Diop, jadis à l’hebdomadaire le «Témoin» abat un travail de titan sur la discipline et la jeune génération que nous incarnons a pris le relais. «Arènes sénégalaises», «Lamb-Ji», «Gal-gal», «Geewbi», «Thipirobé», «Aréna», «Tuus» sont autant de quotidiens, hebdomadaires ou mensuels de lutte qui sont morts-nés. Le plus solide support de communication qui a tiré son épingle du jeu et joué une grande partition dans la lutte est le quotidien «Sunu Lamb» qui est en place depuis décembre 2005.
Et parmi la relève, les femmes ont fait leur trou. Ndèye Dome Thiouf sera la première journaliste à présenter un magazine de lutte à la télévision nationale, la RTS. «Caxabal» l’a montré sous un autre angle car elle était plus familière sur les ondes de la radio avec comme spécialité le football. Elle sera remplacée dans la foulée par le communicateur traditionnel Khadim Samb. Une autre femme fera parler d’elle, Aja Bitèye. Connue à la télévision «Canal Infos» où elle animait une émission de lutte avec Sala Biguè, elle est sous les feux de la rampe avec la «Sen TV» où elle mène avec dynamisme l’émission «Gal-gal».
Ndèye Coumba Fall qui s’est frayée une place dans le paysage médiatique à travers «Walf Sports» et avait comme époux un lutteur, Balla Diouf de Fass, a décomplexé les femmes sur le terrain. Absa Ndong, Rokhaya Thiam, Ndèye Coumba Diouf, Assy Gaye, Awa Marone, pour ne citer que celles-là, relèvent le défi, tant bien que mal. Les lutteurs réticents au départ au contact avec les femmes reporters commencent à les regarder d’un autre œil.
Les émissions télévisées sur la lutte
Elles poussent comme des champignons de nos médias audiovisuels. Citons les principales :
1-Bantamba, Pencc-Mi (Bécaye Mbaye, 2 Stv)
2-Caxabal (Khadim Samb, Rts)
3- Lamb-Ji (Pape Alioune Mbaye, Walf tv)
4-Sunu Lamb, Kham Sa Mbeur (Ousmane Diouf et Mohamed, Rdv)
5-Roffo, L’Œil du Tigre, Dionganté (Ngagne Diagne, Moustapha Guèye, Lamine Samba, Tfm)
6-Le Grand Combat, Gal-gal (Malick Thiandoum, Aja Bitèye, Sen Tv)
« Bantanba », héritière de « Sports de chez nous » :
Les émissions télévisuelles sur la lutte sont passées d’une en 2005 à douze (12) pour celles qui sont connues du public. Ceci montre que la lutte a pris une place importante dans le contenu des médias. Mais, malgré les efforts à faire des émissions différentes par rapport aux autres télés, le constat est le même : «Bantamba» a un contenu que beaucoup imitent, même s’ils s’en défendent.
L’émission «Bantamba », animée par Bécaye Mbaye de la «2Stv», créée en 2005 a presque fait oublier aux nostalgiques la première émission télé de lutte à la RTS (ORTS à l’époque), dirigée par feu Moustapha Ndiaye et El Hadji Mansour Mbaye. L’ancien animateur de «Walf tv», avec une touche originale va révolutionner le monde imagé de la lutte avec des reportages exclusifs, inédits, déroutants. A l’unanimité, «Bantamba» qui signifie l’arbre à palabres en milieu diola, est le précurseur des autres émissions de télé qui, semblent être sa copie tant sur le fonds que sur la forme. Une deuxième émission est mise sur pied, «Pencc-Mi» qui sert de plate forme aux lutteurs, promoteurs, Cng et autres sponsors.
Créée le 15 décembre 2005 où la barre symbolique du millième numéro est dépassée depuis belle lurette est dépassé, «Bantamba» a fait des émules au niveau des télévisions nationales. Bécaye Mbaye, l’animateur vedette de cette émission de lutte a réussi le défi de passer de la radio à la télé. Mais, le gros lot, à l’en croire, c’est le copier-coller dont son émission fait l’objet à travers la concurrence.
«Bantamba !». Le mot sonne tellement fort qu’il a fini par mettre d’accord tous les amateurs de lutte sur son contenu. «Bantamba», en dialecte socé signifie sous l’arbre à palabres, est devenu par la force des choses l’émission phare de la lutte sénégalaise. Elle est animée par Bécaye Mbaye qui a fait les beaux jours du groupe Walfadjri, à la radio pendant huit(8) ans. Mais, comment le mot «Bantamba» est sorti des nombreuses titrailles proposées ? «En fait, au moment de la recherche du nom de l’émission, les mots ouolof étaient exclus car toutes les émissions ou journaux de lutte sont titrés en ouolof.
L’autre rejet était aussi un nom Al Pulaar. On ne voulait pas que l’on pense qu’El Hadji Ndiaye nous a influencés ou forcés la main. Et quand on a demandé au vigile de la structure, ce que signifie lutte en socé, il a dit qu’il ne savait pas. Par contre, il existe une place à Ziguinchor qui s’appelle «Bantamba». Les gens s’y rencontrent pour discuter de tout ce qui se passe dans la localité. Le mot nous a plu et on l’a adopté», explique Bécaye Mbaye.
Faire huit ans de radio et passer à la télé sans feedback, il n’y a que Bécaye Mbaye qui l’ose. «C’est Moustapha Diop et Mamadou Baal qui m’ont contacté pour une émission de culture, «Galayaabé», car ils voulaient changer avec la jeune génération que l’on ne connaissait pas encore. Le feeling a passé et ils m’ont proposé d’animer une émission de lutte que je devais conceptualiser. Je ne connaissais pas El Hadji Ndiaye», précise Bécaye. Quid des appréhensions d’une première émission de cette envergure à la télé ?
«Je n’avais pas le trac car je ne savais pas. Pour moi, c’était un défi de quitter «Walf» où j’avais fait le tour de la question. La plus grande motivation, ce sont ces personnes qui, aujourd’hui animent des émissions de lutte dans les télés qui disaient que je ne réussirais pas», se rappelle ce fervent supporteur de la Jeanne d’Arc de Dakar.
Selon le communicateur traditionnel, il suffit de se rappeler du 15 décembre 2005 jusqu’à nos jours pour se rendre compte de ce que «Bantamba» lui a apporté. «Je ne peux le quantifier. C’est une richesse humaine que m’a apportée «Bantamba». J’ai gagné en popularité, en notoriété, la paix et beaucoup de choses positives. J’entretiens de bons rapports avec mes employeurs et mes collègues de travail. J’ai beaucoup plus de facilité d’obtenir certaines choses qui m’étaient difficiles auparavant. C’est vous dire que «Bantamba» a changé ma vie sur beaucoup de plans», avoue ce dernier. Sa plus grande satisfaction reste le fait que «Bantamba» est copiée à travers toutes les télés. «Bantamba est du copier-coller dans toutes les télés. Cela me réconforte dans mes convictions et montre que je suis sur la bonne voie. Je remercie encore une fois mes collègues qui, hier me raillaient», dit-il, revanchard.
Au début, c’était juste le compte rendu des combats de lutte qui se sont déroulés le week-end, avec des interviews et autres. Mais, l’expérience en bandoulière va pousser Bécaye à mettre en place des rubriques. «D’autres rubriques ont vu le jour comme les coulisses, «sansé» où les amateurs s’occupent davantage de leur port vestimentaire. Il y a les images du jour et beaucoup d’innovations au fil de ces dernières années. Je suis le premier dans mon émission à inviter d’autres personnes qui n’évoluent pas dans la lutte comme des psychologues, Henri Camara et El hadji Diouf, footballeurs entre autres. Cependant, on est en de perpétuelles recherches pour hisser l’émission vers l’excellence. On ne compte pas s’arrêter là», avertit Bécaye qui partage désormais l’émission avec son fils Mamadou Mbaye, transfuge de la Sen TV où il animait une émission…De lutte, Mbeur Gaalé.
«Bantamba !». Ak Bécaye Mbaye ! Avec la 2S Tv !
« Caxabal »
La télévision mère, la Rts n’est pas en reste avec «Caxabal», animée par Khadim Samb. En dehors des affiches du week-end, elle est centrée sur les anciennes gloires de la lutte et des affaires mystiques.
« Lamb-ji »
«Lamb-Ji» de «Walf tv» est orpheline de Lamine Samba qui a posé son baluchon à la «TFM» où il anime «Dionganté», la 2ème du genre avec «Roffo», animée par Ngagne Diagne. Une 3ème émission, plus technique avec Moustapha Guèye, L’ «œil du Tigre» décortique et met sur arrêt les clés techniques des combats. Sans compter l’avis de sociologues, psychologues, diététiciens pour de plus amples informations. D’autres présentateurs comme Abdoul Aziz Mbaye et Thierno Ndiaye participent plus au direct qu’aux émissions de magazine.
« Kham Sa Mbeur »
La «Rdv» a démarré avec «Kham Sa Mbeur» dont le contenu est le quotidien du lutteur qui explique comment il passe sa journée d’entraînement. Une seconde émission, «Sunu Lamb» d’Ousmane Diouf a vu le jour, mais n’a rien apporté de nouveau à ce qui se fait avec les autres télés.
« Roffo»
«Roffo» est «très prisée par les téléspectateurs et les amateurs», estime son concepteur, Ngagne Diagne. Pour cet ancien transitaire, «Roffo» est le fruit d’une étude bien inspirée et les faits lui donnent raison sur les plus sceptiques.
A dix ans, Ngagne Diagne était déjà un grand amateur de lutte ! Pourtant, rien ne le prédestinait à un rôle de chroniqueur de la lutte dans l’un des plus grands groupes de médias. «Effectivement, je suis transitaire de profession et j’ai fait mes humanités à Bourgi Transit. Mais la lutte est en moi, je l’ai aimée depuis le bas âge car, à 10 ans, je suivais déjà les combats de lutte», informe Ngagne Diagne. Témoin du premier combat de lutte qui s’est tenu au stade Iba Mar Diop entre Mbaye Guèye et Alioune Fall, le concepteur de «Pencüm Lamb» est nostalgique : «Ce sont d’intenses souvenirs et c’est grâce à cela que je n’éprouve pas de difficultés pour me rappeler certaines choses», révèle-t-il.
Présent dès les premiers jours de la première chaine de radio «Sport FM» où il animait déjà une émission de lutte, en 2002, Ngagne Diagne a un vécu et anime l’une des émissions phares de lutte du groupe Futurs Médias, «Roffo».
Pour Ngagne, cela coule de source : «On a pensé que le nom et même la technique sont indispensables pour qu’il y ait une chute. On s’est concerté avec des techniciens et des appellations comme «songo», «jaappo» ont donné lieu à «Roffo». On l’a maintenu, mais il y avait une panoplie de plus d’une vingtaine de noms qui pouvaient être choisis», dit-il avant de poursuivre. «C’est original et comme dit tantôt, il ne peut avoir de lutte ou de chute sans passer par cette action. Pour l’amendement, je me suis disputé quasiment avec tous mes supérieurs de la «TFM», qui disaient que c’est un nom léger et qu’ils ne comprennent pas. Notre chance, on nous laisse développer, argumenter et j’ai réalisé beaucoup d’émissions pilotes de «Roffo» qui ne sont pas parues à TFM».
Pointilleux et respectant scrupuleusement les normes standards, Ngagne estime qu’une bonne émission de télé ne doit pas dépasser l’heure. «Les normes d’une émission sont de cinquante deux (52) minutes. Il est possible de la faire en 26 ou 46 minutes. Il faut qu’une émission ait un timing. On n’a pas le droit de dépasser l’heure indiquée. Mon problème, ma collecte d’informations et ma banque de données sont tellement importantes que je me tiraille dès fois avec mon monteur». A l’en croire, il laisse la parole aux acteurs de la lutte, surtout ceux qui font l’actualité. «Je ne cherche pas du sophistiqué ou à accaparer le micro. Je suis toujours entouré de personnes qui connaissent la lutte et qui font parler d’elles, d’une façon ou d’une autre», argue ce dernier.
Méthodique, Ngagne affirme qu’il ne va pas du coq à l’âne, voulant coûte que coûte fourguer tout dans l’émission. «Il ya d’abord l’actualité de la semaine avec les combats. Cependant, la lutte ne s’arrête pas seulement aux combats. Les à côtés sont présents, on fait des commentaires. On a beaucoup de perspectives comme le cas actuel de la violence qui fait rage dans l’arène. Il ya le coin médical qui traite des anomalies des lutteurs comme les oreilles en champignon. Même l’aspect psychologique est une rubrique de Roffo», remarque-t-il. Non loin de s’arrêter, l’ancien transitaire dissèque le fil conducteur.
«On se focalise sur l’avant combat, pendant et après. C’est-à-dire la présentation des lutteurs, palmarès, le combat en tant que tel. Pour l’après, ce sont les perspectives des lutteurs (vainqueur comme vaincu). Notre émission a un fil conducteur, on n’ose pas présenter sans concertation ni planification». Roffo est passée d’hebdomadaire à mensuelle et son animateur pilote des émissions comme Lamb Académie.
Les autres émissions
L’une des dernières nées des télés, «Sen Tv» se positionne avec l’émission de Malick Thiandoum, «Le Grand Combat» qui fait état aussi des combats, agrémentés d’analyses. «Mbeur Gaalé», animée jadis par Mamadou, fils de Bécaye Mbaye est aussi un produit de la maison et comme «Kham Sa Mbeur», montre les activités du lutteur, en dehors de l’arène. La dernière née de cette télé est «Gal-gal», animée par Adja Bitèye qui dirigeait une autre émission de lutte à la défunte télé Canal Infos. Elle est souvent en duo avec Malick Thiandoum.
Ces extraits sont tirés du livre sur la lutte sénégalaise "Au-delà des millions et des passions", du journaliste Omar Sharif Ndao.
Si l’image ne parvenait pas à départager les acteurs, le combat aura lieu une prochaine fois. En 1974, la télévision nationale diffuse pour la première fois un combat en direct entre Double Less et Papa Kane. Maintenant, on en compte une dizaine, quarante radios qui parlent de la lutte, des journaux spécialisés dans la discipline. Elimane Dieng, Yamar Diop, les précurseurs de la presse écrite ont ouvert la voie.
Les précurseurs des médias
Paris-Dakar et Dakar Matin feront place au quotidien national Le Soleil qui révélera les journalistes Elimane Dieng et El Hadji Yamar Diop. Le premier nommé sera aussi l’auteur du premier article concernant la lutte entre le conflit qui opposait le ministère des sports et la fédération de lutte. Feu El Hadji Yamar Diop qui héritera par la suite du desk de la lutte, sera aussi célèbre que Mbaye Guèye car c’est lui qui lui a donné le sobriquet de «Tigre de Fass» lors de son combat contre Sa Ndiambour. Malmené, le fassois, avec un œil tuméfié finira par remporter le combat d’où le surnom qui colle à la peau. En 1978, Mame Ola Faye et Babacar Noël Ndoye seront les journalistes attitrés du quotidien le Soleil. Feu Mame Ola Faye qui était en sélection junior de lutte gréco-romaine avait arrêté sa carrière avant d’embrasser une carrière d’entraîneur de lutte.
Babacar Noël Ndoye, au-delà de son statut de journaliste représente la lutte en général car il a été témoin quasiment de la naissance de la lutte au Sénégal.
A l’opposé, à la Radio Sénégal, feu Alassane Ndiaye «Allou» animait l’émission «Tribune des Sports» où la lutte avait sa tranche. Ensuite, Adama Diakhaté, feu El Hadji Maada Seck (qui a appris le tam-tam à Doudou Ndiaye Rose) faisaient dans la continuité. Le regretté Moustapha Ndiaye qui s’était reconverti en reporter pilotait l’émission phare de la lutte à la télévision nationale, «Sports de Chez Nous» où il était secondé par l’actuel président des communicateurs traditionnels, El Hadji Mansour Mbaye. Ce griot traditionnel qui peut raconter attentivement l’histoire du Sénégal a par ailleurs joué un grand rôle dans la lutte.
L’on peut lui attribuer l’énorme travail abattu lors de la suspension de cinq ans de Boy Niang N°2, après son agression sur Zoss, par le Cng. La peine a été revue à la baisse grâce à ce rassembleur qui est un véritable patrimoine pour le Sénégal, à tous les niveaux.
En 1990, Serigne Mour Diop, jadis à l’hebdomadaire le «Témoin» abat un travail de titan sur la discipline et la jeune génération que nous incarnons a pris le relais. «Arènes sénégalaises», «Lamb-Ji», «Gal-gal», «Geewbi», «Thipirobé», «Aréna», «Tuus» sont autant de quotidiens, hebdomadaires ou mensuels de lutte qui sont morts-nés. Le plus solide support de communication qui a tiré son épingle du jeu et joué une grande partition dans la lutte est le quotidien «Sunu Lamb» qui est en place depuis décembre 2005.
Et parmi la relève, les femmes ont fait leur trou. Ndèye Dome Thiouf sera la première journaliste à présenter un magazine de lutte à la télévision nationale, la RTS. «Caxabal» l’a montré sous un autre angle car elle était plus familière sur les ondes de la radio avec comme spécialité le football. Elle sera remplacée dans la foulée par le communicateur traditionnel Khadim Samb. Une autre femme fera parler d’elle, Aja Bitèye. Connue à la télévision «Canal Infos» où elle animait une émission de lutte avec Sala Biguè, elle est sous les feux de la rampe avec la «Sen TV» où elle mène avec dynamisme l’émission «Gal-gal».
Ndèye Coumba Fall qui s’est frayée une place dans le paysage médiatique à travers «Walf Sports» et avait comme époux un lutteur, Balla Diouf de Fass, a décomplexé les femmes sur le terrain. Absa Ndong, Rokhaya Thiam, Ndèye Coumba Diouf, Assy Gaye, Awa Marone, pour ne citer que celles-là, relèvent le défi, tant bien que mal. Les lutteurs réticents au départ au contact avec les femmes reporters commencent à les regarder d’un autre œil.
Les émissions télévisées sur la lutte
Elles poussent comme des champignons de nos médias audiovisuels. Citons les principales :
1-Bantamba, Pencc-Mi (Bécaye Mbaye, 2 Stv)
2-Caxabal (Khadim Samb, Rts)
3- Lamb-Ji (Pape Alioune Mbaye, Walf tv)
4-Sunu Lamb, Kham Sa Mbeur (Ousmane Diouf et Mohamed, Rdv)
5-Roffo, L’Œil du Tigre, Dionganté (Ngagne Diagne, Moustapha Guèye, Lamine Samba, Tfm)
6-Le Grand Combat, Gal-gal (Malick Thiandoum, Aja Bitèye, Sen Tv)
« Bantanba », héritière de « Sports de chez nous » :
Les émissions télévisuelles sur la lutte sont passées d’une en 2005 à douze (12) pour celles qui sont connues du public. Ceci montre que la lutte a pris une place importante dans le contenu des médias. Mais, malgré les efforts à faire des émissions différentes par rapport aux autres télés, le constat est le même : «Bantamba» a un contenu que beaucoup imitent, même s’ils s’en défendent.
L’émission «Bantamba », animée par Bécaye Mbaye de la «2Stv», créée en 2005 a presque fait oublier aux nostalgiques la première émission télé de lutte à la RTS (ORTS à l’époque), dirigée par feu Moustapha Ndiaye et El Hadji Mansour Mbaye. L’ancien animateur de «Walf tv», avec une touche originale va révolutionner le monde imagé de la lutte avec des reportages exclusifs, inédits, déroutants. A l’unanimité, «Bantamba» qui signifie l’arbre à palabres en milieu diola, est le précurseur des autres émissions de télé qui, semblent être sa copie tant sur le fonds que sur la forme. Une deuxième émission est mise sur pied, «Pencc-Mi» qui sert de plate forme aux lutteurs, promoteurs, Cng et autres sponsors.
Créée le 15 décembre 2005 où la barre symbolique du millième numéro est dépassée depuis belle lurette est dépassé, «Bantamba» a fait des émules au niveau des télévisions nationales. Bécaye Mbaye, l’animateur vedette de cette émission de lutte a réussi le défi de passer de la radio à la télé. Mais, le gros lot, à l’en croire, c’est le copier-coller dont son émission fait l’objet à travers la concurrence.
«Bantamba !». Le mot sonne tellement fort qu’il a fini par mettre d’accord tous les amateurs de lutte sur son contenu. «Bantamba», en dialecte socé signifie sous l’arbre à palabres, est devenu par la force des choses l’émission phare de la lutte sénégalaise. Elle est animée par Bécaye Mbaye qui a fait les beaux jours du groupe Walfadjri, à la radio pendant huit(8) ans. Mais, comment le mot «Bantamba» est sorti des nombreuses titrailles proposées ? «En fait, au moment de la recherche du nom de l’émission, les mots ouolof étaient exclus car toutes les émissions ou journaux de lutte sont titrés en ouolof.
L’autre rejet était aussi un nom Al Pulaar. On ne voulait pas que l’on pense qu’El Hadji Ndiaye nous a influencés ou forcés la main. Et quand on a demandé au vigile de la structure, ce que signifie lutte en socé, il a dit qu’il ne savait pas. Par contre, il existe une place à Ziguinchor qui s’appelle «Bantamba». Les gens s’y rencontrent pour discuter de tout ce qui se passe dans la localité. Le mot nous a plu et on l’a adopté», explique Bécaye Mbaye.
Faire huit ans de radio et passer à la télé sans feedback, il n’y a que Bécaye Mbaye qui l’ose. «C’est Moustapha Diop et Mamadou Baal qui m’ont contacté pour une émission de culture, «Galayaabé», car ils voulaient changer avec la jeune génération que l’on ne connaissait pas encore. Le feeling a passé et ils m’ont proposé d’animer une émission de lutte que je devais conceptualiser. Je ne connaissais pas El Hadji Ndiaye», précise Bécaye. Quid des appréhensions d’une première émission de cette envergure à la télé ?
«Je n’avais pas le trac car je ne savais pas. Pour moi, c’était un défi de quitter «Walf» où j’avais fait le tour de la question. La plus grande motivation, ce sont ces personnes qui, aujourd’hui animent des émissions de lutte dans les télés qui disaient que je ne réussirais pas», se rappelle ce fervent supporteur de la Jeanne d’Arc de Dakar.
Selon le communicateur traditionnel, il suffit de se rappeler du 15 décembre 2005 jusqu’à nos jours pour se rendre compte de ce que «Bantamba» lui a apporté. «Je ne peux le quantifier. C’est une richesse humaine que m’a apportée «Bantamba». J’ai gagné en popularité, en notoriété, la paix et beaucoup de choses positives. J’entretiens de bons rapports avec mes employeurs et mes collègues de travail. J’ai beaucoup plus de facilité d’obtenir certaines choses qui m’étaient difficiles auparavant. C’est vous dire que «Bantamba» a changé ma vie sur beaucoup de plans», avoue ce dernier. Sa plus grande satisfaction reste le fait que «Bantamba» est copiée à travers toutes les télés. «Bantamba est du copier-coller dans toutes les télés. Cela me réconforte dans mes convictions et montre que je suis sur la bonne voie. Je remercie encore une fois mes collègues qui, hier me raillaient», dit-il, revanchard.
Au début, c’était juste le compte rendu des combats de lutte qui se sont déroulés le week-end, avec des interviews et autres. Mais, l’expérience en bandoulière va pousser Bécaye à mettre en place des rubriques. «D’autres rubriques ont vu le jour comme les coulisses, «sansé» où les amateurs s’occupent davantage de leur port vestimentaire. Il y a les images du jour et beaucoup d’innovations au fil de ces dernières années. Je suis le premier dans mon émission à inviter d’autres personnes qui n’évoluent pas dans la lutte comme des psychologues, Henri Camara et El hadji Diouf, footballeurs entre autres. Cependant, on est en de perpétuelles recherches pour hisser l’émission vers l’excellence. On ne compte pas s’arrêter là», avertit Bécaye qui partage désormais l’émission avec son fils Mamadou Mbaye, transfuge de la Sen TV où il animait une émission…De lutte, Mbeur Gaalé.
«Bantamba !». Ak Bécaye Mbaye ! Avec la 2S Tv !
« Caxabal »
La télévision mère, la Rts n’est pas en reste avec «Caxabal», animée par Khadim Samb. En dehors des affiches du week-end, elle est centrée sur les anciennes gloires de la lutte et des affaires mystiques.
« Lamb-ji »
«Lamb-Ji» de «Walf tv» est orpheline de Lamine Samba qui a posé son baluchon à la «TFM» où il anime «Dionganté», la 2ème du genre avec «Roffo», animée par Ngagne Diagne. Une 3ème émission, plus technique avec Moustapha Guèye, L’ «œil du Tigre» décortique et met sur arrêt les clés techniques des combats. Sans compter l’avis de sociologues, psychologues, diététiciens pour de plus amples informations. D’autres présentateurs comme Abdoul Aziz Mbaye et Thierno Ndiaye participent plus au direct qu’aux émissions de magazine.
« Kham Sa Mbeur »
La «Rdv» a démarré avec «Kham Sa Mbeur» dont le contenu est le quotidien du lutteur qui explique comment il passe sa journée d’entraînement. Une seconde émission, «Sunu Lamb» d’Ousmane Diouf a vu le jour, mais n’a rien apporté de nouveau à ce qui se fait avec les autres télés.
« Roffo»
«Roffo» est «très prisée par les téléspectateurs et les amateurs», estime son concepteur, Ngagne Diagne. Pour cet ancien transitaire, «Roffo» est le fruit d’une étude bien inspirée et les faits lui donnent raison sur les plus sceptiques.
A dix ans, Ngagne Diagne était déjà un grand amateur de lutte ! Pourtant, rien ne le prédestinait à un rôle de chroniqueur de la lutte dans l’un des plus grands groupes de médias. «Effectivement, je suis transitaire de profession et j’ai fait mes humanités à Bourgi Transit. Mais la lutte est en moi, je l’ai aimée depuis le bas âge car, à 10 ans, je suivais déjà les combats de lutte», informe Ngagne Diagne. Témoin du premier combat de lutte qui s’est tenu au stade Iba Mar Diop entre Mbaye Guèye et Alioune Fall, le concepteur de «Pencüm Lamb» est nostalgique : «Ce sont d’intenses souvenirs et c’est grâce à cela que je n’éprouve pas de difficultés pour me rappeler certaines choses», révèle-t-il.
Présent dès les premiers jours de la première chaine de radio «Sport FM» où il animait déjà une émission de lutte, en 2002, Ngagne Diagne a un vécu et anime l’une des émissions phares de lutte du groupe Futurs Médias, «Roffo».
Pour Ngagne, cela coule de source : «On a pensé que le nom et même la technique sont indispensables pour qu’il y ait une chute. On s’est concerté avec des techniciens et des appellations comme «songo», «jaappo» ont donné lieu à «Roffo». On l’a maintenu, mais il y avait une panoplie de plus d’une vingtaine de noms qui pouvaient être choisis», dit-il avant de poursuivre. «C’est original et comme dit tantôt, il ne peut avoir de lutte ou de chute sans passer par cette action. Pour l’amendement, je me suis disputé quasiment avec tous mes supérieurs de la «TFM», qui disaient que c’est un nom léger et qu’ils ne comprennent pas. Notre chance, on nous laisse développer, argumenter et j’ai réalisé beaucoup d’émissions pilotes de «Roffo» qui ne sont pas parues à TFM».
Pointilleux et respectant scrupuleusement les normes standards, Ngagne estime qu’une bonne émission de télé ne doit pas dépasser l’heure. «Les normes d’une émission sont de cinquante deux (52) minutes. Il est possible de la faire en 26 ou 46 minutes. Il faut qu’une émission ait un timing. On n’a pas le droit de dépasser l’heure indiquée. Mon problème, ma collecte d’informations et ma banque de données sont tellement importantes que je me tiraille dès fois avec mon monteur». A l’en croire, il laisse la parole aux acteurs de la lutte, surtout ceux qui font l’actualité. «Je ne cherche pas du sophistiqué ou à accaparer le micro. Je suis toujours entouré de personnes qui connaissent la lutte et qui font parler d’elles, d’une façon ou d’une autre», argue ce dernier.
Méthodique, Ngagne affirme qu’il ne va pas du coq à l’âne, voulant coûte que coûte fourguer tout dans l’émission. «Il ya d’abord l’actualité de la semaine avec les combats. Cependant, la lutte ne s’arrête pas seulement aux combats. Les à côtés sont présents, on fait des commentaires. On a beaucoup de perspectives comme le cas actuel de la violence qui fait rage dans l’arène. Il ya le coin médical qui traite des anomalies des lutteurs comme les oreilles en champignon. Même l’aspect psychologique est une rubrique de Roffo», remarque-t-il. Non loin de s’arrêter, l’ancien transitaire dissèque le fil conducteur.
«On se focalise sur l’avant combat, pendant et après. C’est-à-dire la présentation des lutteurs, palmarès, le combat en tant que tel. Pour l’après, ce sont les perspectives des lutteurs (vainqueur comme vaincu). Notre émission a un fil conducteur, on n’ose pas présenter sans concertation ni planification». Roffo est passée d’hebdomadaire à mensuelle et son animateur pilote des émissions comme Lamb Académie.
Les autres émissions
L’une des dernières nées des télés, «Sen Tv» se positionne avec l’émission de Malick Thiandoum, «Le Grand Combat» qui fait état aussi des combats, agrémentés d’analyses. «Mbeur Gaalé», animée jadis par Mamadou, fils de Bécaye Mbaye est aussi un produit de la maison et comme «Kham Sa Mbeur», montre les activités du lutteur, en dehors de l’arène. La dernière née de cette télé est «Gal-gal», animée par Adja Bitèye qui dirigeait une autre émission de lutte à la défunte télé Canal Infos. Elle est souvent en duo avec Malick Thiandoum.
Ces extraits sont tirés du livre sur la lutte sénégalaise "Au-delà des millions et des passions", du journaliste Omar Sharif Ndao.