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Lambi demb - Les tambours majors: De Doudou Ndiaye Rose à Seyni Gningue, cette complicité entre lutteurs...

Leral revisite la lutte sénégalaise à travers les hauts faits des anciens champions comme Robert Diouf, Mbaye Guèye, Falaye Baldé, entre autres. Le thème parle des tambours majors, de Doudou Ndiaye Coumba Rose à Babou Ngom, en passant par Vieux Sing Sing, Mbaye Dièye Faye, Seyni Gningue, entre autres. Ces extraits sont tirés du livre sur la lutte sénégalaise "Au-delà des millions et des passions", du journaliste Omar Sharif Ndao.


Rédigé par leral.net le Dimanche 25 Avril 2021 à 07:27 | | 0 commentaire(s)|

Lambi demb - Les tambours majors: De Doudou Ndiaye Rose à Seyni Gningue, cette complicité entre lutteurs...
Les ténors

Vieux Sing-Sing Faye, Doudou Ndiaye Coumba Rose ont joué leur partition dans la lutte sénégalaise. Ils sont bien représentés par leur progéniture comme Mbaye Dièye Faye, Birame Ndiaye entre autres. La famille Seck n’est pas en reste, mais comme un vent nouveau, les sérères, à l’image de Babou Ngom, Babou Faye font de la résistance.

Ces dernières années, avec la montée en puissance de la lutte sénégalaise, ils ont assuré presque tous les grands événements organisés. Cependant, la nouvelle vague de lutteurs, avec les chorégraphies ont remis en question cette domination. Adama Ngom et Moussé Yacine, respectivement batteurs de Balla Gaye N°2 et de Modou Lô ont tenu en haleine les amateurs quand leurs protégés descendent dans l’arène. L’on ne veuille pas souligner la rencontre de 2009 entre les deux rivaux où chacun rivalisait d’ardeur.

Sans crier gare, le batteur de Tapha Tine, Babou Faye, celui-là même qui forme un duo avec Babou Ngom, s’invite à la fête et créé une danse qui fait fureur, au moment où son lutteur aligné les victoires. «Tax ci riip» a cartonné dans le hit parade de l’animation et les musiciens, avides de nouveautés l’ont inséré dans leurs chansons. Adama Ngom, le tambour major de Balla Gaye N°2 organise la «riposte» et sort «Niine Mbate», comme pour répondre au batteur Baol-Baol. Seyni Gningue, batteur de Yékini est le créateur de « Rogouam Bouga Diol», le «bakk» fétiche du géant de Bassoul.

Seyni Gningue, batteur de Yékini : « le bakk, rajagin est mien »

Trouvé dans son lit d’hôpital, dans le grand dispensaire de Joal, Seyni Gningue, originaire de Joal, était pourtant d’attaque. Perfusion sur le bras, le batteur de Yékini depuis ses débuts dans la lutte avec frappe était comme survolté, quand il a été abordé le thème du «bakk» qu’il a créé pour l’ancien «Roi des arènes» Yahya Diop «Yékini». Vêtu d’un boubou bazin, marron coca, rastas débordant sous une cape noire, la partition pouvait démarrer. Agé de 52 ans, ce batteur hors pair estime qu’il n’a pas la reconnaissance du milieu où il a lancé beaucoup de ses collègues et lutteurs.

«Je suis né dans ce milieu d’autant que j’ai trouvé plusieurs tam-tams différents dans notre maison. Tout jeune, je sillonnais les quartiers avec mes oncles qui animaient toutes sortes de cérémonies. Yékini et moi habitons la même localité et je le considère comme mon petit frère. Il a même fait l’école coranique avec mon petit frère. Ils étaient tout le temps ensemble. Et quand j’animais les séances de lutte, Yékini suivait avec intérêt ce que je faisais. Avant même qu’il ne quitte Joal pour Dakar, c’est moi-même qui ait animé son dernier combat. On l’appelle «Lamb Sine-Sine Joal». Et quand il s’est décidé à franchir le cap de Joal, il a opté pour que je sois son batteur attitré. J’étais flatté et depuis ses débuts en lutte avec frappe, c’est moi qui assure l’animation. Aucun griot, autre que moi n’a jamais assuré l’animation de Yékini depuis sa carrière dans la lutte avec frappe», rappelle-t-il.

«Ce «galagne» est utilisé par beaucoup de griots, qui l’ont tous entendu à travers mes animations dans l’arène. Ce «galagne» est mien, il s’appelle «rogouam bouga dioul, rogouam bouga dioul, né bouga dioul, né bouga dioul, rogouam bouga dioul, dekh, bouga dioul, dekh, dekh, rogouam bouga dioul, né dekh, né dioul dioul, dekh, dekh, né bouga dioul, dekh, né dioul dioul. C’est le nom de ce son. Je vous l’ai donné en sérère. Mais pour le son proprement dit, c’est «radia guidiaguine, guidiaguine, né guidiaguine, radia guidiaguine, tié guidiaguine, tié, tié, radia guidiaguine, tié, kiss kiss, tié, tié, né bouga dioul, né dekh, dekh, dioul, dioul. C’est un bakk qui a une consonance salace, c’est un bakk qui parle de la sexualité des femmes, leur boulimie du sexe. C’est une histoire vécue qui m’a inspirée à créer ce bakk. Il y a un secret dans cela. On ne peut pas tout dire. Mais au-delà des paroles, le son est agréable et quand il l’a entendu, il a eu un flash», révèle Seyni.

«En fait, il avait un autre «bakk» autre que le «bouga dioul», mais quand il a entendu celui-là au cours d’une soirée de lutte, il l’a aussitôt aimé. Mais avant lui, il y avait un autre lutteur que j’ai rendu célèbre, Papis Général de Fadiouth. Lui, il a grandi avec le rythme «wandang» que j’ai créé pour lui. Ce n’est pas un hasard qu’on l’invite à Dakar et dans les autres sites de lutte pour son animation. C’est ce «bakk» que j’animais pour Yékini. Ensuite, Alizé de Palmarin dansait le «Radia guidia guine» au terrain de Sangoné Mbaye, pour la première fois. Et depuis, on n’a plus arrêté. J’ai accepté de vous parler, mais ce n’est pas évident. Au-delà, j’aurais voulu avoir l’opportunité de faire des révélations devant la télévision. A Dakar, Babou Ngom avait ce rythme «Thiakine thiathiakine». Omar Thiam, par contre, avait ce même «bakk» «Thiakine thiathiakine, thiathiakine» ; il n’a pas varié depuis lors».

«Quant à Babou Ngom, je lui ai donné un autre «galagne» : «Rathia thia guiss, rathia thia guiguiss». Tout batteur de tam-tam sait que ce rythme est le mien. Je l’ai exporté à Dakar. En vérité, Yékini a fait plus de 16 ans dans la lutte avec frappe. Depuis quand Babou Ngom a-t-il commencé à fréquenter la lutte avec frappe ? Légitiment, ce sont mes rythmes qui sont animés sans que je ne puisse bénéficier des droits d’auteur. J’étais le batteur de Mbossé Thior de Thialal, elle habite maintenant à Guinaw Rail, à Pikine», affirme ce dernier.
«Je vais vous raconter une anecdote. Un jour, chez Yékini, on discutait et quand on a abordé l’histoire des «galagne», il m’a demandé de lui expliquer les termes. Il ne savait même pas de quoi retournait le «bakk». Quand j’ai prononcé «Rogoua bouga diol». Il m’interrompt ; il n’en revenait pas.

Le «galagne» était de deux sons différents. Effectivement, l’un était pour feu Malick Nguéniène et l’autre pour Yékini. Ils ont sensiblement le même rythme, mais de gammes différentes. D’ailleurs, si vous écoutez bien, la danse qu’Issa Pouye exécute est celle du défunt Malick Nguéniène : «Radia radia guidia guine, né kiss, né kiss.» Que Dieu aie pitié de son âme. C’était son label. Il tournoyait son bras avant d’enchaîner avec des va et vient de la poitrine, tout en génuflexion. C’est différent du «bakk» que j’ai créé et qui est devenu le label de Yékini.

C’est profond. Quand il a un combat, notre premier regard quand il pénètre au stade, est lourd de signification. Beaucoup de choses se passent en ce moment. On se comprend sans nous dire un mot. Avant d’aller voir qui que ce soit, il vient directement vers moi.»

«C’est un stimulant. Le lutteur qui a choisi un «bakk», doit en connaître la portée. Le «bakk» le transcende et doit lui donner confiance. Normalement, quand un lutteur entend son «bakk», il doit penser à tout le monde qui le soutient pour se tuer à la tâche. Il y a certains «galagne», quand on l’entend, on sait que ce n’est pas un jour de défaite. Impossible. Mais cela coule de source. Ce sont des ingrédients indispensables. La preuve, lors des combats de Yékini, le «thiole» petit tam-tam, ne sort que ce jour-là. C’est uniquement pour lui. Quand je le prépare, j’écarte même certaines personnes qui me sont pourtant proches», lâche Seyni Gningue.
«San hésiter, celui que j’ai créé pour Yékini. Le «Guidia guine» me tue. Même Yékini, quand vous lui demandez, il me taxe de voyou en plaisantant.»

«Moi, non, jamais ! Et si cela arrivait, je l’enlèverais. Comme dit Yékini, un lutteur incapable d’enlever le sort qu’on lui a jeté doit cesser de lutter. C’est valable pour les batteurs. Mais je pense que c’est l’arme des médiocres. Celui qui l’essayera le verra à ses risques et péril. Je suis sur le qui-vive. Je suis imprégné de telle sorte que je suis plus sous pression que le lutteur. Je ne laisse aucun détail. Ma force réside en ce que je répète rarement. Nous aussi, on est les rois des arènes des batteurs», se glorifie-t-il.

*Ces extraits sont tirés du livre sur la lutte sénégalaise "Au-delà des millions et des passions", du journaliste Omar Sharif Ndao.


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Mr Ndao B