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Lancement du cash transfert : Des économistes s'interrogent


Rédigé par leral.net le Jeudi 12 Mai 2022 à 10:39 | | 0 commentaire(s)|

Ce cash transfert est un énième programme que vient de lancer le Gouvernement. Une approche pas trop saluée par des économistes, qui dénoncent le taux de pauvreté et une démarche sans évaluation. Le chef de l'État, Macky Sall, a procédé avant hier, au lancement du cas exceptionnel d'un montant de 43 milliards en faveur de 542 mille ménages vulnérables. Une occasion pour des experts en économie de poser le débat. La Banque mondiale a préconisé cette approche à l'Etat. La question est de savoir si c'est la bonne formule, rapporte "Rewmi".

À en croire Mounirou Ndiaye, enseignant- chercheur à l'Université de Thiès, cette pratique est en vogue depuis 2013, sous le magistère de Macky Sall. Pour lui, il faut savoir qu'aux USA, il y a eu cette méthode, avec la distribution de 1000 dollars aux familles vulnérables. Pour les avantages économiques, il faut revenir au front social, du fait de la pauvreté qui enregistre près de 40℅ de la population. C'est un programme qui vise à panser des ménages, analyse l'économiste.

Avec ce cash transfert, il y a lieu de s'interroger sur les vrais maux de l'économie sénégalaise. Ils sont liés à la productivité du travail, à la faiblesse des investissements et des infrastructures. Néanmoins, la question de la faisabilité est sur toutes les lèvres aussi, avec une absence du suivi-évaluation qui devait se faire, pour que l'État puisse avoir les coudées franches pour pouvoir remodeler sa politique sociale.

"D'aucuns diront que c'est une manière d'appuyer les ménages en vue des prochaines élections législatives et pour avoir un gain politique. Mais il faut être plus sérieux que cela quand même", se désole l'économiste. Souleymane Astou Diagne, enseignant-chercheur, par rapport à l'efficacité, explique que la théorie économique est formelle. "Les transferts sans contrepartie n'ont pas d'efficacité sur les cibles désignées dans ces cas. L'État est caractérisé par un déficit de réflexion. 10 ans après son accession au pouvoir, que l'on soit dans ces formes d'aide, cela veut dire que les politiques mises sur pied ont échoué", dit-il.

Ce n'est pas parce que les institutions telles que la Banque mondiale ou l'UE l'utilisent pour que nous le fassions, selon l’économiste, qui sert l'exemple de Madagascar, pour dire l’impossibilité de se départir de cette vision électoraliste.

Macky invité à évaluer ces types de programmes

Avec le cash transfert, ce sera juste un seul décaissement d'un montant de 80 mille francs Cfa. Ce débat en cache un autre qui est important. Il s'agit de se concentrer sur les points faibles. Même si ce ne sont pas tous les ménages qui sont concernés, l'on risque de voir d'autres se révolter pour réclamer leur part. "C'est la principale problématique des budgets aujourd'hui, qui est aussi le lot des pays africains. Depuis 2013, des bourses sociales sont offertes sans évaluation aucune. L’aide en économie est destituée à faire de sorte que des personnes soient debout pour ne plus en avoir besoin. Tout le contraire au Sénégal. Des montants augmentent et cela entre dans le cadre d'une vision électoraliste", argue Mounirou Ndiaye, qui demande à Macky d'accorder plus de crédit aux évaluations de ces types de programmes.

Ndèye Fatou Kébé