Un lutteur, quelle que soit sa renommée, a toujours un «cumikaay». C’est l’endroit indispensable à l’acteur et l’élément déclencheur de la tournure de ses prestations. Tout s’y passe ! Bains, rituel mystique, «deebadep», «xargafufa». Même après le combat, victoire ou pas, le lutteur est tenu d’y retourner pour remettre ses habits ou pour prendre un bain mystique pour parer à toutes les éventualités.
Définition
Le «cumikaay» peut être défini comme le camp en plein air du lutteur au stade ou à la place publique où se tiennent les combats. Il est constitué en général de son arsenal mystique et ce, dans ce périmètre pas très grand. L’on y trouve du tout : eau, poudre, racines, gris-gris, cauris, van («layyu»), lait, cornes, plumes d’oiseau, sel, chaussures ou sandales, miroir, encens, canaris ou jarres, arc, bougies, calebasses, etc. La liste est longue, mais ces éléments parlent d’eux-mêmes. «C’est vrai que le «cumikaay» est un lieu considéré comme mystique, car avant le combat, le lutteur y retourne à plusieurs reprises pour ses «deebadep» et autres «xargafufa». Il peut y faire des va-et-vient pendant deux à trois heures de sa venue au stade. Même si les anciens lutteurs avaient peu de bagages à leur «cumikaay», n’empêche, c’est un lieu jalousement gardé par les «sukkhs» qui sont en général des hommes de confiance», informe l’ancien président des managers Cheikh Diop.
Le «cumikaay» n’est pas ouvert à tout le monde, car le lutteur concerné prend avec lui des hommes à qui il a confiance. La plupart sont des parents ou amis intimes. «Quand on luttait à Joal par exemple, c’est le frère, le neveu ou l’oncle du lutteur qui s’y assied. Il y a certaines choses qui sont faites et seuls les parents proches du lutteur doivent être au courant. Cette tradition est devenue générale dans le milieu de la lutte», explique l’ancien manager de Manga N° 2. Il poursuit : «Regardez le camp de Yékini, c’est un proche qui s’occupe de sa préparation mystique et dès qu’il prend place, personne n’ose s’approcher de lui. A la longue, c’est une complicité qui lie le préposé au «cumikaay» au lutteur. Autre exemple : Lac de Guiers N°2, avec Mama Sow. Ce dernier est décédé en 2009 et depuis, son ex-protégé a disputé plusieurs combats sans gagner. Pire, il a même connu la défaite face à Eumeu Sène, chose qui ne lui été jamais arrivée depuis le début de sa carrière. C’est pour dire que c’est un aspect qui est très important, mais les jeunes d’aujourd’hui n’en sont pas tellement conscients», regrette le manager.
Dans le même sillage, Garga Mbossé dévoile : «C’est vrai que c’est un cas sensible. Je ne savais même pas qu’un jour je serais lutteur. J’étais dans le « cumikaay » de Zoss, mon grand frère. Mais à force de fréquenter les stades et «mbapatt», j’ai pris goût à la lutte. C’est dire aussi qu’on ne confie son «cumikaay» qu’aux parents proches d’abord ou aux amis intimes, de peur d’être trahis, ce qui est assez fréquent dans le milieu», révèle le sociétaire de Door Doraat.
Mais pour autant, si les anciens le confiaient le plus souvent à leurs oncles, les lutteurs actuels le font souvent avec leurs frères, malgré quelques exceptions.
Préposé au cumikaay
Le préposé au «cumikaay», qui occupe une place stratégique dans l’enceinte doit être en mesure de voir tous les déplacements, faits et gestes de son lutteur. Mieux, il doit être protégé mystiquement. «Il arrivait que le préposé au «cumikaay» soit atteint mystiquement et si tel est le cas, la préparation mystique de son protégé sera chamboulée de A à Z. Il ne sera plus en mesure de lui faire les recommandations exactes et cela peut engendrer des conséquences graves comme la défaite et des blessures post-combats qui peuvent poursuivre le lutteur et son entourage. C’est pourquoi certains cachent leurs visages quand ils viennent au stade. Mis à part son clan, on ne peut l’identifier ou tardivement. Sinon pour l’atteindre, une bagarre peut éclater entre les deux camps et un sort pourra lui être jeté», avertit Cheikh Diop.
Aussi soigneusement que sont rangées les affaires mystiques, le «cumikaay» peut être sens dessus dessous en cas de victoire ou de défaite. Pour le premier cas, on laisse libre cours à sa joie avec embrassades par ci, cris par là. Pour le second cas, c’est-à-dire la défaite, des scènes incroyables peuvent avoir lieu. Certains accompagnateurs poussent le bouchon trop loin en étant en transes «yassi» - (syncope). Les bouteilles volent bas, tout ce qui peut être récupéré l’est, mais mécaniquement. C’est la désolation.
Ces extraits sont tirés du livre sur la lutte sénégalaise "Au-delà des millions et des passions", du journaliste Omar Sharif Ndao.
Définition
Le «cumikaay» peut être défini comme le camp en plein air du lutteur au stade ou à la place publique où se tiennent les combats. Il est constitué en général de son arsenal mystique et ce, dans ce périmètre pas très grand. L’on y trouve du tout : eau, poudre, racines, gris-gris, cauris, van («layyu»), lait, cornes, plumes d’oiseau, sel, chaussures ou sandales, miroir, encens, canaris ou jarres, arc, bougies, calebasses, etc. La liste est longue, mais ces éléments parlent d’eux-mêmes. «C’est vrai que le «cumikaay» est un lieu considéré comme mystique, car avant le combat, le lutteur y retourne à plusieurs reprises pour ses «deebadep» et autres «xargafufa». Il peut y faire des va-et-vient pendant deux à trois heures de sa venue au stade. Même si les anciens lutteurs avaient peu de bagages à leur «cumikaay», n’empêche, c’est un lieu jalousement gardé par les «sukkhs» qui sont en général des hommes de confiance», informe l’ancien président des managers Cheikh Diop.
Le «cumikaay» n’est pas ouvert à tout le monde, car le lutteur concerné prend avec lui des hommes à qui il a confiance. La plupart sont des parents ou amis intimes. «Quand on luttait à Joal par exemple, c’est le frère, le neveu ou l’oncle du lutteur qui s’y assied. Il y a certaines choses qui sont faites et seuls les parents proches du lutteur doivent être au courant. Cette tradition est devenue générale dans le milieu de la lutte», explique l’ancien manager de Manga N° 2. Il poursuit : «Regardez le camp de Yékini, c’est un proche qui s’occupe de sa préparation mystique et dès qu’il prend place, personne n’ose s’approcher de lui. A la longue, c’est une complicité qui lie le préposé au «cumikaay» au lutteur. Autre exemple : Lac de Guiers N°2, avec Mama Sow. Ce dernier est décédé en 2009 et depuis, son ex-protégé a disputé plusieurs combats sans gagner. Pire, il a même connu la défaite face à Eumeu Sène, chose qui ne lui été jamais arrivée depuis le début de sa carrière. C’est pour dire que c’est un aspect qui est très important, mais les jeunes d’aujourd’hui n’en sont pas tellement conscients», regrette le manager.
Dans le même sillage, Garga Mbossé dévoile : «C’est vrai que c’est un cas sensible. Je ne savais même pas qu’un jour je serais lutteur. J’étais dans le « cumikaay » de Zoss, mon grand frère. Mais à force de fréquenter les stades et «mbapatt», j’ai pris goût à la lutte. C’est dire aussi qu’on ne confie son «cumikaay» qu’aux parents proches d’abord ou aux amis intimes, de peur d’être trahis, ce qui est assez fréquent dans le milieu», révèle le sociétaire de Door Doraat.
Mais pour autant, si les anciens le confiaient le plus souvent à leurs oncles, les lutteurs actuels le font souvent avec leurs frères, malgré quelques exceptions.
Préposé au cumikaay
Le préposé au «cumikaay», qui occupe une place stratégique dans l’enceinte doit être en mesure de voir tous les déplacements, faits et gestes de son lutteur. Mieux, il doit être protégé mystiquement. «Il arrivait que le préposé au «cumikaay» soit atteint mystiquement et si tel est le cas, la préparation mystique de son protégé sera chamboulée de A à Z. Il ne sera plus en mesure de lui faire les recommandations exactes et cela peut engendrer des conséquences graves comme la défaite et des blessures post-combats qui peuvent poursuivre le lutteur et son entourage. C’est pourquoi certains cachent leurs visages quand ils viennent au stade. Mis à part son clan, on ne peut l’identifier ou tardivement. Sinon pour l’atteindre, une bagarre peut éclater entre les deux camps et un sort pourra lui être jeté», avertit Cheikh Diop.
Aussi soigneusement que sont rangées les affaires mystiques, le «cumikaay» peut être sens dessus dessous en cas de victoire ou de défaite. Pour le premier cas, on laisse libre cours à sa joie avec embrassades par ci, cris par là. Pour le second cas, c’est-à-dire la défaite, des scènes incroyables peuvent avoir lieu. Certains accompagnateurs poussent le bouchon trop loin en étant en transes «yassi» - (syncope). Les bouteilles volent bas, tout ce qui peut être récupéré l’est, mais mécaniquement. C’est la désolation.
Ces extraits sont tirés du livre sur la lutte sénégalaise "Au-delà des millions et des passions", du journaliste Omar Sharif Ndao.